Boconcept : 70 ans de savoir-faire danois
Bureau Asti, collection Live Ekstraordinær, design Morten Georgsen © Boconcept

Boconcept : 70 ans de savoir-faire danois

Claus Ditlev est directeur de collections chez Boconcept depuis 2000. Des collections aux inspirations scandinaves, imaginées dans la tradition danoise, où la fonctionnalité prime. À l’occasion des 70 ans de la marque, il décrypte la collection anniversaire.


Dans le secteur du mobilier, Boconcept fait aujourd’hui partie des marques les plus populaires et les plus répandues au niveau international. En effet, présente dans 66 pays, elle traduit avec justesse l’excellence du savoir-faire danois et plus largement scandinave, avec un fort accent apporté à la fonctionnalité de chacun de leurs produits. En septembre dernier, Boconcept fêtait ses 70 ans et présentait une nouvelle collection, inspirée des nouveaux modes de vie post crise sanitaire, tel qu’a pu en témoigner Claus Ditlev.

Qu’est-ce qui fait la particularité du design danois et particulièrement chez Boconcept ?

Pour répondre à cette question, je pense qu’il faut retourner 70 ans en arrière et reprendre l’histoire de la marque. Boconcept, c’est l’histoire de deux amis ébénistes qui voulaient faire du mobilier, mais qui ont eu quelques difficultés au départ, car malgré toute leur bonne volonté, il était très difficile de s’aligner aux concurrents de l’époque. Pour se démarquer et attirer les clients, ils se sont donc décidés à lancer une gamme de mobilier fabriqué dans la tradition danoise avec une dominante minimaliste, scandinave et centrée sur le savoir-faire artisanal. Ils se sont focalisés sur ce que l’on voit et sur la fonctionnalité propre du mobilier et moins sur ce qu’on ne voit pas et qui n’est donc pas pertinent. Aujourd’hui, les collections Boconcept s’inspirent à la fois du design scandinave lié à un bagage et à une culture, mais cela ne nous empêche pas de regarder ce que font les autres et de nous en inspirer d’une certaine manière.

Claus Ditlev, directeur des collections chez Boconcept depuis 2000
Chaise Princeton et table Madrid, collection Live Ekstraordinær, design Morten Georgsen © Boconcept

Justement, du fait de cette implantation mondiale, quelles sont les difficultés qui peuvent être rencontrées ? Quelles pourraient être par exemple les spécificités du marché français ?

Les Français sont une population très particulière. Il faut en effet prendre en considération l’aspect métropole, puisqu’il faut s’adapter à des intérieurs qui se trouvent en plein cœur de Paris, et dans d’autres grandes villes d’ailleurs. Chacun n’a pas le même espace, il faut donc répondre à une problématique qui est celle de réussir à adapter le mobilier à tous ces espaces sans qu’ils ne perdent leurs fonctionnalités. Se posent alors plusieurs questionnements tels comme celui de faire en sorte qu’une famille puisse co-habiter dans un même espace, même petit, tout en gardant son intimité. La France a été notre plus gros marché pendant des années, et les capacités que nous avons en termes de design d’intérieur est très apprécié par les clients français. Pour l’anecdote, c’est à Paris que nous avons ouvert le premier magasin Boconcept en 1993, ce qui n’est pas rien !

Table et chaise de repas Hauge, collection Live Ekstraordinær, design Henrik Petersen © Boconcept

Et finalement, de manière plus globale, le retour que l’on a de nos clients et partenaires est qu’ils apprécient que nos produits fonctionnent dans leurs intérieurs. Beaucoup prennent le temps de nous faire des retours, ce qui nous permet de construire une relation de confiance avec nos clients, qui reviennent dès qu’ils ont besoin de quelque chose de nouveau.

Comment fonctionne l’élaboration des collections ?

Nous avons un groupe de designers industriels qui travaillent à la fois pour nous et pour d’autres marques et dans différents domaines comme la cuisine, l’architecture, les accessoires, les luminaires… Les choisir est assez difficile, car je trouve qu’il est compliqué pour un designer d’assimiler toutes les choses que l’on veut qu’il comprenne pour qu’il les reproduise ensuite dans ses créations. Pour ce qui est de la création pure, nous partons toujours du consommateur pour savoir quelles sont les tendances, ses besoins, les nouvelles fonctionnalités recherchées pour créer nos nouveaux designs et nouveaux mobiliers. À partir de là, on établit un brief que l’on transmet aux designers et qui contient toutes les données que l’on juge nécessaires : les cibles, les prix, les matériaux, les photos d’inspirations, où l’on veut qu’ils soient conçus, quels styles on veut adopter. De là, on choisit ceux qui peuvent répondre à ces demandes spécifiquement.

Cette collection anniversaire s’est inspirée des nouveaux modes de vie depuis la crise sanitaire, pouvez-vous en dire quelque mots ?

Nous nous focalisons sur la création de pièces de mobiliers qui permettent de créer des intérieurs dans lesquels les gens se sentent bien. Avec la crise sanitaire, on peut tous tomber d’accord sur le fait que les modes de vie ont changé, avec notamment le développement du télétravail, il a donc fallut réadapter les espaces de travail. Pour cette collection notamment, en plus des fauteuils, canapés, tables basses et autres pièces que nous avons proposées, nous avons imaginé Asti, un bureau de travail disponible en deux versions et deux couleurs. Un modèle qui se veut pratique et dont le design a été pensé de manière à ce qu’il puisse s’adapter à toutes les pièces (chambre, pièce de bureau, salon…).

Aussi, pour cette collection, et pour toutes les précédentes, nous tâchons de penser le mobilier afin qu’il puisse matcher et s’adapter à tous les autres modèles des collections sorties précédemment. Un moyen de faire durer le mobilier et de créer une cohérence et un rendu toujours plus qualitatif.

Bureau Kingdom, collection Live Ekstraordinær, design Morten Georgsen © Boconcept
Bureau Asti, collection Live Ekstraordinær, design Morten Georgsen © Boconcept

Rédigé par 
Maïa Pois

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Moustache présente l’extra BOLD sofa, toujours designé par BIG-GAME

15 ans après la sortie de la chaise Bold, l’éditeur français Moustache a dévoilé début janvier l’extra Bold sofa, le canapé de son modèle iconique. Une pièce modulable selon les envies, toujours imaginée par le studio suisse BIG-GAME.

Pour cette version canapé du Bold, le studio BIG-GAME et Moustache proposent un modèle modulaire, qui offre une multitude de possibilités. En effet, ce dernier peut prendre plusieurs formes et directions - droit, rentré vers l’intérieur ou vers l’extérieur - pour des compositions à l’infini. « La chaise BOLD jouait avec un principe d’entrelacement de lignes, qui a ensuite été repris sur le tabouret, le banc et le fauteuil. L’extra BOLD sofa a une nouvelle logique constructive, puisqu’il s’agit d’un système modulaire qui s’appuie sur des éléments répétitifs. Conçu à la demande grâce au configurateur numérique de Moustache, il peut être réalisé en lignes droites ou en courbes dans n’importe quelle forme en utilisant un seul module d’assise et un seul module d’accoudoir » racontent les designers de BIG-GAME. Un modèle d’autant plus modulable qu’il existe en 15 coloris différents, ici encore totalement personnalisables selon les envies. Que ce soit en version monochrome ou multicolore, les combinaisons possibles se comptent par centaine !

Extra Bold Sofa, design : BIG-GAME © Moustache

Un modèle pensé comme une suite logique

Dans la continuité de la chaise sortie en 2009 qui sera ensuite suivie du tabouret et du fauteuil, la version canapé de la collection BOLD semblait être une évidence. Pour autant, les 15 années qui séparent la chaise et le canapé ont permis à la marque et aux designers de développer de nouvelles techniques pour s'affranchir de certaines contraintes. « Nous avons longtemps été limités par le diamètre de la chaussette qui sert de housse par exemple. Aujourd’hui, grâce à une collaboration fructueuse avec Kvadrat, la housse sans couture en 100 % laine a été développée exclusivement pour Moustache et permet de recouvrir des tubes beaucoup plus larges. En termes de confort, il s’est amélioré grâce à la structure de l’assise fabriquée en France avec une technique de production zéro déchet de mousse haute densité spécialement formulée pour Moustache » confient les designers. À l’heure où les intérieurs ne cessent de changer et que l’heure est à la modularité, ce canapé ne devrait pas avoir de difficulté à se faire une place dans les intérieurs.

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29/1/2025
« Speed dating... Love stories » au FRENCH DESIGN by VIA

Le FRENCH DESIGN by VIA présente « SPEED DATING... Love stories » jusqu'au 25 avril. Une exposition rétrospective sur 15 années de rencontres entre designers et éditeurs, initiée par l'institution.

Lancés en 2010 dans l'optique de favoriser l'émergence de nouvelles collaborations, les FRENCH DESIGN SPEED DATING OBJET comptent parmi les événements importants de la création. Favorisant l'échange d'idées novatrices entre les designers et les maisons d'édition porteuses d'un savoir-faire et d'un support industriel, ces rendez-vous annuels ont permis de donner naissance à une multitude d'objets. C'est avec l'idée de réunir sur le devant de la scène les créations les plus emblématiques de ces rencontres et celles passées malheureusement inaperçues que cette exposition a été pensée. À la fois célébration d'une décennie et demie de création contemporaine française, et mise en avant des deux principales familles du design que sont les designers et les éditeurs, “SPEED DATING... Love stories” expose la fécondité d'un concept.

©FRENCH DESIGN by VIA

De petits et de grands noms en face-à-face

Dispersées dans une scénographie signée Maison Sarah Lavoine et faite de drapeaux colorés, comme un clin d’œil aux Jeux olympiques de Paris, 20 pièces prennent place. Assises, luminaires, tapis ou encore bureaux se côtoient et avec eux, leurs designers. Parfois reconnus et déjà bien installés, parfois révélés comme Elise Fouin, Bina Baitel, et Julien Vidame dont on peut penser que les rencontres générées par le Speed Dating Objet ont significativement contribué à leur notoriété.

Sélectionnés pour leur diversité typologique, mais aussi esthétique, chaque objet a également été regardé sous l'angle de l'innovation. En accord avec la volonté de l'institution de favoriser une évolution plus verte de la discipline, quelques pièces s'affichent comme des pistes d'exploration à l'image de la lampe Scalaé de Martin Thuéry et la maison d’édition Boutures d'objets réalisées en 2020 à base de briques concassées. Une manière de démontrer, outre l'intérêt de ces rencontres, que l’addition d'une vision et d'une technique peut aussi être source de nouvelles perspectives.

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La maison L. Drucker signe une collaboration avec BrichetZiegler

Connue pour ses chaises en rotin, la Maison L. Drucker l'est aussi pour ses collaborations avec divers designers. Parmi eux, le studio BrichetZiegler qui vient de signer la chaise colorée Valmy.

C'est une collaboration née « au culot » résume Caroline Ziegler du studio BrichetZiegler. « Avec Pierre Brichet, mon associé, nous aimons et collectionnons les chaises, comme beaucoup de designers. Alors nous en dessinons, tous azimuts, et puis on affine. Il y a un moment où les planètes s'alignent avec cette méthode. » Tout est parti d'un croquis fait à l'atelier, et puis un autre et encore un autre, tous basés sur l'image d'une chaise de bistrot. D'abord imaginée en métal, le matériau le plus utilisé par le studio, l'assise a rapidement évoluée vers le rotin « pour plus de simplicité » explique la créatrice, convaincue que « la forme est toujours associée à un matériau qui permet de la réaliser. Jamais l'inverse. » Une réflexion qui amène le duo à proposer leurs esquisses à la Maison L. Drucker, spécialiste du mobilier en rotin, il y a un an. « Nous n'avions aucun lien avec eux à ce moment-là, mais ils se sont montrés à l'écoute et très intéressés par notre modèle qui sortait de leurs codes habituels. C'est ainsi qu'a débuté notre travail commun. »

©Maison L. Drucker & BrichetZiegler

Une rencontre entre le design contemporain et l'artisanat patrimonial

« Ce qui est intéressant dans ce projet, c'est ce pas de côté par rapport à la chaise de bistrot classique. On a gardé tous les codes qui lui donnent son identité, tout en l'amenant vers quelque chose d'autre. Si demain on la montre à un brésilien, il se dira certainement que c'est à Paris. Il y a quelque chose de la filiation. » Jusqu'alors inutilisé par les designers – hormis un balai présenté à la Biennale Émergences de 2020 -, le rotin s'est avéré être une source d'opportunité autant que de complexité pour le duo dont le croquis initial a vite dû évoluer, sur le plan structurel d'abord, mais également esthétique. « Nous avons été obligés de rajouter plusieurs renforts sur les intersections ce qui nous a amenés à repenser légèrement l'apparence. D'une certaine manière, ce décalage entre notre vision et celle de l'entreprise raconte cette discrétion structurelle propre aux chaises en rotin, et à côté de laquelle nous étions passés. C'est très intéressant ! » Par ailleurs, c'est aussi visuellement que l'idée initiale s'est enrichie. « Dans notre premier dessin, il y avait moins de textile car nous ne pensions pas qu'il était possible de tisser autour de l'armature. Nous avons été encouragés à le faire et c'est ainsi qu'est né ce dossier si prégnant. » Une pièce à l'allure bien particulière qui a donné lieu à de nombreux prototypes pour trouver le confort optimal, et à de nombreux essais colorimétriques.

©Maison L. Drucker & BrichetZiegler

Tresser la couleur

Rouge, verte, jaune ou bleue, la Valmy tire son identité graphique de sa couleur plus que de sa structure qu'elle « vient habiller ». Pourtant, ce « véritable parti-pris » n'a fait son apparition que dans un second temps, « lorsque Monsieur Dubois, le directeur de la Maison L. Drucker nous a annoncé l'ensemble des possibilités de mise en œuvre du tissage. C'est lui qui nous a recommandé d'y aller franchement sur le design. Assez logiquement, nous nous sommes pris au jeu et nous avons décidé d'accompagner le dessin par la couleur. » Les trois arceaux se sont alors épaissis pour accueillir chacun une nuance différente de façon à créer un dégradé. Trois teintes que l'on retrouve également dans le tressage ajouré de l'assise en plus d'une couleur complémentaire, visible au niveau des jonctions du dossier, et de deux fils, noir et blanc. « La couleur est un exercice que nous aimons travailler, mais qui demeure occasionnel. Elle n'a d'intérêt que si elle amène quelque chose en plus, en venant renforcer un élément graphique par exemple. C'est le cas pour Valmy. » Heureux de cette collection, le studio « amateur d'une certaine abondance formelle et d'une richesse visuelle », se pose d'ores et déjà la question de poursuivre les explorations créatives de ce matériau, source de projets en tous sens.

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