Palais de Tokyo
Du 26 novembre au 5 décembre, les œuvres du duo Antoine Lecharny et Henri Frachon, de Marie-Sarah Adenis et de Charlie Aubry, lauréats du concours Audi talents 2021, sont exposées au Palais de Tokyo. Organisée par le commissaire Gaël Charbau, l’exposition « Mind Map » allie quête du vivant, réalité virtuelle, intelligence artificielle et design abstrait.
Depuis 2007, le prix Audi Talents accompagne des jeunes créateurs (artistes et designers) dans la réalisation d’un projet. Inspiré du concept du Mindmaping (« carte mentale » en français), qui désigne une représentation graphique des différents chemins de la pensée, le nom de l’exposition « Mind Map » fait justement référence aux différents chemins et visions que peuvent prendre une réflexion, un concept ou un principe.
Henri Frachon et Antoine Lecharny : l’abstraction réfléchie
Seul duo parmi les lauréats, Henri Frachon et Antoine Lecharny sont les instigateurs de Abstract Design Manifesto. Un travail de recherche sur le design abstrait exposé à travers une sélection de 56 objets. Leur répartition en 4 rangées symbolise les 4 axes de recherche sur lesquels ils ont basé cette démarche créative : le trou, le triangle, la dissonance et le jonc doucine (seule technique d’assemblage par le repoussage). Dans leur démarche, ils ont cherché à définir ce qui permettait d’obtenir un trou ou un triangle par exemple, ce qui n’en faisait pas un, quels procédés permettaient d’en créer… L’axe de la dissonance a également créé des questionnements car le concept reste très large, et il a souvent été question de définir ce qui est dissonant et ce qui ne l’est pas, selon eux. Concernant la jonc doucine, le procédé très technique a offert des possibilités de travail intéressants.
Ils décrivent leur travail comme une expérimentation du design consistant à sortir de l’usage propre de l’objet. Tous les objets exposés n’ont effectivement pas vocation à avoir une utilité, ils sont simplement esthétiques et sont la réponse à des questions bien précises. « Nous partons d’un de ces 4 principes, nous nous posons des questions, élaborons des propositions de réponses et essayons ensuite de définir ses limites. Ce qu’on souhaite c’est faire ressortir l’essence même de l’objet. » Pour autant, ils insistent sur le fait que tous les objets sont des produits finis et n’ont plus vocation à être modifiés.
Un rendu qui a fait appel à différents savoirs-faire : taille de pierre, broderie, charpenterie, repoussage sur métal… De fait, la moitié des réalisations exposées ont été réalisées par les artistes eux-même, tandis que l’autre partie a été co-réalisée avec des artisans qualifiés, notamment pour le principe de jonc de doucine, qui est un savoir-faire très technique et peu répandu en France.
Marie-Sarah Adenis : quand biologie et formes ne tiennent qu’à un fil
Passionnée par la quête du vivant et le monde des sciences, Marie-Sarah Adenis présente Ce qui tient à un fil, une installation aux visions croisées entre biologie, technologies, philosophie et sociologie. « J’essaye de trouver et créer des formes qui portent le récit de ce que j’ai envie de raconter ». Passionnée par les liens de parenté entre les êtres vivants et l’ADN, elle tente de faire valoir une réflexion collective à travers les installations suspendues, celles présentent au sol et à travers les casques de réalité virtuelle mis à disposition.
Charlie Aubry : montre-moi ce que tu portes, Internet trouvera ta prochaine tenue
Le projet P3.450 de Charlie Aubry est le résultat d’une réflexion sur l’impact de l’intelligence artificielle, du partage des données et du questionnement autour de celles-ci. À l’ère des réseaux sociaux, des cookies et des tendances Internet, Charlie Aubry interroge les comportements sur internet. Une installation imposante, interactive : elle dissimule des capteurs vidéo programmés pour reconnaître et analyser les vêtements portés par les visiteurs. Les données retenues sont ensuite envoyées vers YouTube qui propose instantanément sur les nombreux écrans composant l’installation, des vidéos en lien avec le vestimentaire. L’artiste souhaite ainsi ouvrir une réflexion sur nos modes de consommation et la sollicitation permanente d’internet de proposer des contenus en lien avec nos habitudes et intérêts.