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Depuis quelques années, c’est une évidence pour le secteur de l’aménagement : le Portugal s’affirme comme un acteur sur lequel compter. Outre l’implication de plus en plus forte de designers dans les entreprises pour valoriser des savoir-faire artisanaux et des outils industriels existants, les acteurs du secteur développent avec dynamisme de nouveaux marchés, dont le contract, assurant aussi bien une offre en grande production que des réalisations sur-mesure. Et le secteur du haut de gamme est de plus en plus visé. 

À Maison & Objet, après une belle présence en janvier dernier pour le mobilier, ils étaient une trentaine d’exposants à présenter des marques portugaises à cette édition de septembre. Mobilier, art de la table, accessoires déco, luminaire, literie…  la présence portugaise dans l’univers de la maison couvre l’ensemble des catégories. Les savoir-faire sont reconnus, aussi bien dans la céramique, l’ébénisterie, la métallurgie, le textile, et nombre d’acteurs français font appel à des partenaires portugais pour fabriquer leurs propres collections.

C’est d’ailleurs ce qui ressortait des échanges lors de la Portugal Home Week en juin dernier à Porto, un événement dont on prédit la montée en puissance, au regard de la qualité internationale du visitorat : architectes de grands groupes, décorateurs, prescripteurs en tous genres d’Europe et d’Amérique du Nord, prenaient le temps d’échanger sur chaque stand, dans ce salon à taille humaine, à l’affût d’outils industriels et artisanaux à même de s’adapter à leurs projets pour développer un marché dit « bespoke ». Parallèlement, un cycle de conférences prospectives partageait expériences et points de vue sur l’habitat de demain. 

À la rencontre des prescripteurs

 

Si on a retrouvé cette année, sur ces dernières éditions de Maison &Objet, des acteurs forts (voire séculaires pour certains) comme Herdmar (art de la table), Colunex (literie), Barro (céramique), Laskasas (mobilier) ou Wewood, pour donner un aperçu éclectique, voire des jeunes designers à l’image du studio HATT, la plupart étaient bien évidemment présents au rendez-vous de Porto. D’ailleurs, à la Portugal Home Week, il était vraiment intéressant de noter comment chacun communiquait sur son expertise.

À titre d’exemple, Laskasas n’a pas hésité à produire une superbe brochure, où la marque met en scène ses propres collections dans des maisons iconiques d’architectes et de designers. Personnalisant ainsi son rapport avec les prescripteurs dans l’aménagement intérieur, elle se positionne ainsi directement sur un secteur haut de gamme, qu’elle est à même de revendiquer aisément en souplesse de production. Dans un autre registre, à Porto également, Claraval présentait des vases en céramique, alliant savoir-faire traditionnel et technologie 3D avancée, des collections dont l’esthétique épouse la transcription formelle d’une voix ou d’un chant. Là aussi, au-delà de ces créations sublimes en petite série, on imagine très bien le potentiel de personnalisation d’un tel process pour des projets d’exception.

Projet Casa Cabo de Vila © Laskasas
© Barro

On l’aura compris, les acteurs Portugais sont indéniablement proactifs : que ce soit pour ouvrir leurs productions à l’export – compétitives dans tant dans la qualité, la quantité et les délais — ou pour cibler des projets sur mesure, ils saisissent habilement cette tendance actuelle à repenser les circuits de production dans une forme de proximité. Et à se projeter « next step », en se positionnant d’ores et déjà sur des secteurs en cours de défrichage. Ainsi, à la Paris Design Week, au cœur de la Factory (programmation dédiée à la jeune création, le tout jeune collectif GirGir revendiquait de travailler uniquement à partir de recyclage, réemploi de déchets industriels, en présentant pour cette fois des premiers prototypes conçus à partir de chutes de marbre, mais affichant une détermination à travailler avec d’autres ressources.

Nathalie Degardin

 

Le Portugal : un nouveau marché de proximité ?

Depuis quelques années, c’est une évidence pour le secteur de l’aménagement : le Portugal s’affirme comme un acteur sur lequel compter. Outre l’implication de plus en plus forte de designers dans les entreprises pour valoriser des savoir-faire artisanaux et des outils industriels existants, les acteurs du secteur développent avec dynamisme de nouveaux marchés, dont le contract, assurant aussi bien une offre en grande production que des réalisations sur-mesure. Et le secteur du haut de gamme est de plus en plus visé. 

À Maison & Objet, après une belle présence en janvier dernier pour le mobilier, ils étaient une trentaine d’exposants à présenter des marques portugaises à cette édition de septembre. Mobilier, art de la table, accessoires déco, luminaire, literie…  la présence portugaise dans l’univers de la maison couvre l’ensemble des catégories. Les savoir-faire sont reconnus, aussi bien dans la céramique, l’ébénisterie, la métallurgie, le textile, et nombre d’acteurs français font appel à des partenaires portugais pour fabriquer leurs propres collections.

C’est d’ailleurs ce qui ressortait des échanges lors de la Portugal Home Week en juin dernier à Porto, un événement dont on prédit la montée en puissance, au regard de la qualité internationale du visitorat : architectes de grands groupes, décorateurs, prescripteurs en tous genres d’Europe et d’Amérique du Nord, prenaient le temps d’échanger sur chaque stand, dans ce salon à taille humaine, à l’affût d’outils industriels et artisanaux à même de s’adapter à leurs projets pour développer un marché dit « bespoke ». Parallèlement, un cycle de conférences prospectives partageait expériences et points de vue sur l’habitat de demain. 

À la rencontre des prescripteurs

 

Si on a retrouvé cette année, sur ces dernières éditions de Maison &Objet, des acteurs forts (voire séculaires pour certains) comme Herdmar (art de la table), Colunex (literie), Barro (céramique), Laskasas (mobilier) ou Wewood, pour donner un aperçu éclectique, voire des jeunes designers à l’image du studio HATT, la plupart étaient bien évidemment présents au rendez-vous de Porto. D’ailleurs, à la Portugal Home Week, il était vraiment intéressant de noter comment chacun communiquait sur son expertise.

À titre d’exemple, Laskasas n’a pas hésité à produire une superbe brochure, où la marque met en scène ses propres collections dans des maisons iconiques d’architectes et de designers. Personnalisant ainsi son rapport avec les prescripteurs dans l’aménagement intérieur, elle se positionne ainsi directement sur un secteur haut de gamme, qu’elle est à même de revendiquer aisément en souplesse de production. Dans un autre registre, à Porto également, Claraval présentait des vases en céramique, alliant savoir-faire traditionnel et technologie 3D avancée, des collections dont l’esthétique épouse la transcription formelle d’une voix ou d’un chant. Là aussi, au-delà de ces créations sublimes en petite série, on imagine très bien le potentiel de personnalisation d’un tel process pour des projets d’exception.

Projet Casa Cabo de Vila © Laskasas
© Barro

On l’aura compris, les acteurs Portugais sont indéniablement proactifs : que ce soit pour ouvrir leurs productions à l’export – compétitives dans tant dans la qualité, la quantité et les délais — ou pour cibler des projets sur mesure, ils saisissent habilement cette tendance actuelle à repenser les circuits de production dans une forme de proximité. Et à se projeter « next step », en se positionnant d’ores et déjà sur des secteurs en cours de défrichage. Ainsi, à la Paris Design Week, au cœur de la Factory (programmation dédiée à la jeune création, le tout jeune collectif GirGir revendiquait de travailler uniquement à partir de recyclage, réemploi de déchets industriels, en présentant pour cette fois des premiers prototypes conçus à partir de chutes de marbre, mais affichant une détermination à travailler avec d’autres ressources.

Nathalie Degardin

 

Microlino, la micro-citadine électrique

Présentée lors de la Paris Design Week, la Microlino est un modèle de voiture électrique miniature, idéal pour les virées citadines.

Elle ne mesure que 2,52m de long mais cela ne l’empêche pas d’avoir de grandes ambitions. Résultat d’un travail poussé sur les enjeux actuels de la mobilité et d’une stratégie industrielle élaborée par la famille suisse Ouboter, dont le père Wim est à  notamment à l’origine de la trottinette Micro, la Microlino est l’aboutissement d’une analyse visionnaire poussée. Un modèle imaginé par Oliver et Merlin, les fils de Wim Ouboter.

Conçue en 2015, elle était initialement présentée comme une idée originale de mobilité dans le cadre du salon de l’automobile à Genève. Mais l’intérêt du public pour cette micro-voiture a été si important que l’entreprise suisse  a décidé de lancer son développement en série. Un projet qui a demandé plusieurs années de travail et de réflexions, puisque la Microlino a été totalement redessinée puis produite dans une usine de Turin, en Italie.

Un modèle adapté aux usages de la ville

 

Moins encombrante que les voitures, mais plus confortable qu’un deux-roues, la Microlino répond à des problématiques liées à l’adaptation citadine mais veille également à respecter l’environnement. Ainsi, le modèle combine esthétique minimaliste et écologie.

© Micro

Pour résumer la Microlino en quelques mots, il faut retenir qu’il s’agit d’un quadricycle lourd à moteur (L7e), conçu comme alternative à la mobilité classique. Celle-ci peut atteindre une vitesse maximale de 90 km/h et possède trois versions de batterie, avec une autonomie de 91, 177 ou 230 km. De par sa petite taille, qui ne l’empêche pas d’offrir de l’espace puisqu’elle peut accueillir deux adultes côte à côte et d’avoir un volume de coffre de 230 litres, la Microlino ne nécessite qu’un tiers d’une place de stationnement classique. En termes d’esthétique pure, le modèle est disponible en 10 couleurs différentes et est également doté d’un toit ouvrant ainsi que d’un mode sport, lui conférant un véritable statut de véhicule lifestyle.

[Tribune] L’Alliance France Design en quête de soutien

Après le succès de Paris Design Week, alors que France Design Week bat son plein sur tout l’Hexagone, que l’APCI s’apprête à fêter ses 40 ans… il est un acteur majeur du design confronté à de sérieuses difficultés. Dans Intramuros, nous avons toujours eu à cœur d’informer sur les actions de l’Alliance France Design, syndicat professionnel des designers. Aujourd’hui, nous relayons leur appel auprès des designers, dont le soutien est plus que jamais essentiel aujourd’hui.

L’Alliance France Design, le seul rempart professionnel apolitique du monde du design ouvert à toutes ses formes, persévère dans sa mission de représenter et d’appuyer les designers français dans leurs luttes auprès des autorités et des organismes patronaux. Nos membres se composent de designers indépendants, de dirigeants de studios ou d’agences de design, ainsi que de designers salariés.

Un soutien juridique indispensable et des valeurs intransigeantes

 

L’Alliance France Design a pour fonction primordiale de défendre ses membres en cas de litiges avec des clients ou des administrations. Chaque année, plus de cinquante conflits sont résolus à l’amiable, tandis qu’une dizaine bénéficie d’une assistance juridique.

Structurer la profession et anticiper pour éviter les conflits

 

Nous exhortons vivement les designers à ne pas attendre d’être confrontés à des litiges pour rejoindre nos rangs, mais à adhérer en prévision de ces défis ou pour mieux les affronter. Outre notre rôle de médiateur, nous mettons à disposition une panoplie de services et de ressources visant à renforcer les compétences et les pratiques professionnelles des designers. Cela inclut des conseils sur les contrats, la tarification, et l’assurance responsabilité civile professionnelle.

L’engagement bénévole des designers au cœur de notre action

 

Il est crucial de souligner que l’Alliance France Design est portée par des designers bénévoles qui consacrent leur temps et leurs compétences pour le bien des designers membres et de la profession dans son ensemble. Notre passion commune ? Faire avancer le design en France.

Nos valeurs, notre boussole

 

Nos valeurs sont ancrées dans la professionnalisation des designers et dans la reconnaissance de la valeur qu’ils apportent à leurs clients. Nous bataillons pour une meilleure protection sociale des designers indépendants et nous nous efforçons de faire valoir la puissance de l’innovation que le design offre.

Un acteur solitaire au service de tous

 

L’Alliance France Design est unique en tant que porte-parole de ces enjeux au sein des institutions. Les heures de travail bénévole dédiées à la gestion de la profession profitent à l’ensemble de la communauté des designers.

© François Caspar (logo)

Besoin de soutien financier et solidarité de la profession

 

Nous célébrons 20 ans d’existence, durant lesquels nous avons initié de nombreuses avancées, consultables ici : https://urlz.fr/nEY4. Cependant, la crise liée à la Covid-19 a entraîné une chute significative du nombre de cotisations. Cette baisse impacte directement notre capacité à agir, à défendre les designers devant la justice, à soutenir nos bénévoles lors de leurs discussions avec les ministères, à intervenir dans les écoles et à financer la communication cruciale pour notre profession.
Depuis 2022, nous ne recevons plus le soutien financier du ministère de la Culture et de la Communication, qui était octroyé pendant deux décennies pour cofinancer des projets qualifiés de « bien collectif ». Ces projets étaient conçus pour profiter à l’ensemble de la profession, allant au-delà de nos membres. Ils comprenaient la surveillance juridique et sociale dans les instances, la création d’un annuaire gratuit pour tous les designers, le développement de l’outil d’aide à la tarification Calkulator.com, notre implication dans les écoles de design pour sensibiliser les étudiants à la réalité de la profession, ainsi que notre participation au Conseil national du design, entre autres.
Le désengagement de ce ministère pèse lourdement sur notre budget, désormais principalement alimenté par les cotisations de nos membres. Cela nous contraint à faire des choix budgétaires difficiles, en privilégiant les services aux membres au détriment d’actions bénéfiques pour l’ensemble de la profession.

Un appel pressant à l’adhésion

 

Face à ces défis, nous faisons appel à vous, la communauté des designers, pour rejoindre nos rangs et soutenir notre syndicat. La cotisation annuelle est désormais annualisée et déductible des frais professionnels. En adhérant, vous soutenez nos bénévoles qui se battent chaque jour pour faire progresser notre profession et vous contribuez à renforcer notre poids dans les négociations.
Ne laissons pas tomber l’Alliance France Design. Si elle venait à manquer de moyens pour remplir ses missions, cela ouvrirait la voie à des associations moins influentes, moins représentatives des praticiens du design, voire à l’absence d’une voix unifiée pour les designers français.

Ensemble, construisons l’avenir du design en France

 

En devenant membre de l’Alliance, vous investissez dans votre propre profession et vous garantissez sa pérennité. Pour plus d’informations sur l’adhésion, consultez cette page dédiée : https://urlz.fr/nEXS
Ensemble, nous pouvons protéger l’avenir du design en France. Rejoignez l’Alliance France Design aujourd’hui pour défendre le design de demain.
Le conseil d’administration de l’AFD

Les Puces de Saint-Ouen à la Samaritaine

Parmi les 450 participants de la Paris Design Week, un passage s’imposait à la Samaritaine « parce qu’il s’y passe toujours quelque chose » et coup de chance, l’événement se prolonge jusqu’au 31 octobre 2023 : les Puces de Saint-Ouen s’installent à la Samaritaine.

Entre Gucci et Yves Saint-Laurent, s’expose la qualité d’un mobilier vintage qui n’a rien perdu de son charme surtout quand il est bien rénové. C’est la Galerie Pradier-Jeauneau associée à Jean-Marc Hervier et Carine Roitfeld qui a choisi d’exposer la qualité d’un mobilier d’Après-guerre et des années 60 qui n’a rien perdu de son efficacité et de sa fonctionnalité. 

Fauteuils Mars de Pierre Guariche 1958. Courtesy Galerie Pradier-Jeauneau
Fauteuils de l'équipe interne Airborne vers 1960/70. Courtesy Pradier Jeauneau

Le petit bar-écritoire en pin de Gautier Delaye imaginé en 1958 joue les petits bureaux pratiques. La chaise en métal noir de Jean-Louis Bonnant où chacune des dix lamelles du dossier a soigneusement été courbée à la main, révèle l’amour de l’acier d’un ouvrier-artisan d’art. Une petite table de Marcel Gascoin avec plateau en mélaminé vert et chant en chêne plein souligne la modernité de matières simples. Une paire de fauteuils ronds et pivotant de Pierre Guariche de 1968 ont été rhabillé d’un tweed blanc-beige qui les font sortir des photos noir et blanc historiques avec prestance, légèreté et confort. La paire de fauteuils de Guy Bernard dessinée en 1962, droite et confortable, s’est revêtue d’un velours vert bouteille qui en fait un personnage idéal pour un club d’amateurs de cigares. Sans oublier la console-bureau de Charlotte Perriand en stratifié gris perle, édition Steph Simon 1962 et un banc à lattes acajou, transformable en petit lit d’appoint de seulement 190 x 69,5 cm, dimension modeste mais ô combien efficace.

Chaises 190 de Jean-Louis Bonnant, 1956, courtesy Galerie Pradier-Jeauneau
Jean-Marc Hervier, Jérémy Pradier, Carine Roitfeld et Aurélien Jeauneau © Karla Hiraldo Voleau

Depuis 10 ans maintenant, Aurélien Jeauneau et Jérémy Pradier se passionnent pour les créateurs français de l’Après-guerre qui ont su déployer leur créativité pour répondre aux problématiques de leur temps. Aurélien Jeauneau, spécialiste de l’œuvre de Pierre Guariche a co-écrit la monographie éditée chez Norma en 2020. Jérémy Pradier, après une carrière dans le cinéma français soutient les signatures contemporaines comme Ionna Vautrin, Anthony Guérrée ou Guillaume Delvigne. A redécouvrir sans modérations.

Bénédicte Duhalde

Unox Casa débarque en France

L’entreprise italienne Unox Casa arrive sur le sol français pour présenter son nouveau four professionnel, le SuperOven.

Après avoir conquis l’Angleterre et l’Italie, l’entreprise Unox Casa, créée en 2020 et filière du groupe Unox, arrive dans l’Hexagone pour présenter SuperOven, son four professionnel qui allie design et technologie. Celui-ci est composé de deux modèles, Model 1 et Model 1S, dont les fonctionnalités permettent de réaliser tout type de cuisson. Le four est doté d’une ventilation intégrée afin de retirer toutes les odeurs et d’une fonction de lavage automatique. Connecté, le four offre également la possibilité de profiter de la plateforme numérique Cook Like a Chef, qui propose aux utilisateurs des recettes vidéo.

« Fine Dying » : de l’art de recevoir à l’engagement féminin

Fondé en 2020 par Paola Bjäringer, Misschiefs est une plateforme indépendante qui met en lumière des artistes et designers non binaires, en investissant des locaux vides afin de leur offrir des lieux de création gratuits. A l’Institut Suédois, il  l’installation « Fine Dying » est à découvrir jusqu’au 1er octobre.

Si la notion de « Fine Dining », l’art raffiné de la table, a été détournée en « Fine Dying », c’est en réaction à un texte du milieu du XIXème siècle de Coventry Patmore. « The Angel in the House », long poème narratif publié entre 1854 et 1862, idéalise les femmes en tant qu’épouses et mères à la fois dociles et dévouées. Symbole populaire de la domesticité, l’éloge a été décrié par Virginia Woolf une décennie plus tard. 

Exposition Fine Dying © Vinciane Lebrun
Exposition Fine Dying © Vinciane Lebrun

Depuis 2021, le collectif suédois Misschiefs propose une installation en résonnance à la condamnation de Virginia Woolf. C’est sous la houlette de la curatrice Paola Bjäringer que « Fine Dying » invite neuf artistes et designers à réinterpréter la table avec une vision propre à leur travail. Après Stockholm et Milan, l’exposition itinérante s’est installée à l’Institut Suédois. La scénographie de la table dressée évolue selon les œuvres vendues mais aussi en fonction des artistes invitées. Pour ce nouvel opus, la française pluridisciplinaire Popline Fichot a rejoint les rangs des Misschiefs, auprès de Maria Pita Guerreiro, Sara Szyber, Yngvild Saeter, Lotta Lampa, Anna Nordström, Isa Anderson et Butch xFemme. A noter, le travail de Klara Farhman qui intègre une technique du XVIIIème siècle utilisant la fumée d’écorce de bouleau brûlée capturée pour la transcrire sur des surfaces lisses.

Cécile Papapietro-Matsuda

MaNa : un design de la création, du vivant et du quotidien

En novembre prochain, ce sera au tour de Matali Crasset d’investir le Campus MaNa durant deux jours. Cet atelier express sera dédié à une création collective pérenne qui s’appuiera sur sa mise en œuvre, tout en prenant en considération la notion de temporalité.

Depuis sa sortie de l’ENSCI dans les années 90, la designer de renommée internationale défend un design qui contribue au vivre ensemble. Sa formation en design industriel l’a mené à travailler autant à la conception d’objets et de mobilier du quotidien qu’en architecture ou encore en aménagement d’espaces. Avant tout, Matali Crasset est une femme engagée. Pour chacun de ses projets, elle met tout en œuvre pour innover socialement, artistiquement mais aussi écologiquement.

Pour cet atelier, elle propose d’imaginer un four solaire, attenant à une table d’hôtes, qui sera destiné au jardin du campus. Le processus de création débutera par une réflexion commune dans le but de définir l’usage et l’emplacement du mobilier. Scindé en deux groupes, l’un dédié à la mise en œuvre du four à partir de fines couches d’aluminium et le second à la création de la table et des assises en bois, le workshop investira les ateliers bois et métal. Il sera l’occasion d’acquérir des connaissances pour créer dans « l’urgence », cuire de manière douce pour une collectivité, proposer des rituels autres pour générer de l’énergie. Voici une belle façon de conjuguer une création deux en une et une approche du temps dans un monde où tout va toujours trop vite !

Durée et modalité d’organisation

 

Public visé : Autodidacte ou diplômé de la discipline, justifiant d’une expérience qui est évaluée lors du processus d’admission

Prérequis : Justifier d’une expérience qui est évaluée lors du processus d’admission
Étape 1 : envoi d’un portfolio et d’un cv
Étape 2 : validation de la candidature par le jury d’admission qui s’assure de l’adéquation entre le profil et les exigences de la formation.

Dates : 17/11/2023 au 19/11/2023

Horaires : 10h-13h — 14h-18h mardi au jeudi : 9h -13h — 14h-18h 

Cécile Papapietro-Mastuda

Le design, objet de voyage et mobilité à Scopitone

Interactions physiques à travers le temps et l’espace, détournement du machine learning célébrant les circuits courts ou orchestration lumineuse de catastrophes climatiques répétées : le design emploie sens critique et lignes formelles pour guider la matérialité de l’exposition centrale du très numérique festival Scopitone.

En s’intéressant aux nouveaux rapports entre voyage et mobilité permis par les outils numériques et leur interprétation artistique nomade, l’exposition centrale du festival nantais Scopitone ouvre un large champ esthétique dans lequel le design trouve une place presque rassurante. Au milieu des paysages abstraits numériques – comme ces impressionnantes impressions digitales de souches d’arbres enchevêtrées, traduisant dans les Artefacts de Paul Duncombe le lointain écho d’une chute météorite gravée dans le sol du grand nord québécois – ou des scénographies art/science ouvertes sur les mises en son d’aurores boréales ou les mutations d’espaces vivantes imaginaires, des objets et installations plus formels témoignent d’une matérialité palpable, du moins en apparence.  

Gabriel Lester, Conveyor-belt Series, 2011-2016, installation © Kristel Raesaar

Reproduisant les mouvements de la mer à partir des données récupérées en temps réel par une bouée connectée partie à la dérive depuis douze ans, la pièce Tele-Present Water de David Bowen instaure un étrange rapport d’interaction entre les mouvements gracieux et hypnotiques d’une grille métallique articulée et un phénomène d’absence, de disparition auquel la technologie vient en quelque sorte palier en faisant fi des notions de distance. Un design immatériel presque puisque sans contact physique qui fait écho au design intemporel de Stéphanie Roland dans la pièce Science-Fiction Postcards voisine. Ici, un mur-présentoir accueille des dizaines de petites cartes postales monochromes noires. Une fois présentées devant un appareil chauffant, celles-ci laissent apparaître au recto des rémanences de territoires insulaires isolés tandis que le verso en indique la localisation lointaine et la fin programmée du fait du réchauffement climatique. Humour…noir, bien sûr, où l’objet prend vie au fur et à mesure que sa temporalité se dilate.

Stéphanie Roland, Science-fiction Postcards, 2013, installation participative © Stéphanie Roland, Adagp Paris 2023

Mimer l’intelligence artificielle peut faire rayonner le design critique

 

Dans ce design d’objet curieux, la palme du dispositif revient au cabinet de curiosités inspiré des modes de calcul de l’intelligence artificielle du Of Machines Learning To See Lemon d’Alistair McClymont et John Fass. En mimant les principes de la technologie du machine learning, les deux créateurs s’amusent à interpréter manuellement la façon dont une IA aurait pu classifier et répartir dans un espace physique donné, se présentant ici sous forme de rayonnage à casiers géant, les objets se rapprochant – ou à l’inverse s’éloignant – d’un simple citron. Une démonstration de design plastique, qui se veut surtout éminemment critique puisque venant opposer aux circuits imprimés de la machine les circuits courts des produits ainsi présentés, tous récupérés in-situ.

Alistair McClymont & John Fass, Of Machines Learning to See Lemon, 2018, boîtes en carton et objets divers, 400 x 400 x 40 cm © Alistair McClymont
David Bowen, tele-present water, 2011, installation interactive © Gunner Knechtel Photography, CCCB Barcelona

Bien évidemment, la pièce la plus monumentale de l’exposition, l’installation lumineuse Cymopolée du studio Luminariste qui trône au milieu de l’esplanade extérieure s’avère de facto la plus démonstrative. Sa structure métallique vient subitement s’éveiller de torsades lumineuses spasmodiques, de jeux de fumée et d’ambiances sonores redoutables ou harmonieuses évoquant le passage d’un ouragan, avec ses pics intensifs et ses temps plus suspensifs. Son design évoque là une mobilité voyageuse subie, celle de la tempête qui nous guette, nous surplombe, puis s’éloigne. Un cycle dont la fatalité renvoie ici autant à la force des éléments qu’à nos propres incapacités collectives à lutter contre un monde de plus en plus naturellement déréglé.

Laurent Catala

Maison & Objet 2023 : 10 coups de cœur à découvrir !

Parmi les grandes marques d’éditeurs et les jeunes designers talentueux, dans les allées de Maison & Objet, repérage de produits à découvrir sous la thématique « Enjoy ». 

Modularité colorée

Déjà présent dans les collections, le canapé Bolster de Fést se déploie en méridienne. Modulable, composable, il offre la possibilité de créer de nombreuses configurations selon l’espace. Dessiné par le designer Martin Hirth, il est recouvert de tissus Kvadrat dans une large palette de coloris. 

Recyclé et imprimé

Lorsque qu’il était étudiant, le designer Dirk van der Kooij a découvert l’impression 3D et en a fait sa technique de prédilection pour ses créations. A partir de plastiques recyclés, il a conçu la chaise Chubby, un modèle ludique fabriqué en petites séries avec ce process.

Perles rares

Pour son premier salon, la jeune marque finlandaise Quu, fondée par la designeuse et architecte d’intérieur Heli Mäkiranta se distingue par sa créativité. Elle associe la douceur du style scandinave intemporel à la beauté des matériaux tels que le bois, le verre ou la céramique.

Valeur sûre

La collection de tables basses PL dessinée par Alain van Havre pour Ethnicraft exprime toute la force d’un design proche de la nature. Chaque pièce en acajou teinté et vernis est polie à la main garantissant son unicité. 

 

Beau verre

Chaque table est unique et produite en petite série ; elle met en lumière la beauté visuelle et tactile du verre. La collection se complète de petits objets, patères, vide-poche dans un esprit résolument seventies. Par le studio Melle Jo.

Crédit photo : Joan Bebronne

 

Organique

Le designer belge Sylvain Willenz bouleverse les codes de la géométrie en dessinant pour Pulpo la petite table Offset en céramique brillante ; les lignes ont été tracées à la main afin d’être au plus près du grain de la matière.

 

Ping Pong chic

La collaboration entre Giobagnara et Poltrona Frau, deux marques de l’excellence du Made in Italy, a donné naissance à une collection basée sur le travail du cuir et dédiée au fitness. 

Transparence du bois

Grâce à un système coulissant, la feuille de placage qui compose cette lampe artisanale se déplace de haut en bas pour orienter la lumière. Son nom découle du jargon de l’ébéniste, à savoir l’épaisseur du placage de 6/10ème de millimètres. Par Oros Editions, fabrication en France.

Ça roule

Le scooter électrique CEB conceptualisé par Athime de Crécy répond à la mobilité dans l’air du temps et préfigure le design de demain. Il a été sélectionné par Philippe Starck dans le cadre des Rising Talents Awards, au salon Maison & Objet. 

Kostas Lambridis, fragments d’éternité

Dans un geste radical, l’artiste et designer d’origine grecque bâtit une typologie de meubles hybridés dont l’archaïsme travaillé brouille les frontières temporelles et questionne notre rapport au matériel.  

Chaque automne, lors de la Dutch Design Week, l’Académie de design d’Eindhoven présente le travail de ses élèves diplômés. En 2017, celui de Kostas Lambridis a marqué les esprits. Auparavant formé au département ingénierie de l’Université de la mer Égée à Syros, l’étudiant grec a suivi le programme en master option design contextuel, alors qu’il assiste depuis plusieurs années déjà le designer espagnol Nacho Carbonell dans son studio d’Eindhoven. « J’étais vraiment dans le design industriel, Je pensais que j’allais dessiner des voitures, puis j’ai rencontré Nacho, et l’idée de créer des pièces sculpturales avec mes mains est devenue très excitante ». Exposé dans le campus de l’Académie, son étonnant projet de près de quatre mètres de haut trônait en majesté, re-création grandeur nature du Cabinet Badmington, un chef d’œuvre baroque du XVIIIème siècle vendu aux enchères 19 millions de livres sterling. 

Kostas Lambridis, fauteuil Her, 2019
© Giorgos Sfakianakis

Une multitude de matériaux 

 

À l’instar de cette pièce monumentale, l’Elemental Cabinet de Lambridis intègre une multitude de matériaux. Non pas bois d’ébène, ivoire, bronze doré et mosaïques de pierres dures comme magnifiquement travaillés sur l’ouvrage de référence, mais plutôt fonte, béton, plastique, bronze, céramique, textile brodé… « Mon idée était d’emprunter la forme et le symbole de la plus importante pièce de mobilier jamais fabriquée, et d’essayer d’aller contre cette hiérarchie des matériaux et des savoir-faire ». Irrévérencieuse et spectaculaire, la réplique a tapé dans l’œil des galeristes Julien Lombrail et Loïc Le Gaillard, friands de talents oeuvrant aux frontières de l’art et du design. Kostas Lambridis rejoindra l’écurie de la Carpenters Workshop Gallery, et une exposition personnelle lui sera consacrée au sein de l’espace parisien en 2021, après que de nouvelles pièces aient été montrées à la Fondation Cartier dans l’exposition collective « Jeunes artistes en Europe. Métamorphose. » 

Kostas Lambridis, Suspension Kepler-60h, 2021
Kostas Lambridis, Elemental Daybed

Vers un processus de déconstruction 

 

Installé en Grèce désormais, le designer et son équipe explorent les métissages créatifs dans un grand atelier du nord d’Athènes. Abritant des matériaux de toutes sortes, collectés, récupérés, le lieu se divise en divers postes de travail dédiés à la fabrication et au travail du bois, du métal, du verre, de la pierre et du marbre, de la céramique, du cuir, du plastique, etc. Outre l’Elemental Cabinet et la bibliothèque It’s not enough, une vision éclatée de celle d’Etore Sottsass, Carlton, le jeune homme s’est intéressé à d’autres références de pièces iconiques, mais sans recréer d’objet spécifique. « Pour le daybed Her par exemple, j’ai regardé du côté des canapés, chaises, fauteuils dessinés depuis les temps préhistoriques, la Grèce ancienne, les meubles byzantins, les années 70 et 80, et jusqu’aux designers contemporains, Marc Newson et sa Lockeed lounge chair en l’occurrence ». Récemment, pour ne pas se laisser enfermer dans un style, Kostas Lambridis a amorcé un processus de déconstruction de son travail. « J’ai déjà créé une trentaine de pièces en mixant les matériaux. C’était difficile à faire, mais en même temps sécurisant pour moi. Pour aller vers la simplicité, le challenge est maintenant de les séparer ». 

© Giorgos Sfakianakis

Lors de l’exposition qui se tiendra du 8 septembre au 23 novembre 2023 à la Carpenters workshop gallery de New York, l’artiste présentera une nouvelle famille de pièces, mono-matière cette fois, comprenant une diner table en bois, une table basse en pierre, un buffet bar en métal, une console en plastique… « mais toujours composée de readymade et de parties que nous créons, précieuses ou sans valeur, ouvragées ou laissées brutes » précise-t-il. 

Litza Georgopoulos