Collaboration
L’an passé, Ego Paris présentait le fruit de la première collaboration avec le studio de design 5.5, la collection Sutra, un ensemble de modules à agencer selon ses besoins et son espace. Cette année, des tables d’appoint ou des luminaires viennent compléter ces premiers éléments en se clipsant sur les parois : un “Plug & Play” pragmatique et habile.
Ils cherchaient depuis un moment à travailler ensemble, et c’est finalement autour d’une redéfinition de Kama, une collection best-seller d’Ego Paris, que le Studio 5.5 et le fabricant français se sont retrouvés. Il y a quelques années, la collection Kama anticipait le besoin de modularité pour adapter sans cesse aux besoins un espace outdoor, et c’est certainement ce qui a été l’une des clés de son succès, aussi bien pour des espaces extérieurs vastes, que pour répondre à une demande urbaine. Selon Nicolas Sommereux, l’un des fondateurs, “cette gamme demandait à être réinventéeautour d’objets, d’éléments.” Un défi relevé par le studio 5.5 : proposer un nouvel ensemble à géométrie variable, autour de 4 modules et d’une table.
La collection Sutra prenait forme. Jean Sébastien Blanc explique : « On aimait cette idée de “design intelligent”. Nous sommes partis du dessin de la table, qui s’ouvre par un simple coulissement et s’agrandit pour s’adapter au nombre de convives. »
La signature esthétique de la collection est tracée : aujourd’hui dans, les derniers éléments, on retrouve cette approche d’emboîtement et de déploiement dans la conception des tables gigognes. « Pour nous l’usage précède la forme, pour trouver l’ADN de la collection, il a fallu qu’on intègre cet usage évolutif, modulaire », jusqu’à un principe de plug & play dans lequel des accessoires viennent compléter l’aménagement de la micro-architecture dessinée par l’assemblage des modules d’assises.
Workshop in situ
La réflexion et la conception de la collection ont fait l’objet d’un workshop directement sur le site d’Ego Paris. Selon les designers, « après les premiers dessins, pour mettre en place les premiers prototypes, on s’est mis autour d’une table et on a travaillé avec les éléments qu’on avait sous la main : on a mis des serre-joints sur des tubes en aluminium, on a associé – voire découpé comme un jeu de Lego – des pièces diverses, des éléments de la collection Kama ; c’est la meilleure façon de confronter aux échelles réelles, de travailler les proportions et comprendre les outils de production à disposition : on est venu appliquer des méthodes industrielles à une démarche au départ artisanale. »
Une esthétique identifiée
Pour la structure et l’esthétique, le studio s’inspire des ganivelles, clôtures formées par assemblage de lattes en bois, barrière de protection que l’on voit traditionnellement sur les sentiers côtiers : « dans les jardins, on a constaté un besoin de structurer, de recloisonner des espaces dans un milieu naturel, pour recréer des zones d’intimité par exemple. » Et le jeu de lattes de la collection Sutra rappelle les claustras protectrices que l’on trouve sur des terrasses pour isoler de la vue des voisins.
La collection Sutra se compose de 5 modules d’assise et une table,auxquels viennent de s’ajouter récemment , une table basse carrée, unetablette, et une lampe à led, autonome et rechargeable, qui vient également seclipser entre les lattes ou peut aussi être sur pied.
Parmi les derniers éléments de la collection Sutra dessinés par les 5.5, ces tables Gigogne en aluminium reprennent le principe graphique et modulable de la gamme.
Composée d’un tube en aluminium laqué et d’une source LED protégée par un diffuseur en polycarbonate translucide, la lampe Torch, autonome et rechargeable, propose trois intensités de lumière différentes. Elle s’utilise seule ou se glisse entre les lattes des modules.
Dans une nouvelle campagne, le fabricant italien Pedrali s’appuie sur une collaboration avec les Studio FM Milano et le Studio Salaris pour mettre en scène ses dernières collections, dans un shooting réalisé par le photographe Andrea Garuti. Le point fort ? Un lieu d’exception, la Casa 3000, qui semble un écrin parfait pour accueillir toutes ces nouveautés, dans un aménagement immersif.
Localisé dans la région portugaise d’Alentejo, la Casa 3000, réalisé par l’agence Rebelo de Andrade, s’étend sur 500 hectares, comme une touche de couleur qui se détache dans le vert environnant. C’est ici que Pedrali a choisi de mettre en scène ses derniers produits. Cet exercice de style, est aussi l’occasion de revenir sur les différentes collaborations de l ‘éditeur italien avec les designers : la collection Tribeca avec CMP Design, qui réinterprète les assises des sixties, les sofas Reva de Patrick Jouin au confort généreux, qui s’imaginent aussi bien dehors que dedans, les collections Soul et Remind d’Eugeni Quitllet, le fauteuil indoor Vic de Patrick Norguet, la table Fluxo de Luca Casini, les lampes Giravolta dans différentes déclinaisons… Une occasion aussi d’imaginer une mise en situation originale des produits, par la puissance du décor contrasté entre une maison rouge et un cadre végétal fort, et une valorisation des lignes élégantes des assises.
Pedrali : collaboration avec le design Eugeni Quitllet
Dans le numéro 202 d’Intramuros, un tête-à-tête avec Eugeni Quitllet revenait sur cette rencontre entre l’éditeur italien et le designer espagnol. Extrait.
« Les chaises Soul et Remind, fruits de la collaboration entre le plus parisien des designers espagnols et l’éditeur de mobilier italien Pedrali, synthétisent parfaitement la vision du disonador – contraction de « designer » et de « rêveur », dans sa langue natale –, entre respect des contraintes industrielles et envolées lyriques. Décryptage.
Pour cette première collaboration, vous avez dessiné non pas une, mais deux chaises. C’est un objet qui vous inspire particulièrement ?
Avant tout chose, j’essaie de comprendre l’ADN des entreprises avec lesquelles je collabore et d’être à l’écoute de ceux qui les dirigent… Lorsque j’ai rencontré Monica et Giuseppe (les enfants de Mario Pedrali, fondateur de la marque, ndlr), chacun d’entre eux m’a confié sa vision du projet idéal. Pour Monica, il s’agissait de combiner plusieurs matériaux. C’est là que me sont apparues, presque instantanément, les lignes organiques de Soul, dont la structure en polycarbonate injecté et frêne massif joue sur le contraste entre synthétique et ultra-naturel, ce qui est une des caractéristiques de mon langage formel… Guiseppe souhaitait plutôt ajouter une chaise monobloc, à la fois économique, légère et empilable, au catalogue de Pedrali. Remind combine ces qualités avec une esthétique rétrofuturiste, à la fois épurée et familière. En latin comme en anglais, remind signifie « se souvenir », mais par le prisme des émotions… C’est un clin d’œil à ma philosophie, qui est plus intuitive que fonctionnelle.
Quoique très différentes, Remind et Soul revisitent toutes les deux des archétypes du passé. Est-ce une manière de créer de l’émotion pour garantir leur durabilité, du moins affective ?
Non, je ne suis pas nostalgique. Le passé est ce qu’il est et ne me sert pas à grand-chose… Mais il est vrai que mon design est avant tout émotionnel. Et l’émotion crée le respect. J’essaie de rendre chacune de mes créations la plus belle possible afin que son futur propriétaire s’en sente responsable. Car le beau engendre la pérennité.»