Exposition

Il reste quelques jours pour découvrir l’exposition de l’architecte italien Carlo Mollino chez RBC Lyon. Pour ses dix ans, le fameux « Cube Orange » implanté au cœur du quartier de Confluence a misé sur « Sempre salva la fantasia », mis en scène par Zanotta. À voir jusqu’au 24 décembre.
En 2020, après un processus de recherche et de développement technologique autour des créations de Carlo Mollino, Zanotta lance la collection CM : “Ce projet est né comme une réinterprétation de l’œuvre de Carlo Mollino. Nous avons créé cette collection avec un processus de production semi-artisanal. Le caractère éclectique des créations de Carlo Mollino exprime parfaitement la vision de Zanotta” explique Giuliano Mosconi, PDG de Zanotta.
Le tandem Zanotta-Mollino commence en 1981, lorsqu’Aurelio Zanotta décide de fabriquer la chaise alpine en bois massif Fenis (conçue par Mollino en 1959 pour le campus de l’école polytechnique de Turin). L’éditeur s’intéresse aux expériences menées par ce maître de l’architecture moderne italienne dans le domaine de l’aménagement intérieur, et étudie avec précision le contenu des archives de Mollino. En 2020, 8 pièces dédiées à l’univers domestique viennent constituer une collection hommage.

La Collection CM 2020
Pour comprendre le travail de Carlo Mollino en tant que designer, il faut adopter une approche globale : chaque objet interagit avec certains éléments de la maison, une vue particulière sur Turin, un mur aménagé… Chaque meuble fait ainsi partie d’une narration figurative dont l’architecte est scénariste, réalisateur et acteur. À partir de l’analyse de documents d’archives, en collaboration avec le Politecnico de Turin, Zanotta vient d’éditer une collection de mobilier fidèle au dessin de Mollino tout en l’équipant des dernières technologies pour le marché contemporain.

La collection se compose de 8 pièces de mobilier, toutes portant les initiales CM et couvrant 21 ans de son travail : le meuble de rangement Carlino CM (1938), le miroir Milo CM (1938), le fauteuil Ardea CM (1948), la table Reale CM (1948), la table d’appoint Arabesco CM (1949), le bureau Cavour CM (1949), le fauteuil inclinable Gilda CM (1953) et le fauteuil Fenis CM (1959).


RBC Lyon fête ses 10 ans
L’exposition consacrée à Carlo Mollino vient marquer de manière festive le dixième anniversaire de RBC Lyon. Franck Argentin, directeur de RBC travaille toujours de concert avec des architectes pour inscrire ses différents showrooms dans leur environnement, et leur donner une signature spécifique.
En 2010, c’est ainsi le duo Jacob /MacFarlane qui va signer cet écrin orange audacieux, dirigé par François Basilien. Durant cette décennie, le showroom aura accompagné de grands projets : aménagement du siège d’Euronews, aménagement du Groupama Stadium-Parc OL, les appartements de standing de la tour Ycône, aménagement du MOB Hôtel, Altavia, Sporting Club de Genêve ou encore plus récemment les bureaux de Opteven… En 2019, cet ancrage RBC voit l’inauguration d’un second lieu en centre-ville, cette fois, consacré à l’éditeur Poliform.



Durant dix jours, Christie’s présente dans ses salons parisiens les Expérimentations de François Azambourg, en partenariat avec le Centre international d’art verrier (CIAV) de Meisenthal. Une association qui se perpétue depuis treize ans, donnant naissance au vase Douglas, et aujourd’hui au Brindilles et à l’Intouchable.
Tout a commencé en 2006, lorsque Jean-Pierre Blanc, alors directeur de la Villa Noailles à Hyères, fait appel à François Azambourg. Ce dernier a pour mission de penser le réaménagent d’une pièce de la maison, qui doit inclure un objet en particulier : un vase en verre. Pourtant peu attiré par ce matériau, le designer conçoit que « sa transparence est intéressante. » La machine est lancée. Une semaine durant, il travaille étroitement avec les artisans du CIAV sur le décor du verre, plutôt que la texture même du matériau. Très vite, ils se rendent compte que la clé se trouve dans le soufflage. Il en existe trois formes. Le soufflé libre, le fixe avec un moule en métal et le tourné. François Azambourg en propose alors une quatrième : le soufflé fixe dans une matrice en bois. « Le verre est soufflé pendant une minute, à 800°C », explique-t-il, et ressort imprimé des nervures, des nœuds et des crevasses du pin Douglas. Ainsi est né le vase éponyme, première création de François Azambourg et du CIAV.
« Prendre un instantané de ce mouvement en le figeant. »
Aujourd’hui cette collaboration ne se résume pas qu’au Douglas. Sur une des tables de bois de la maison Christie’s, plusieurs dizaines de vases cohabitent. Car dix ans durant, le designer et les artisans verriers lorrains ont pensé à de nouvelles créations, des variations du vase originel. La réflexion s’est d’abord orientée sur le mouvement du verre, et sur la façon de « prendre un instantané de ce mouvement en le figeant. » Chaud, il a été sorti prématurément de son moule : pas trop tôt pour que l’essence du bois s’imprime sur les parois du vase, mais assez tôt pour que le verrier puisse étirer et le manipuler à sa guise, lui conférant cette sensation de mouvement.

Dans la salle attenante, les murs sont parés de tableaux représentant des fleurs ou des plantes. Des dessins qui sont croquis, réalisés par François Azambourg lui-même, et qui font écho aux créations posées au centre de la pièce.
Avec Brindilles, le designer replace la nature et la notion de territoire au cœur de la réflexion : chaque vase varie en fonction de la saison et du lieu de cueillette. « Habituellement, le décor des vases se fait à froid, mais le verre est plus fragile. C’est plus intéressant de travailler le matériau lorsqu’il est chaud », considère le créateur français. Les plantes et branchages sont plaqués contre les parois du moule, dans lequel est soufflé le verre. L’absence d’air permet à la plante de ne pas brûler et de laisser sa marque le long du vase. Quelques fois, le processus de création a été altéré par des soucis de calandrage. « La plante est imprimée en partie sur le rebord du vase, ce qui le déforme, explique François Azambourg, c’est un accident qui ouvre la question de ce qui peut être fait ou non en matière de création, un nouveau territoire de jeu. »
Puis vient Intouchables.
Cette création qui clôt l’exposition illustre le fait «qu’il n’existe pas d’échec dans la création » pour le designer. « Il y a une partie d’aléatoire avec le verre, si ça n’est pas bon on le casse. » Le verre est soufflé, puis il est laissé à refroidir. Dans un deuxième temps, il est réchauffé dans un four avant d’être roulé sur une tôle ajourée sur laquelle sont placés les éclats des précédentes expérimentations.
Au total, ce sont trois salles de l’immeuble du 9 avenue Montaigne qui sont consacrées au travail de François Azambourg et du CIAV. Loin de la scénographie, le designer français préfère parler de « filiation ». « Chacune des pièces présentées apporte quelque chose à celle qui est autour. Aux murs, les dessins préparatoires affichent la recherche de motifs. »

Au-delà de la créativité artistique, il y a une démarche scientifique dans le travail du designer. Les croquis font office de protocoles pour reproduire les vases sans fin. Il est conscient de la dualité qui existe entre la composition artistique et la rentabilité : « il faut aujourd’hui des objets qui soient faciles à reproduire ».
L’expérimentation demeure cependant la caractéristique principale dans la réflexion de François Azambourg. Selon lui, « la production est comme un instantané d’un objet à la croisée des chemins entre le moment où on la pense et le moment où on la réalise ». Un résultat final qui, dans le cas du verre, surprend souvent l’artisan et le designer.
“Exprimentations” – François Azambourg x CIAV/Meisenthal
Christie’s à Paris – du 24 février au 4 mars 2020

Jusqu’au 12 janvier 2020, le Pavillon de l’Arsenal présente l’exposition « Hôtel Métropole – Depuis 1818 ».
À travers cette exposition, les deux commissaires invités Catherine Sabbah et Olivier Namias interrogent sur le devenir des hôtels au regard des nouveaux enjeux environnementaux. Un travail tout d’abord historique qui dévoile le lien intrinsèque qu’il existe entre l’hôtel, les modes de vies et les époques dans lesquels il évolue. Une réflexion ensuite appuyée par 4 projets qui placent les enjeux environnementaux en leur cœur.
À ce jour, l’Ile-de-France compte 2 450 hôtels et 15 000 chambres. Chacun est le reflet des besoins et attentes de l’époque dans laquelle il a évolué. Le Meurice, à son ouverture en 1818, accueillait simplement les voyageurs venant de Calais. Puis des hôtels aux ambitions plus mondaines ont vu le jour, comme le Ritz en 1898. Plus tard, les Trente Glorieuses marquent le début du tourisme de masse. C’est à la même époque que fleurissent les premiers hôtels standardisés à l’image du Hilton Suffren en 1966. Enfin, l’hôtellerie s’est vue dans l’obligation de répondre aux besoins du tourisme d’affaires. Ainsi, de nombreux hôtels ont été construits à proximité de pôles de connexions tels que l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.
L’hôtel se devait de proposer un confort climatique (chauffage, climatisation et eau chaude) à ses clients, sans pour autant prendre en compte l’environnement. Aujourd’hui, l’exposition interroge sur le changement de mentalité de la clientèle, notamment en matière environnementale. Et si le respect de l’environnement devenait un critère dans le choix d’un hôtel ?
L’environnement au cœur de la réflexion
En lien avec l’exposition, 4 projets intègrent les enjeux environnementaux à leur réflexion : le lobby, le corridor et la chambre sont repensés pour être plus responsables.
La marquise – Jean-Benoît Vétillard, architecte

La marquise est un lieu de transition entre l’extérieur, la ville, et l’intérieur, le lobby. Elle marque donc le passage d’un monde à un autre. Ici, elle est en fibres de lin et de résine naturelle, et éclairée par des LED qui sont activées par les visiteurs lorsqu’ils passent la porte-tambour de l’entrée.
Une pièce capable – Lina Ghotmeh, architecte

La chambre s’adapte aux flux qui s’intensifient et répond à la pluralité des besoins. Ainsi, elle devient une pièce de vie, de travail, d’accueil et de sommeil, et répond aux enjeux environnementaux : les murs sont en bois et fibres naturelles, les carreaux de douches sont issus de la transformation du sable et le revêtement du lit est en linge recyclé.
Un voyage, pas une destination – Nicolas Dorval-Bory, architecte

Le couloir d’hôtel est pensé comme un vecteur d’usage : il irrigue les chambres de réseaux et guide le client vers celles-ci. Afin d’être éco-friendly, il répond aux enjeux de durabilité et de salubrité. Les matériaux utilisés, comme le bois, ont une empreinte carbone faible et le confort lumineux est au rendez-vous : l’intensité lumineuse est variée ce qui la rend plus agréable que l’uniformisée que l’ont roule actuellement.
La chambre de demain – Ciguë architectes

Cette chambre questionne l’usage qui est fait de l’eau. Alors qu’une chambre consomme en moyenne 150 litres par jour (pour un hôtel 4 étoiles), ce projet propose d’économiser 70% de l’eau utilisée grâce à un système de bouclage. Sur le toit, des réservoirs permettent de collecter l’eau de pluie et de stocker l’eau filtrée par phytoépuration et charbons actifs.