Cri d’alarme des étudiants en métiers d’art
Lancée en 2018, la réforme du Diplôme National des Métiers d’Art et du Design montre actuellement les limites du passage de la projection papier vers la réalité, notamment sur la formation en métiers d’art. Depuis décembre, professeurs et étudiants se mobilisent pour alerter sur les effets directs de cette réforme, qui se traduit concrètement par une réduction drastique des heures d’ateliers.
À l’origine, la réforme des diplômes des métiers d’art (DMA) proposait un passage de 2 ans (équivalent BTS) sur 3 ans pour devenir le Diplôme National des Métiers d’Art et du Design. Cet équivalent Licence (en rejoignant les homologations européennes à Bac +3) devait notamment faciliter les poursuites d’études, par exemple l’intégration d’écoles dans des cursus étrangers. Engagée en 2018, elle s’est traduite dans les faits par la réduction du nombre d’heures hebdomadaires d’ateliers : de 16 heures sur un diplôme de DMA (diplôme des métiers d’art valent un BTS) à 8 heures voire 6 heures pour les plus restreintes. Au départ, 16 heures d’ateliers encadrés étaient déjà considérées par les enseignants comme un plafond minimal non négociable, sachant qu’ « il faut une dizaine d’années pour former “une bonne main” »
Cette réduction horaire, aujourd’hui constatée et contestée par tous – dans les formations prestigieuses comme les écoles en région – l’Ecole Boule ou l’ENSAAMA ne sont pas exemptées – induit des conséquences lourdes à terme sur l’insertion sur le marché du travail des étudiants : les promotions actuelles constatent déjà des difficultés à intégrer des stages avec moins de pratique. Ce qui interroge, à terme, sur le niveau général des savoir-faire en métiers en France.
Si dans un premier temps, la réforme des filières d’art a ouvert plus largement le recrutement, par les nouvelles passerelles supposées, les étudiants, qui intègrent ces parcours souvent à l’issue d’une sélection drastique, s’inquiètent donc de la reconnaissance de leurs compétences, face aux besoins de main-d’œuvre qualifiée que les professionnels des secteurs expriment fortement. Car la réforme pose aussi d’autres questions, dans ce nouveau cursus très généraliste qui lie formation au design et métiers d’art, le risque est de ne pas former aussi bien de futurs artisans sans vraiment parallèlement former de designers, dans cette dilution des horaires et des spécialisations. Ne souhaitant pas être « une génération sacrifiée », les étudiants de toute la France ont lancé un cri d’alarme en décembre dernier, qui se poursuit par une pétition.
Un forum pour échanger sur les formations et la situation
L’association The Craft project, fondée par Pierre Salagnac et Raphaëlle Le Baud, organise à destination des étudiants en DNMADE un forum en ligne pour échanges avec des professionnels dont ils apprennent le métier.