Galerie
Jusqu’au 11 janvier, Döppel Studio présente à la Tools Galerie son exposition de 12 pièces uniques intitulée « Néophore ». Un projet qui croise les matières et surtout les usages avec un seul objectif : faire entrer la lumière.
Créer des objets lumineux à partir d’objets d’atmosphère, d’était un peu l’idée directrice de « Néophore ». Un projet carte blanche mené par Lionel Dinis Salazar et Jonathan Omar qui forment Döppel Studio depuis 2016. « On a fait beaucoup de collaborations avec des marques et on voulait repasser sur de la pièce unique avec une galerie. On a très vite pensé à Tools pour son esprit avant-gardiste et les prises de risques qu’elle avait pu prendre sur certaines collections. Nous avons rencontré le directeur Loïc Bigot il y a un an et demi avec qui il y a eu un réel échange d’idées tout au long du projet » raconte le duo.
Un symbole : l’amphore
L’idée de partir de la symbolique de l’amphore, ce vase antique le plus souvent utilisé comme contenant, est venu assez instinctivement. Le duo avait en effet eu l’occasion de travailler sur le thème de l’amphore lors de sa participation au concours de la Villa Noailles en 2016. Pour cette exposition, l’objectif de cette collection était cette fois-ci de lui faire prendre une toute autre fonction. « On a voulu retravailler la valeur d’usage de l’amphore en lui retirant cette faculté de contenant pour apporter de l’immatériel avec la lumière. On a confronté l’artefact de ce vase avec un objet plus technique, qui est ici le néon flex. » Pour réaliser les pièces, le duo s’est accompagné de la céramiste tourneuse Aliénor Martineau de l’atelier Alma Mater, situé à la Rochelle. Une première pour le duo, qui a dû sortir de l’aspect industriel pour se tourner vers l’artisanat et accepter l’aléatoire. Toutes les pièces sont par ailleurs recouvertes d’un émail avec nucléation, dont la composition permet d'obtenir des effets complexes qui laissent une part d’imprévu et rendent ainsi chaque pièce unique.
3 dessins, 12 possibilités
L’exposition « Néophore » présente ainsi douze pièces, sur une base de trois dessins qui ont ensuite été déclinés en fonction du passage du néon dans le vase. « On a volontairement pensé à des formes simples et archétypales, car on savait que la complexité, on l’amènerait avec le tressage et le néon. » Une technique minutieuse, puisque chaque vase est entouré ou enroulé de 2 à 3 mètres de néon, tressés par le duo lui-même. Une exposition qui ne manquera pas de retenir l’attention, à l’heure où les journées se raccourcissent et la lumière naturelle se fait de plus en plus rare…
Pour rencontrer Reda Amalou, il faut oser franchir le pas de la Secret Gallery, rue de Varenne à Paris. A l’intérieur, tout n’est que luxe, calme et volupté, couleurs chaudes et sensation de plénitude. Une expérience à vivre, unique, renouvelée en septembre dernier lors de la Paris Design Week avec ‘Scène d’Intérieur’, une expérience immersive où art et design se fondent dans une scénographie aux rouges vibrants, à vivre jusqu’au 19 décembre.
Architecte, diplômé de la East London University, Reda Amalou conçoit principalement des hôtels de luxe de par le monde entier, aux Etats-Unis, au Vietnam, en Corée, dans les Émirats Arabes Unis ou à Dubaï, répondant aux exigences de clients prestigieux. Mais pour lui, « de la construction d’un hôtel à la fabrication d’un banc, l’intention est la même : porter l’émotion au cœur du trait, rendre hommage à la nature et sublimer la matière. »
En ces temps où le geste de la main, l’artisanat d’art et la valorisation des matériaux priment sur tout, ses créations, toutes pièces uniques ou séries limitées, affolent les amateurs. Créer un impact, animer l’esprit, mobiliser les sens, réveiller l’œil, c’est l’objectif de la maison Reda Amalou Design qu’il crée en 2013 en complément de l’agence d’architecture AW2, créée il y a plus de 25 ans avec Stéphanie Ledoux.
Hommage à l’artisanat
Cette ouverture lui permet d’étendre ses propositions aux meubles et aux objets, tous porteurs d’un récit, d’un souvenir d’enfance en Algérie, du tumulte londonien de ses études ou de l’incandescence de ses voyages. Toujours à l’affut d’une découverte, d’un nouveau matériau, d’un savoir-faire rare, son hommage à l’artisanat et au multiculturalisme s’impose sans heurter, dans les appartements parisiens de la rue du Bac ou du Boulevard Saint-Michel, dans des résidences privées à Londres, à l’Hôtel Six Senses Crans Montana en Suisse (cf article Intramuros 219), au Biba Social Club à Palm Beach en Floride, au Silversands à l’Île de la Grenade dans les Caraïbes, un hommage digne des grands décors des SAD, (Salons des Architectes Décorateurs) du 19e ou 20e siècle.
Il aime les matière texturées, riches et vivantes : le noyer, le bronze, le cuir, la coquille d’œuf, la laque, qu’il fait travailler avec soin par les meilleurs artisans d’art comme la marqueterie de paille des Ateliers Lison de Caunes ou la maroquinerie d’ameublement de la Maison Fey. Parfois grandioses, ses créations savent se glisser dans les espaces qu’il aménage avec une fluidité déroutante. En pièces uniques ou en éditions limitées, ces pièces d’exception ont trouvé leur public.
Une présence sur les salons
À Milan, en avril 2024, il exposait au Labo Project à la Fondation Rodolfo Ferrari, Gabriela, un fauteuil généreux au tissu de velours ; le bureau Tara en noyer massif et plateau laqué vert brillant, aux deux tiroirs intérieur cuir ; la chaise Brooklyn en noyer et laiton brossé ; la table Ooma, marie marbre Emperador et noyer américain dans des dimensions rectangulaires et carrées, en version haute ou basse. Enfin, la chaise Eileen, aux courbes enveloppantes et sensuelles en noyer américain, sublimée par la fabrication artisanale, avait troublé par sa sensualité. Fidèle du salon Collectible à Bruxelles, ses tables d’appoint et sellettes Inlay sont réalisées à partir de marbre Bambou et Balsatina, au piétement encastré dans le plateau pour créer un jeu subtil d’effets mat et brillant. La majestueuse table basse X ORO, avec son plateau en verre orné de feuilles d’or 22 carats appliquées en sous-face, évoque une matière vivante en fusion comme de la lave sur un bronze massif.
Le bureau SOA, en noyer américain avec bandeau en laque brillante et grand tiroir intérieur cuir (de 120 à 180 cm) connaît un grand succès, tout comme la console de 35 cm de large. La console Tara, au piétement en noyer américain, chêne naturel ou hêtre teinté noir sous un plateau laqué brillant jaune, est réalisée à la main. La console Mina, sur son piétement en laiton finition bronze, porte un plateau en marbre Emperador, Sky Grey, Carrare blanc, Noir Marquina ou Noir Sahara….
Plus discrète, la bibliothèque Steeltop, (en 110 ou 150 cm), étagère en acier noir en porte à faux et noyer américain surprend par sa simplicité et ses angles droits, comme le poème de l’angle droit de Le Corbusier. La console LALA se distingue par un décor précieux en émail cloisonné, autrefois réservé à l’usage impérial, et ici réinterprété pour être appliqué aux carreaux. Ce procédé revisité permet de créer un meuble singulier mêlant art ancestral à un dessin géométrique contemporain. Les grandes marques contemporaines lui ont aussi fait confiance : Véronèse, Hugues Chevalier, Toulemonde Bochart, Roche Bobois, Baguès, Baccarat…
Retour à la nature
Début octobre, il participait à la prestigieuse foire internationale de design, PAD London, avec la Secret Gallery Paris installée à Berkeley Square, dans le quartier de Mayfair ; ainsi qu’à Decorex, le salon de design et d’intérieurs avec sa collection Reda Amalou Design à Olympia London. Certains y ont retrouvé l’esprit de son adolescence londonienne à travers une collection de mobilier qui n’a rien à envier à l’euphorie des sixties. Pour plus de sérénité et de retour à la nature, quatre nouvelles cabanes viennent d’intégrer le site Coucoo Cabanes de Chassey-lès-Montbozon en Franche-Comté.
Sur 150 hectares, choisissez votre confort aérien et engagez-vous pour une architecture durable. Posées sur des pilotis, elles sont ouvertes à la vue et à la brise. La terrasse du premier niveau permet de vivre à l’extérieur. Le second niveau abrite une chambre avec une ventilation naturelle et une vue panoramique. Au dernier niveau, un bain nordique permet un moment de détente unique. Le tout fabriqué avec du bois issu de forêts locales, sourcé à moins de 30 km du site. L’occasion de tester l’excellence artisanale locale et les savoir-faire d’exception.
Exposé jusqu'au 1er juin dans la galerie Chamagne-Hardy, le designer Ludovic Roth propose de découvrir “Infraviolet”. Une collection inclassable qui s’illustre par sa diversité.
Designer depuis une quinzaine d'années, Ludovic Roth expose jusqu'au 1er juin sa collection Infraviolet à la galerie Chamagne-Hardy située dans le VIIe arrondissement de Paris. Riche de 17 objets parmi lesquels des miroirs, des tables, des lampadaires ou encore des vases, la collection frappe par son éclectisme total. Fruit d'un travail de deux années mené occasionnellement en binôme, Infraviolet invite le visiteur à côtoyer des objets aux apparences souvent inédites.
De la diversité à tous les niveaux
Par l'absence d'unité formelle et plastique, le designer pose les codes d'un travail de conception sensible qui puise comme rare caractéristique commune, la présence de couleurs vives et des lignes épurées. Selon lui, « L’emploi de la couleur peut apporter un souffle de légèreté salutaire. » Une vision qu'il a poussée en diversifiant les médiums dont le PVC, le miroir, mais surtout le bois et le métal. Deux éléments qu'il mêle au travers de compositions très graphiques radicalement contemporaines.
Particulièrement intéressé par la matérialité et la fantaisie, le créateur passionné de sciences et de techniques a mis au point un traitement lui permettant d'obtenir un rendu irisé sur le métal. Un processus qu'il travaille depuis 3 ou 4 ans et qu'il déploie pour la première fois au sein d'une collection. « La couleur m’évoque le plaisir de créer, d’insuffler par l’objet une certaine gaieté à un intérieur. Nombreux sont ceux qui ressentent l’impact de la couleur et apprécient sa capacité à conférer à un objet une autre dimension, au-delà du "sérieux" de sa rigueur formelle » analyse le designer.
Un parcours international
« Deux années de développement ont été nécessaires pour mettre au point Infraviolet. Elles m’ont offert la possibilité de repousser les limites de ma pratique » analyse Ludovic qui cumule les projets internationaux depuis son diplôme obtenu en 2008 auprès de l'Ecole Bleue. Intéressé par la conjugaison des savoir-faire artisanaux aux techniques actuelles pour élaborer de nouveaux design, le créateur est aujourd'hui sollicité dans les domaines de l'architecture, de l'audio et de l'horlogerie. Une renommée sacrée par l'acquisition en 2022 de son luminaire Cosse en cuir et acier par le Mobilier national.
Repéré pour leurs décors audacieux hauts en couleur, Arnaud Dollinger et Eve Ducrocq ont fondé leur société, ODA (Objets d’affection). Leur première galerie confirme leur talent créatif, teinté d’une modernité décalée et vintage. Rencontre avec deux passionnés.
Quel est votre métier : décorateur, brocanteur, expert en mobilier ?
Nous sommes ensemblier-décorateurs. C’est un choix assumé que nous avons exercé au marché Paul-Bert, à Saint-Ouen ; en changeant de décor chaque mois, nous racontions une histoire différente. Pièce par pièce, nous avons reconstitué l’atmosphère d’un appartement, avec Mériguet-Carrère pour les peintures et papiers peints des décors. Notre conviction ? Les assemblages de couleurs détonantes, les associations ou oppositions de meubles et d’objets, parfois insolites, interrogent, suscitent des envies chez les clients. Beaucoup de personnalités de la mode sont venues nous voir afin de créer des intérieurs plus personnels. Mais nous souhaitons aujourd’hui nous éloigner de l’étiquette du « marchand », trop prégnante.
Comment qualifier votre style ?
Rassembler des objets d’époques différentes et imaginer des ambiances chics et décontractées, c’est notre coeur de métier ! Nous aimons mixer les motifs géométriques forts, les imprimés textiles, les coloris des tapis bariolés, le contraste des matériaux froids ou chauds, les formes sculpturales incroyables des Trente Glorieuses… Nous chinons en Hollande, Italie, Belgique… D’autres territoires sont à découvrir ; on pourrait imaginer, l’équivalent des pièces de Roche Bobois en Australie ou au Japon… Nous composons des décors chargés, même si ce n’est plus tellement novateur aujourd’hui ! Avec un penchant pour le design italien, nous nous sentons proches des univers fantasques de Dimorestudio, et, en référence aux années 1960 et 1970, de l’élégance et du glamour du couple Betty et François Catroux, du sens des couleurs et des motifs du décorateur anglais David Hicks… On aime, comme eux, s’affranchir des codes de la déco.
Le vintage, est-ce une tendance (in) ou (dé)finissable ?
Depuis quelques années, le marché de la production industrielle de mobilier haut de gamme est en berne et la pandémie a accentué ce phénomène. Les grands éditeurs et fabricants italiens s’orientent désormais vers la production de rééditions en se plongeant dans les archives (ndlr : Maxalto et Cassina étant engagés dans cette voie-là depuis longtemps déjà). De ce fait, ils consacrent moins d’investissement aux projets des jeunes créateurs et à leur développement. Et le vintage est une définition un peu fourre-tout ! La cote élevée en salles de ventes de certains designers a donné une image haut de gamme du vintage ; avec les prix hallucinants des oeuvres, ce marché se rapproche de celui du marché de l’art en général. À une époque où personne ne s’intéressait au design de ces années-là, des galeries historiques telles qu’Yves Gastou ou Jacques Lacoste ont fait un travail formidable, très documenté. Elles ont apporté un beau témoignage, pour le grand public et les professionnels. Le succès des expositions (par exemple, Charlotte Perriand à la Fondation Louis Vuitton en 2019/2020) rend aussi le design vintage plus désirable. Mais avec les réseaux sociaux et certains marchands en ligne sortis de l’ombre, il est devenu un terrain de jeux qui rend parfois confuse la valeur des objets. Aujourd’hui, nous voulons réinsuffler de l’authenticité au vintage par le biais d’intérieurs singuliers.
Comment allez-vous évoluer au sein de votre nouvelle galerie ?
Notre activité principale sera axée sur la déco, en proposant du mobilier vintage, de l’édition de grandes marques (sans tomber dans la présentation monomarque) et des créations de jeunes artistes émergents. Leur exposition est l’une de nos priorités, et particulièrement au féminin ! Camille Menard, fondatrice d’Agnst Design, travaille sur une conception du design décalée. Nous avons exposé son « Pull Down Mirror », un objet hybride très drôle, dont la hauteur se règle par la traction et l’effort d’une station de musculation ! D’autre part, Villa Arev, marque portée par Gabrielle Thomassian, céramiste, crée des pièces utilitaires très colorées, inspirées par le groupe Memphis, que l’on adore !
Article extrait du numéro 211 d'Intramuros.
Dans son dernier numéro, Intramuros vous propose de découvrir une sélection d'objets sortis cette année. De la paire de baskets au chandelier en passant par des luminaires, la rubrique « Design 360 » regorge d'objets à (re)découvrir. Focus sur 10 coups de cœur de la rédaction en 2023 !
Chaise Boo, design Tim Leclabart
Remarqué lors du salon Maison & Objet en septembre en tant que Rising Talent, Tim Leclabart propose des réalisations oscillant entre art et sculpture. La collection de chaises en médium laqué Boo, sont présentées comme des totem pouvant prendre plusieurs formes et différentes couleurs.
Pantalon en denim, maison Alaïa
La maison de couture Alaïa présente le jean Ovale, dont les jambes ont la spécificité d'avoir une forme ovale. Combinant un délavage à la pierre classique pour une couleur unique, le pantalon se porte taille haute.
Tube Shelf, design Tim Teven pour Atelier Ecru Gallery
La galerie belge atelier Ecru, basée à Gent, présente Tube Shelf, par le designer Tim Teven. Connu pour aimer travailler les matières et les techniques de manière expérimentale, l'étagère en édition limitée Tube Shelf est réalisée à partir de tubes en acier zingué, entrant parfaitement dans la lignée brutaliste des autres réalisations du designer.
Pilulier Nomaday, design Guillaume Delvigne pour Lexon
Issu de la collection Nomaday, ce pilulier imaginé par le designer Guillaume Delvigne pour Lexon, transforme cet objet du quotidien en un accessoire design. Fait en aluminium, ce dernier dispose de sept compartiments, ce dernier coulisse et se transporte facilement. Disponible en six coloris : rouge sombre, bleu sombre, gris métallique, noir, or doux et vert sombre.
Etagère, design Lucas Maassen & Erwin Thomasse pour A1043
C'est dans le cadre de l'exposition "Let's play", au sein de la Galerie parisienne A1043, du 19 octobre au 25 novembre dernier, que le prototype de l'étagère Design de Lucas Maassen & Erwin Thomasse était exposée.
Boîte à outils, Puebco Europe
La marque Puebco, spécialisée dans la création d'objets à partir de matières recyclées, présente cet organisateur "boite à outils" en plastique, idéal pour le stockage de petits objets. Doté d'une poignée, il est également possible d'en ajouter une deuxième ou une troisième grâce au clip sur le dessus.
Table basse Azo, design François Bauchet pour Galerie kreo
Le designer François Bauchet présente pour la Galerie kreo la collection Azo. La table basse rectangulaire de la collection est ainsi réalisée à partir d’un nouveau matériau composé de sable, béton et résine dont le rendu offre un aspect minéral, résistant, léger et doux au toucher. Cette dernière est disponible en deux coloris, rouge brique ou blanc.
Tabouret Tracteur, design Atelier Baptiste et Jaïna pour Galerie 54
Ce tabouret, dont l'assisse, est celle d'un tracteur, puisqu'elle a été moulée puis pressée d'après un siège original, se dévoile comme une sorte de mise en abîme entre la terre et son usage, en clin d'œil à la forme iconique de l'assise dans le design. Un modèle fait à partir de différentes terres brutes que sont le grès noir, rouge, ocre et blanc.
Big Bell Chair, design Sam Klemick pour Objective Gallery
La designeuse américaine Sam Klemick, connue pour travailler sur les matériaux recyclés et les textiles vintage, présente à l'Objective Gallery de New York le fauteuil en bois de sapin Douglas récupéré et doté d'un tissu jacquard au motif fleuri.
Miroir denim House, design Harry Nuriev pour la Carpenters Workshop Gallery
Ce miroir issu de la collection Denim House, présentée à la Carpenters Workshop Gallery de Los Angeles jusqu'au 27 janvier 2024, est la représentation d'une salle familiale idéalisée. Une exposition dans la continuité de Denim, dans laquelle le designer a approfondi les nuances du denim en tant que matériau d'expression et dont les pièces ont été arborées d'une écriture brodée à la main, d'autocollants et d'accessoires supplémentaires. Il expose aux côtés de deux autres designers français : Martin La Foret et Léa Mestres (cf portrait Intramuros 218).
Retrouvez la totalité de la sélection dans la rubrique "Design 360" dans le numéro 218 d'Intramuros, disponible partout.
Depuis 2022, le salon international d’art, design et art de vivre BAD+ tend à se forger une place de choix, à Bordeaux. En mai dernier, la seconde édition s’est avérée prometteuse, malgré le nombre réduit d’enseignes Design. Retour sur une foire à surveiller dans les années à venir, de très près, pour le secteur.
Depuis deux ans, Jean-Daniel Compain, ancien directeur de la FIAC et enfant du pays, célèbre la culture du vin et l’art de vivre, à travers une foire atypique, associant art contemporain, objets design et installations in situ dans les vignobles bordelais. Au-delà des parcours arty au sein de chais ou de domaines tels que, pour ne citer qu’eux, les châteaux Smith Haut Lafitte, Chasse-Spleen, Pape Clément, cet écosystème singulier a aussi proposé, pendant quatre jours, des pièces d’environ 55 galeries internationales, disséminées sur les deux étages du Hangar 14, au bord de la Garonne. « Bordeaux + Art + Design ou BAD+, n’est pas un salon de plus, s’exclame Jean-Daniel Compain, mais une foire qui, avec son positionnement spécifique Art et Art de vivre, a du sens et une vraie valeur ajoutée. » Parmi les exposants, la néerlandaise Mia Karlova, la galerie française Revel ou bien encore, entre autres, la brésilienne Galeria Modernista représentaient le secteur design. « 15 % de nos exposants offrent des pièces design contemporaines, ajoute Adrien de Rochebouët, ancien de chez Piasa et conseiller artistique de la foire. A l’avenir, nous souhaitons consolider ce secteur important de l’art de vivre. »
Mia Karlova a misé sur ses fondamentaux
Habituée des foires de prestige comme le PAD ou encore la très sélect Collectible à Bruxelles, Mia Karlova a joué la carte des valeurs sûres en proposant des œuvres de créateurs qui font sa réputation. « C’est ma seconde participation à la foire bordelaise, explique la directrice. En 2022 comme en 2023, son écosystème particulier dans une région riche de cultures, de châteaux, vignobles et amateurs de beaux objets, ont permis d’agrandir notre famille de collectionneurs. » Sur son stand à la surface généreuse, on a remarqué Dolly Blu, fauteuil fabriqué à partir de couches cartons superposés du designer tchèque Vadim Kibardin, mais aussi la chaise Curved sculptures, du Hollandais Jordan van der Ven. Une pièce fonctionnelle, entre art et design, réalisée à partir d’une armature métallique, sur laquelle des couches de ciment blanc ont été appliquées pour créer volume et douceur. Enfin la Light Box vitrine, en bois de chêne, huile et ampoules ou encore Obi, fauteuil au design enveloppant et modulable, en bois et tissu de la designer russe Olga Engel, sont des pièces à l’esthétique minimaliste typique qui furent très remarquées.
Le design historique brésilien chez Galeria Modernista
Non loin, forte d’une nouvelle enseigne bordelaise, la Galeria Modernista a présentéquelques grands noms du Modernisme brésilien, parmi lesquels Joaquim Teneiro (1906-1992), considéré comme le père du design du pays de la Samba, ou encore Raimundo Cardoso (1930-2006). Figurant parmi les plus grands céramistes brésiliens du XXème siècle, ce dernier s’est, toute sa vie, employé à réaliser des pièces, telle Vase, portant l’empreinte des savoir-faire du peuple précolombien Marajoara. Enfin, du mobilier moderniste du designer Sergio Rodrigues (1927-2014), comme la paire de fauteuils Oscar, créées pour sa galerie Oca, à Rio de Janeiro, en 1955, en bois de Jacaranda et cannage en rotin, étaient également proposés.
Au royaume de la matière engagée, la galerie Revel
Née en 2021, la jeune galerie parisienne qui possède aussi un showroom à Bordeaux, défend des artistes « invisibilisés » en Occident, et fait fi des clivages entre arts visuels, design, design de collection et artisanat. Des designers émergents ou en milieu de carrière, qui mettent en avant le matériau, son processus et son histoire, et dont « le travail interroge l’identité, le genre, l’écologie, les cultures postcoloniales, les appropriations culturelles, la migration », selon les directeurs. Il en va ainsi d’Anton Laborde, lauréat du Prix de la Jeune Création Métiers d’Art (PJCMA) 2022, et son Cube à liqueur, en érable et sycomore massif, revisitant avec modernité l’art de marqueterie. Mais aussi le céramiste Mathieu Froissard et ses pièces qualifiées de « beautés imparfaites » comme Hold it, œuvre unique en faïence, émail et lustre, brillant de mille feux et circonvolutions baroques. Entre autres encore, la Zimbabwéenne Xanthe Somers, repérée à Collectible 2022, était également présente avec Rancid, imposant luminaire en grès émaillé, s’inspirant de la manière dont l’histoire coloniale de son pays « continue de manipuler les valeurs esthétiques. »
Sur quelques stands d’art contemporain, on remarqua aussi un Banc taureau en bronze de Jean-Marie Fiori (Galerie Dumonteil), ou encore un tapis en soie et laine, ainsi que deux Tabourets B.C, en pin mat brossé et cuir, de l’architecte designer Fabrice Ausset, à la galerie Sarto.
Ainsi, la ville de Bordeaux deviendrait-elle une nouvelle capitale française du design ? Les galeries Modernista et Revel qui y ont ouvert une seconde adresse, ne l’ont pas fait par hasard. La région bénéficie d’atouts majeurs – dont la foire BAD+ -, attirant de nombreux collectionneurs, friands de belles pièces à vivre, au royaume des grands crus classés, du patrimoine et de la culture. Très bien représenté au Musée des Arts Décoratifs et de Design de Bordeaux, dirigé par Constance Rubini, partenaire de la foire – comme le Frac Méca et bien d’autres institutions -, le design contemporain international va, à l’avenir et sans nul doute, couler de très beaux jours, au bord de la Garonne…
Méconnu du public et cependant décoré par l’Académie d’Architecture Française, l’architecte et designer José Zanine Caldas est exposé à la Carpenters Workshop Gallery Paris jusqu’au 22 avril. C’est sous le nom de « Denuncia » que cette rétrospective rend hommage au créateur pluridisciplinaire et à son engagement environnemental avec 90 pièces exposées.
Devenu une véritable figure de proue de la création moderniste du Brésil, Caldas fabrique des maquettes architecturales à 20 ans. Il travaille notamment aux côtés d’Oscar Niemeyer et se forme seul à l’architecture et au design.
Une création en trois temps
Une dizaine d’années plus tard, l’autodidacte se lance dans la création et la vente de mobilier en contreplaqué. Dans un souci d’optimisation de la matière, il innove en découpant le matériau jusque-là moulé, réduit les rebus et fabrique des meubles haut de gamme mais accessibles. Cette période de production industrielle pauliste, pionnière à l’époque, est connue sous le nom de « Moveis Artisticos Z ».
Mais en 1964, Caldas fuit le régime militaire dictatorial et Sao Paulo pour Bahia, sa terre natale. Les forêts luxuriantes de la région l’inspirent et Caldas entre dans son second cycle créatif, « Moveis Denuncia » (que l’on pourrait traduire par mobilier dénonciateur). Brutalistes, ces pièces sont sculptées directement dans le bois massif, souvent récupéré, et témoignent du lien fort entre l’artiste et la nature. L’architecte réinvente la construction d’habitats réalisés à partir de matériaux de démolition ou d’arbres morts.
Si le Musée des Arts Décoratifs lui a consacré une rétrospective en 1989, « Zanine, l’architecte et la forêt », la Carpenters Workshop Gallery expose des pièces à découvrir ou à revoir sans plus attendre, le tout sur fond de photos d’architecture de Caldas.
Carpenters Workshop Gallery, 54 rue de la Verrerie 75004 Paris
Le salon professionnel Première Classe, rendez-vous incontournable dédié à l’accessoire de mode, accueillait pour la troisième année consécutive les directeurs artistiques Romain Costa et Evane Haziza-Bonnamour, du 30 septembre au 3 octobre derniers. Sous les tentes installées au jardin des Tuileries, le binôme avait pris le parti de mêler art et design dans une scénographie inspirée par le voyage suspendu.
Pour cette édition au nom ensoleillé de « Sunny Corner », les deux architectes Romain Costa et Evane Haziza-Bonnamour avaient imaginé une page blanche, « Turn around », à interpréter à son gré. Page qui se tourne, horizons nouveaux ou renaissance, « Turn Round » mettait en scène la création sous différentes formes, bien entendu celle de la mode, qui allait de pair ici avec le design, associé à des pièces artistiques.
Pour cette édition, ils avaient notamment retenu la jeune galerie de design 13 Desserts avec un mobilier haut en couleur, le duo French Cliché, dénicheur de talents contemporains utilisant des savoir-faire ancestraux, et Harold Mollet, expert en mobilier et design du XXe siècle. Installées à la façon d’un musée, les différentes pièces se répondaient dans les formes, matériaux et gammes colorielles.
Cerise sur le gâteau, les architectes avaient fait appel à la talentueuse sculpteuse Emmanuelle Roule qui travaille sur « la géographie de la forme ». Une exposition lui avait été dédiée, mettant en avant des céramiques modelées, fruit d’une recherche autour de la lumière, la texture et la matière. Tout en courbes et en mouvements, nuances et transparence étaient au rendez-vous !
À noter dans les agendas, la prochaine édition de Première Classe aux Tuileries se tiendra du 3 au 6 mars 2023.
Depuis sa création en 2019, The Spaceless Gallery, comme son nom l’indique, s’appuie sur le concept d’itinérance et fait dialoguer des œuvres d’art avec des lieux qui sortent des sentiers battus.
La maison Veronese, éditeur français de luminaires d’exception depuis 1931, a convié Béatrice Masi, fondatrice de la galerie nomade, à faire converser des pièces artistiques avec les dernières pièces de Bruno Moinard et du binôme Tal Lancman et Maurizio Galante, tout comme avec le magnifique paravent lumineux d’Isabelle Stanislas pour ne citer qu’une des magnifiques réalisations de la maison. Exposés dans un showroom savamment orchestré, les travaux de six artistes sont représentés par la galerie dont les céramiques de Hanna Heino ou les sculptures d’Olga Sabko et Gabriel Sobin. Ce nouvel opus met aussi en lumière des photographies de l’américaine Lara Porzac, des œuvres en céramique et sur papier de l’artiste Ruan Hoffmann, le tout présenté dans un cabinet de curiosités.
À l’heure où l’on parle de plus en plus souvent de la rupture de la frontière entre art et design, Béatrice Masi et Ruben Jochimek, directeur artistique de Veronese, ont trouvé un juste milieu où la symbiose des deux révèle le talent des designers et des artistes. Ici, les différentes œuvres disséminées dans l’espace jouent avec l’exception des luminaires en verre de Murano.
Cerise sur le gâteau, la galerie dévoilera « Eclipse » en octobre, une pièce immersive de Félicie d’Estienne d’Orves, à découvrir au sous-sol du showroom.
Après avoir lancé avec succès l’Atelier Jespers, le galeriste Jean-François Declercq propose un lieu inédit la Bocca della Verità entre design et architecture.
Bruxelles offre sans cesse des découvertes à qui sait flâner, révélant ainsi l’histoire de son architecture singulière, de l’art nouveau et du modernisme. La capitale belge est le territoire de prédilection de Jean-François Declercq, à l’affut de nouveaux bâtiments empreints d’histoire à réhabiliter. Sa récente galerie La Bocca della Verità présente les œuvres de jeunes pousses du design dans le contexte particulier de bâtis historiques préservés. Derrière la Maison van Dijck classée, de Gustave Strauven, construite en 1900, se cache un bâtiment postmoderne, de 1989, édifiée par le jeune architecte Michel Poulain. Avec sa géométrie aux faux airs d’Ettore Sottsass, la façade de la Bocca della Verità s’inscrit dans une cour coiffée d’une lumineuse verrière. Dans une dynamique et une mouvance propres au travail de Jean-François Declercq, la galerie a pour ambition de soutenir les talents de la jeune création du design, avec trois expositions par an.
Le rez-de-chaussée et l’étage sont consacrés aux expositions collectives et individuelles. Le premier étage accueille la salle de projet du collectif Stand Van Zaken, qui invite un commissaire différent à chaque exposition et trois designers, artistes ou architectes. Le principe repose sur un concept de travail collectif visant à explorer des formes d’expressions émergentes, une référence au procédé initié par le « Cadavre exquis » des Surréalistes. Pour sa première édition, le collectif a choisi le jeune couple d’artiste et designer, Chloé Arrouy et Arnaud Eubelen, qui ont cogité ensemble autour de leurs univers personnels, composés d’assemblage de matériaux pour l’un et de reproduction d’objets pour l’autre.
L’exposition inaugurale montre également le travail de deux créateurs, plus confirmés. Le français, Thibault Huguet designer industriel de formation, explore les connexions entre les divers matériaux, et applique ses recherches à du mobilier épuré entre artisanat et technologie, comme la console en aluminium Plane, d’une simplicité déconcertante. Hélène del Marmol, quant à elle, est belge, expérimente la cire végétale, sous forme de grosses bougies totémiques, conçues dans une rigueur géométrique évoquant l’aspect subversif d’Ettore Sottsass et la poétique Constantin Brancusi. Pour un dialogue émotionnel avec les objets.
La Bocca della Verità, Boulevard Clovis 85 Clovislaan 1000 Brussels
Visite des expositions du 17.09.2021 au 17.12.2021
Dès son ouverture, en 1999, la Galerie kreo présentait Marc Newson. Trois expositions personnelles ont suivi en 2000, 2002 et 2004, offrant au public français le meilleur de ses créations, jusqu’à l’iconique Carbon Ladder, datée de 2008. Depuis 13 ans donc, Marc Newson n’avait plus produit de nouvelles pièces pour kreo. C’est dire si il était attendu et combien l’exercice pouvait se révéler périlleux.
Avec « Quobus », Newson interroge la typologie de l’étagère offrant à l’usager de composer sa propre variation. 1, 3, 6 et 2, 4, 6 permettant autant de déclinaisons en fonction du nombre et de la taille des modules concernés.
On retrouve la franchise habituelle de Newson : tout est visible, du système constructif aux matériaux employés. Le rythme vient de la récurrence des rails composant la structure des modules en acier émaillé maintenus par des vis rondes en laiton. Les lignes courbes adoucissant les coins de chaque module viennent en écho aux coloris créés par Newson, qu’ils soient graphiques ou pastels. Renouvelant son exigence de technicité, il a fait apposer un émaillage traditionnel vitrifié et coloré sur des feuilles d’acier courbé.
Disponibles en éditions limitées (8 + 2 E.A. + 2 Prototypes) on envisage volontiers qu’aucune commande ne ressemblera à la précédente, sans même parler des deux pièces uniques proposées par kreo.
Si la révolution formelle que l’on attendait n’a pas lieu, la collection « Quobus » est empreinte d’une poésie propre à Newson. Elle fait l’effet d’un bonbon à la fois satisfaisant et réconfortant, notamment pour son public de collectionneurs qui patientait religieusement de longue date.
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« Quobus » by Marc Newson est présenté simultanément à la galerie kreo Paris (11 septembre – 20 novembre 2021) et à la galerie kreo London (15 septembre – 20 novembre 2021).
Galerie kreo Paris, Marc Newson © Cléa Daridan
À la Galerie Maria Wettergen, la carte blanche donnée au Russe Boris Berlin donne lieu à une exposition collective hybride, entre design, architecture et installations.
Carte blanche confiée au designer Boris Berlin, Modernism Crystallized (Family Affair) propose des œuvres réalisées par le créateur d’origine russe, mais aussi avec son fils, l’architecte danois Daniel Berlin (de l’agence Snøhetta) et le designer letton Germans Ermičs. Surfant entre design, art et architecture, ces pièces par leurs effets lumineux, chromatiques, ou encore de trompe-l’œil altérant les formes, prennent toute leur dimension à travers le regard du spectateur. Pour exemple, Black Mirror de Boris Berlin et Germans Ermičs est une élégante table illusionniste qui peine à atteindre le sol, s’évanouissant dans son propre reflet. Comme souvent chez Maria Wettergren, cette exposition associe la beauté du design et des matériaux à de profonds questionnements, ici sur la mémoire, comme sur notre perception corps.
Modernism Crystallized (Family Affair) Galerie Maria Wettergren, 121 Rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris.
www.mariawettergren.com – Jusqu’au 11 septembre 2021.