À Metz, « Mimèsis » fait l’état des lieux du design vivant
Andrea Branzi, Lampe Foglia, 1988

À Metz, « Mimèsis » fait l’état des lieux du design vivant

Le Centre Pompidou-Metz accueille jusqu’au 6 février 2023 sa nouvelle exposition intitulée « Mimèsis : un design vivant », signant là son premier accrochage centré exclusivement sur le design. Une idée fruit d’un dialogue de plus de deux ans entre Marie-Ange Brayer, conservatrice chargée des collections Design et Prospective industrielle du Musée national d’art moderne, et Olivier Zeitoun, attaché de conservation du département.


« Mimèsis : un design vivant » s’articule comme une réflexion autour de l’évolution de la nature dans le design comme l’exprime jusqu’à son nom, mimèsis, reprenant le concept platonicien d’imitation dans les arts. Cette tension entre design et nature, entre imitation et re-création est alors mis en avant. L’exposition se pense comme une conversation avec le vivant, en mêlant le travail de designers originaires du monde entier, abordant des techniques et des approches nouvelles, toujours centrée sur cette exploration du vivant. Au total, l’exposition regroupe 400 œuvres de 90 créateurs, exposées sous une forme chronologique et thématique et explorant biomorphisme, biomimétisme ou encore biofabrication. Immersive et vivante,  l’exposition propose également deux focus : le premier sur le designer de la modernité française Serge Mouille et le deuxième sur le duo de designers contemporains Erwan et Ronan Bouroullec.

Le design vivant exploré sous toutes ses formes

L’exposition retrace l’histoire du design vivant à travers la présentation de la fascination de certains designers pour la nature, ses formes et processus de créations à travers le temps. À l’entrée, l’œuvre « Grotto II » (2015-2016) de Michael Hansmeyer et Benjamin Dillenburger, une grotte passée aux cribles des nouvelles technologies et composée d’une quarantaine de blocs imprimés en 3D, propose une ouverture au merveilleux. « Cette œuvre est à valeur de manifeste pour traiter de ce nouveau rapport du vivant” commente Olivier Zeitoun. Au fil des salles sont décryptées les évolutions et avant-gardes présentes pour explorer, sous toutes ses formes, cette notion de design vivant.

Michael Hansmeyer et Benjamin Dillenburger, Grotto II, 2017
Michael Hansmeyer et Benjamin Dillenburger, Grotto II (détail), 2017

400 pièces de collections emblématiques pour dix salles thématiques

Tout au long du parcours de l’exposition, le visiteur est invité à découvrir – ou redécouvrir – des pièces iconiques. Si le parcours est chronologique, les deux premières salles, « Grotesques » et « Cabinet de curosités », se présentent plus comme des états des lieux sur les matériaux et le numérique dans tout ce qu’ils sont de plus large. La salle 3, intitulée « Biomorphisme », qui s’étend des années 1920 à la fin des années 1950, présente le travaux de plusieurs designers de renommés et pionniers de leur époque, notamment Charlotte Perriand avec la Table en forme (1938) ou encore la chaise Ombre (1955), qui sont le résultat de ses recherches sur la nature qu’elle a travaillé en tant que matière brute.

Charlotte PERRIAND, Table en forme, 1938

Des pièces du finlandais Alvar Aalto, curateur du design organique, la chaise DCW (1946) du couple Charles & Ray Eames figurent parmi les pièces présentées. Le design scandinave et notamment les pièces d’Arne Jacobsen sont également à l’honneur, avec la chaise Goutte (1958) et du fauteuil Signe (1958), logiquement inspirés, à travers leur nom, par la nature pour leur conception.

Charles Ray Eames, Chaise DCW, 1946
Arne JACOBSEN, Chaise Drop Chair, 1958

La salle 4, nommée « Pop, natures artificielles » balaye la période de 1960 à 1980. Ici, le design vivant rime plutôt avec couleur et forme qui rappellent la nature, à l’instar de la célèbre chaise Tulipe (1656-1957) d’Eero Saarinen ou de la chaise Peacock (1960) de Vernon Panton.

Verner Panton, Fauteuil Peacock, 1960

Dans la salle 5, c’est le matériau qui devient l’organisme vivant, puisque celle-ci est centrée sur le travail du designer Serge Mouille, créateur de plus de 50 familles de réflecteurs. Sont présentées, entre ses luminaires emblématiques, des réalisations qu’il a imaginées comme des objets dynamiques, pensés comme des torsions organiques créées par le métal dans lequel ils sont fabriqués. À partir des années 1980, le processus de création ne va plus simplement se baser sur les matériaux et les inspirations de nature, mais va mêler des processus industriels, comme le montre la salle 6, « Natures à l’oeuvre ». Le bois n’est en effet plus le seul matériau utilisé, à l’instar de l’oeuvre « Tree 5 » (2010) de l’Italien Andréa Branzi, qui associe l’usage du bois à l’aluminium.

Andrea Branzi, Tree 5, 2010
Serge Mouille, Objet Petit monotype, 1951-1956

Et si le dialogue entre nature et design se renouvelle avec de nouveaux procédés, l’espace public, n’est pas en reste. Ainsi, la salle thématique sur les frères Bouroullec, présente les Rêveries urbaines, installations issues d’une exposition faite à Rennes en 2016. Une présentation qui remet à l’honneur les espaces urbains « oubliés », comme ce pourrait être le cas de certaines places ou parcs. Comme une expérimentation, les designers ont imaginé des espaces où la nature serait à nouveau omniprésente. Des réalisations sont allées bien au-delà de la simple maquette puisque les villes de Paris, de Miami ou d’Aarhus les ont mis à l’échelle.

Ronan & Erwan BOUROULLEC, vue d’exposition Rêveries urbaines, Les champs Libres, Rennes, 2016

Nouvelles technologies et interêts environnementaux

La salle 8, axée sur la « Recréation numérique », présente des pièces conçues dans les années 2000, qui allient des savoir-faire et des processus de création nouveaux, rythmés par l’arrivée de l’impression 3D, à l’instar de la chaise Solid C2 (2004) de Patrick Jouin, première réalisation réalisée grâce à cette technique d’impression, ou de la chaise Adaptation Chair de Joris Laarman (2015). Une neuvième et avant-dernière salle, qui s’intitule « Chaises longues », propose de faire un parallèle sur l’évolution de cette dernière, au fil du temps, à travers la présentation de La chaise (1948) Charles & Ray Earles, de la Bone Chair Prototype (2006) de Joris Laarman et de la très étonnante Divan Duchess (2020) de la française Aurélie Hoegy.

Joris LAARMAN, Chaise Adaptation Chair (Gradient Cooper Chair), 2015
Patrick JOUIN, Chaise Solid C2, 2004

L’exposition se clôt sur une dernière et dixième salle, intitulée « Biofabrication », qui expose les travaux de designers qui imaginent les biomatériaux comme des objets de recherche. En alliant procédés numériques et matériaux organiques, le résultat peut-être plus que surprenant. Le travail de Samuel Tomatis, diplôme de l’ENSCI en 2016, se concentre notamment sur la création d’un nouveau matériau fait à partir de déchet organique : les algues. Plus surprenant encore, le travail du Néerlandais Eric Klarenbeek, qui fut le premier à maîtriser la technologie du mycellium associé à l’impression 3D, présente la Mycellium chair (2018-2019), totalement biodégradable in fine.

Studio Klarenbeek & Dros, Mycelium chair, 2018–2019

Ainsi, « Mimèsis : un design vivant » dévoile un spectre de recherche et d’évolutions indiquant que le design vivant, au fur et à mesure du temps, continue d’intriguer et de fasciner les designers. Avec l’aide des nouvelles technologies et la prise en compte des problématiques sociétales, ces derniers proposent des pièces inspirées et tirées de la nature, manifestes et chargées d’histoires significatives.


Rédigé par 
Olivia Demigneux et Maia Poïs

Vous aimerez aussi

Temps de lecture
26/3/2025
warren & laetitia : quand le design fait bonne impression

Le studio warren & laetitia, qui célébrait ses cinq ans en décembre, fabrique divers objets en plastique recyclé grâce à l’impression 3D, depuis son atelier parisien. Un parti pris que le duo revendique fièrement et qui leur a permis de développer une identité créative forte.

« Dès qu’on réfléchit à un objet, on doit anticiper le fait qu’il va être imprimé en 3D et donc le concevoir pour qu’il s’adapte à ce mode de fabrication. » Warren Blauvac et Laëtitia Bou Acar se rencontrent sur les bancs de la fac à la Sorbonne et découvrent l’impression 3D dans le cadre d’un processus de prototypage et décident de pousser le processus plus loin. « C’était un mode de fabrication intéressant, car il nous permettait d’obtenir rapidement des objets en volume. Nous avons pu assez vite nous équiper d’une machine et commencer à créer en petite quantité, depuis chez nous et à moindre coût » explique le duo.

Bougeoirs 2.20, design : warren&laetitia

En 2020, ils créent leur studio et lancent leur premier objet : le double bougeoir, qui a la particularité, comme son nom l’indique, d’avoir un double usage. Il peut en effet servir de chauffe-plat ou de chandelle selon son inclinaison. Depuis, ils conçoivent toutes sortes d’objets du quotidien, du pot à crayons Henri au calendrier Joe, en passant par la collection de vases Alvarò. Et si se spécialiser dans l’impression 3D a été une évidence pour eux, utiliser un matériau recyclé  et recyclable l’était tout autant. Ils privilégient ainsi le rPLA ou encore le r-PETG, des plastiques issus du recyclage d’emballages alimentaires ou de bouteilles en plastique.

Pot à crayons Henri, Vase Alvarò XL et Bougeoir 2.20, design : warren&laetitia

Jouer sur les assemblages de pièces

Très vite, warren & laetitia s’intéressent aux luminaires. Mais, contraints par la taille des pièces qu’ils peuvent concevoir, ils imaginent des modèles à assembler en plusieurs éléments. La suspension Gigi, initiée en 2021 et devenue l’un de leurs best-sellers, est ainsi proposée en quatre versions différentes. Celles-ci sont toutes composées des mêmes pièces, interchangeables et modulables. Ce qui fait varier la lampe, c’est la manière dont les éléments sont assemblés. « On aime créer des luminaires, il se passe quelque chose de particulier avec ces objets lumineux. Ce que nous recherchons, c’est surtout que les gens puissent s’approprier leur lampe et avoir l’impression que les possibilités sont infinies. »

Suspension Gigi, design : warren&laetitia

La version en applique, Mina, a ensuite été développée en deux tailles et trois couleurs différentes, tandis que la Gigi a quant à elle été déclinée en lampe à poser. Toujours en luminaire, ils dévoilaient en septembre 2024, le modèle d’appoint Nour, très différent de ceux qu’ils avaient proposés jusqu’ici, et pouvant s’adapter à tous les usages. Début mars, ils présentaient leur nouvelle suspension Romi qui, dans le même esprit que Gigi, se compose de plusieurs pièces modulables en trois configurations.

Lampe à poser Nour, design : warren&laetitia

Repousser les limites de l’impression 3D

Aujourd’hui, le studio gère sa production grâce à 45 machines semi-automatisées qui tournent en permanence. Une production à l’échelle du studio, qui a tout de même permis de fabriquer 6 000 lampes en 2024. « Nos objets sont composés de plusieurs éléments, avec une approche un peu totémique, ce qui nous permet de proposer des pièces plus imposantes que ce que nos machines pourraient produire en une seule fois. » Et opter pour l’impression 3D présente des avantages, mais implique aussi des contraintes. Bien que le duo anticipe au maximum le design de ses objets pour qu’il corresponde aux exigences de leurs machines, le risque zéro n’existe pas. Pour autant, se confronter à ces défis techniques est une véritable motivation. « Il est généralement compliqué de créer des objets avec de grandes parties en porte-à-faux. Comme ils sont creux à l’intérieur, il faut jouer avec les réglages. Mais nous aimons ce challenge : pousser la technique à l’extrême pour voir si nous parvenons à obtenir une forme inédite. » Une problématique qui s’était notamment posée avec la patère Amy, en raison de la complexité de l’assemblage entre la pièce imprimée et l’élément en bois.

Série de patères Amy, design : warren&laetitia

Une volonté de repousser les limites qui s’accompagne finalement d’une ambition grandissante, celle de concevoir des pièces encore plus grandes et, pourquoi pas, tester d’autres matériaux. « Nous aimerions un jour créer un lampadaire, voire aller encore plus loin. Nous avons bâti toute une identité autour de l’impression 3D, mais pas seulement. Il y a aussi un véritable travail sur la couleur et la modularité des pièces qui sont des aspects que nous souhaitons continuer à développer. »

Temps de lecture
21/3/2025
Intramuros #223 : Italia !

L’Italie, l’amour et nous

Un Italien, c’est un Français amoureux. Amoureux du beau, de l’usage, du confort, mais aussi du risque. Un Français faisant confiance à l’intuition des créateurs, à leur inventivité, à leur folie.

Durant la Renaissance et lors de l’après-guerre, l’Italie fut le centre du monde créatif. Ne cessant de se remettre en question, des années 1930 jusqu’aux années 1980, du Gruppo 7 jusqu’à la Tendenza ayant abouti, in fine, au postmodernisme, le design italien a su s’appuyer sur un esprit entrepreneurial intuitif parce que culturel.
Comme les plus belles des idées ne peuvent changer le monde qu’à condition d’être appliquées, l’Italie a su construire un tissu industriel puissant, performant et innovant, fait de grandes entreprises mais également d’artisans au savoir-faire unique, mêlant traditions et recherche perpétuelle de progrès, au service d’une qualité reconnue dans le monde entier.

Et ce sont peut-être les Français qui en parlent le mieux, de Norguet à Massaud en passant par Jouin et Gallina : tous, s’ils vantent un sens aigu de la compréhension des créatifs, reconnaissent les vertus du modèle italien où chaque artisan ou petite entreprise est ultraspécialisé, ne cherche pas à cannibaliser son voisin, préférant la collaboration fidèle au grignotage de parts de marché, la fraternité et la solidarité à la diversification tous azimuts.

Cet esprit de famille, que l’on retrouve dans la genèse des grands éditeurs, semble être la valeur fondamentale de la success-story du design italien. Une solidarité, une entraide, une forme d’approche clanique dans la recherche de croissance et, surtout, de qualité, faisant de bâtisseurs sur plusieurs générations les phares internationaux dans la recherche immuable du dessin parfait transformé en bel objet.

Et si nous rassemblons, pour la première fois, des entreprises et des institutions françaises au sein d’Intramuros Milano x Labò, c’est parce que nous aussi, en France, nous avons de grands éditeurs et de grandes institutions, d’uniques savoir-faire et de talentueux créateurs.
Plus que jamais, « Intramuros » doit les soutenir et les valoriser pendant cette semaine internationale du design, à travers un investissement humain mais aussi matériel, faisant rayonner les Français ayant pris le risque fou de rendre notre pays plus beau.

Sommaire

Design 360

Italian Story

Design industriel, un ancrage territorial et durable

Esprit de famille(s)

Luce

Lien affectif, le design au quotidien

Made in Italy, quand les mains s’expriment

Brionvega, Technogym, Boffi : le design comme ADN

Prada : La liberté de créer depuis plus de cent ans

Vespa et Fiat 500 : Iconico per l’eternità

Milan, capitale mondiale du design

Rising Talents

Formafantasma, ou le design analytique

E-ggs : le sens du collectif

Alessandro Stabile : le design sans limites

Dans le laboratoire de Marco Campardo

Elena Salmistraro. Hybride et joyeux

Draga & Aurel, Grands écarts

Les racines de Giuseppe Arezzi

Simone Bonanni, un designer visionnaire au service de l’émotion

Alessandro Zambelli, conteur d’objets

Elisa Ossino : formes, volumes et abstraction

Brogliato-Traverso : La méthode d’appropriation

Marni, dans les bras de Francesco Risso

Valerio Sommella, L’alliance parfaite entre innovation et tradition

French Touch

Jouin, Norguet, Massaud, Gallina : born in France, made in Italy

Intramuros Milano x Labò

Labò

Mobilier National

Campus MaNa

K3

Duvivier Canapés x Lelièvre

Source Edition

Bureau du Design, de la Mode et des Métiers d’Art de la Ville de Paris

Ego Paris

Objekto

International Design Expeditions

Prix Amour Vivant

L'ameublement Français exporte les savoir-faire

Brossier Saderne

Roger Pradier x Pyrex

Marc Brétillot

Extreme

Experimenta

Laboratoires des pratiques durables

In the Air

Biennale de Saint-Etienne

Agenda

Retrouvez ce numéro en kiosque mais aussi directement sur notre boutique en ligne.

Temps de lecture
20/3/2025
Mynt : la mécanique du confort selon Erwan Bouroullec

Erwan Bouroullec et Vitra présentent Mynt. Une chaise ergonomique et polyvalente, inscrite dans la continuité du travail du designer, et rendue possible grâce au développement d'un nouveau mécanisme répondant aux besoins du corps.

C'est une assise dont l'apparente simplicité structurelle s'inscrit dans un parti-pris design basé sur l'innovation mécanique. Éditée et développée avec l'aide de Vitra, la dernière création d'Erwan Bouroullec, Mynt, est une chaise polyvalente aux lignes fines et discrètes. Pourtant, derrière cette allure passe-partout, se cache un objet particulièrement technique et innovant. Imaginée pour être « véritablement ergonomique » grâce à son mécanisme central dissimulé, Mynt réunie l'approche contemporaine du designer et l'histoire moderniste de cet incontournable : la chaise.

©Vitra

Une matérialisation de la vision Bouroullec

C'est une chaise dont la genèse est surtout celle d'une vision. « Lorsque Ronan et moi avons commencé à travailler avec Vitra il y a plus de 20 ans, nous nous sommes attaqué à la question du meuble qui, jusqu'alors, allait souvent de pair avec une personne et une fonction donnée. Ça donnait parfois des espaces un peu ratés parce que l'objet était machinique, la décoration forcée ou les matériaux mal choisis. Nous nous sommes dit qu'il ne fallait plus penser l'ergonomie du poste de travail, mais progressivement s'attaquer à l’endroit dans sa globalité, penser l'ergonomie de groupe. » raconte Erwan Bouroullec. Le duo de designer se lance alors - entre autres choses - dans la chaise de bureau, avec pour volonté de « despécifier » les objets. « Si vous installez des chaises de bureau dans une cafétéria, vous aurez tendance à figer les utilisateurs. L'idée a donc été de mettre des meubles polyvalents. Au lieu de faire des chaises de travail, on a fait des chaises. Au lieu de faire des tables de travail, on a fait des tables comme Joyn. » C'est selon cette ligne polyvalente et adaptable que Mynt a été pensée.

©Vitra

Faire corps avec l'objet

« Ma vision du design est assez darwiniste. Je vois les choses à travers leur évolution. Comme le premier canapé résulte d'une déformation progressive du banc, la chaise de travail vient de la machine à écrire, puis du clavier, puis de l'écran. Bref, une nouvelle manière de travailler qui a progressivement rendu le corps statique. » Un constat sur lequel le designer a construit sa réflexion combinant l'impératif contemporain de produire en étant assis, et le besoin instinctif de bouger. Autrement dit, favoriser la concentration grâce au maintien du corps dans un état d'équilibre actif (comme sur un vélo par exemple). Pour cela, Erwan Bouroullec s'est notamment intéressé à l'évolution mécanique des assises. « Au XIXe siècle, les premiers mouvements du dos ont été permis grâce à l'invention de la chaise tournante. Un siècle après, le tilt (inclinaison simultanée de l'assise et du dossier) a fait son apparition permettant la création du mouvement synchronisé dans les années 70 et 80. » Ce dernier permet selon un rapport de proportionnalité représenté sous forme d'une courbe, d'incliner le dossier de 5 ou 10 degrés lorsque l'assise est penchée de 10 ou 20 par exemple. « Mynt c'est donc ça, désynchroniser encore plus le mouvement synchronisé de sorte à libérer davantage le corps et ses mouvements inconscients. »

©Vitra

Mécaniser efficacement le mouvement

Fruit d'une collaboration de longue date entre la maison d'édition spécialisée dans la création de mécanismes et le designer, Mynt a nécessité de longs échanges. « Le principe même n'était pas très complexe, mais j'avais besoin d'un système novateur et précis adapté à des sièges grand public. On ne fait pas un vélo avec un moteur de Ferrari ! Je ne voulais pas faire une chaise toujours plus qui se rapproche de l'univers du gaming ou tout est réglable, mais au contraire, un travail d’ingénierie qui permette de faire le minimum, mais efficacement » résume le designer. Car si le siège du gameur à l'avantage du tout réglable, il n'est « ni plaisant esthétiquement (trop de boutons et de rampes) ni polyvalent dans la vie quotidienne car il est si personnalisable que chacun finit par avoir besoin du sien ».

Pour Mynt, Ronan Bouroullec a de fait évacué tout le superflu. Le cinquième pied – traditionnel sur les chaises de bureau - a disparu après de nombreuses études techniques visant à amincir au maximum les quatre autres, et l'axe central à lui été diminué de quelques centimètres, supprimant ainsi les positions les plus hautes ainsi que les plus basses, peu utilisées. Deux démarches visant à simplifier et à alléger formellement et environnementalement la chaise. « Une branche d'arbre est élégante et naturelle parce que les embranchements eux-mêmes sont utiles. Il y a donc un lien entre l'élégance et l'efficience structurelle. » Une inspiration visible au niveau du rattachement fluide des accoudoirs à la partie basse. Réalisé par encastrement, il permet de relier le dossier flottant à l'assise de manière visible. Un parti-pris tout aussi technique qu'esthétique voulu par le designer pour qui « l'élégance permet au corps de se sentir bien ».

Temps de lecture
17/3/2025
Les solutions AxProconcept présentées au salon HR Meetings

L’entreprise spécialisée dans la fabrication de matériaux de finition à destination de l’hôtellerie AxProconcept sera présente au salon HR Meetings, à Cannes du 18 au 20 mars. L’occasion de découvrir les solutions innovantes et durables de l’entreprise, notamment sa dernière nouveauté : la moquette AxBio®.

C’est au sein du Palais des festivals et des congrès, le salon Hotels&Restaurants Meetings, salon de référence one to one à destination du secteur de l’hôtellerie et de la restauration, accueille une nouvelle édition les 18,19 et 20 mars. Parmi les exposants, l’entreprise AxProConcept, donne rendez-vous aux professionnels de l’hôtellerie sur le stand A20 afin de présenter ses produits et dernière solutions.

AxBio®, une solution qui allie innovation et durabilité

Parmi son offre complète de solutions FF&E clés en main pour les hôtels et les navires de croisière, l’entreprise souhaite mettre l’accent sur sa dernière nouveauté en date et unique sur le marché : l’AxBio®. En effet, le produit est une moquette tissée en Axminster, 100 % biodégradable, fabriquée exclusivement à partir de matières naturelles. “Chez AxPro Concept, nous croyons fermement que le design doit allier beauté et responsabilité. Le lancement d’ AxBio® marque une étape clé dans notre engagement à offrir des produits respectueux de l’environnement tout en répondant aux exigences des secteurs comme l'hôtellerie et croisières” déclarait notamment le CEO de la marque Robert Lenko. La moquette AxBio® est fabriquée à partir de fibres de laine naturelles, lui offrant une résistance au feu et lui permettant de réguler l'humidité intérieure. Un produit d’avancée majeure pour le secteur, tant pour ses avancées écologiques que pour son offre en termes de confort et d’esthétisme, qui permet par ailleurs aux hôteliers de participer activement à la démarche ESG (Environnement, Social, Gouvernance).

En plus de sa présence sur le stand, le produit AxBio® a été sélectionné parmi les finalistes du concours Innovation Award, organisé dans le cadre d’Hotel & Restaurant Meetings, dont les lauréats seront dévoilés lors du salon.

Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir chaque semaine l’actualité du design.