Light Mobility, des innovations inédites

Light Mobility, des innovations inédites

Les propulsions électriques apportent de formidables opportunités créatives et d’innovation en termes de design, architecture et style. L’expression « Light Mobilty » dans les studios de design, concerne la mobilité individuelle : du skateboard à la voiture carrossée.


Les usages inédits ont contribué à voir circuler sur nos routes de nouveaux véhicules, pour certains résolument récréatifs, pour d’autres strictement utilitaires. Florilège de véhicules à deux, trois ou quatre roues, certains commercialisés, d’autres tout droit sortis de l’imagination débordante d’étudiants en école de design.

Abarth 500

Présentée au salon de Bruxelles en janvier dernier, l’Abarth 500 est la toute première voiture électrique d’Abarth. Si l’architecture, étroitement dérivée de la FIAT 500 demeure classique, le design extérieur et intérieur sont spécifiques. Un nouvel ADN stylistique a été développé ; il allie sportivité et propulsion électrique et une sonorité spécifique a même été conçue en collaboration avec sa communauté. L’électrification de la marque aux gènes sportifs représente de nouveaux défis pour les designers à tous les niveaux sensoriels.

Citroën Ami « 100% Electric »

En proposant une mobilité ouverte à un plus grand nombre d’utilisateurs, l’Ami est peut-être la Ford T du XXIe siècle. La petite biplace ne nécessitant pas de permis de conduire représente assurément la plus grande révolution de Citroën depuis la présentation de la DS en 1955. Sans être la plus désirable des automobiles, c’est un formidable exemple d’optimisation conceptuelle avec une standardisation d’éléments de carrosserie tels que les portières identiques à droite comme à gauche. Un grand nombre d’innovations sont directement issues du concept Ami One dévoilé en 2019. La créativité des designers a réellement été mise à profit dans un cahier des charges aussi pointu.

BMW CE 04

BMW fabrique des deux-roues depuis 1923. Un peu plus de vingt ans après le lancement du célèbre scooter à pare-brise C1 se conduisant sans casque, elle commercialise le CE 04, maxi scooter électrique. Très fidèle au concept bike « Concept Link » de 2017, il marque les esprits avec un style acéré d’une grande originalité et d’une exceptionnelle qualité de résolution stylistique. Le BMW CE 04 est innovant dans son architecture avec une disposition inédite des éléments techniques, moteur et batteries offrant de nouvelles libertés formelles et pratiques. La connectivité et les interactions entre le conducteur et la machine ont été particulièrement travaillées, preuve de la prise en compte systématique des nouveaux usages par les équipes en charge du développement. L’électrification des deux-roues représente une belle opportunité pour BMW pour le déploiement de sa gamme « Urban Mobilty ».

Can-Am Pulse / Can Am Origin

L’iconique fabricant de motoneiges, BRP « Bombardier Recreational Product » commercialisera sous peu un toute nouvelle gamme de motos électriques : la Can-Am Pulse et la Can-Am Origin. Connu pour ses motoneiges Skidoo, BRP fabrique et diffuse également des motos et engins à trois et quatre roues. Les deux motos électriques Can Am Pulse et Origin marquent le 50e anniversaire de la toute première moto de course du constructeur.

L’électrification des gammes représente ici aussi une belle occasion de façonner des nouvelles silhouettes intégrant un ADN stylistique spécifique à la fois fort et fidèles aux valeurs de la marque. La large diversification engagée par BRP offre ouvre indubitablement de nouvelles voies à la bouillonnante équipe de designers intégrés, à Valcourt au Québec et depuis quelques mois dans un tout nouveau studio de design situé à Sophia Antipolis dans les Alpes Maritimes.

Ligier Pulse 3

L’entreprise Ligier fondée en 1969 par Guy Ligier, avant tout réputée pour la fabrication de voitures de course est également spécialisée dans la voiturette sans permis depuis 1980. Dans sa gamme « Ligier Professional », le constructeur commercialise deux véhicules dont un trois-roues, le Pulse notamment utilisé par la Poste. Le Pulse 3 dispose d’un système pendulaire d’une grande ingéniosité. Cette innovation permet à la fois de maintenir la partie cargo arrière stable tout en offrant une grande maniabilité indispensable en utilisation urbaine.Le véhicule avant tout destiné à être commercialisé en flotte peut être personnalisé. Son architecture inédite illustre parfaitement la nécessité de disposer de produits en lien avec de nouveaux usages.

Air4, la 4L volante

S’il ne s’agit que d’un concept présenté en 2021, l’Air4 a marqué les esprits en réinterprétant soixante après la célèbre Renault 4 « 4L ». L’engin se présente sous la forme d’un drone à quatre hélices dont la carrosserie accueille une seule personne. Si aucune programmation de commercialisation n’est annoncée, ce concept ouvre néanmoins d’incroyable nouvelles voies de mobilité aérienne. Les drones assurent aujourd’hui de très nombreuses missions utilitaires, il semble évident que des versions accueillant des passagers feront leur apparition sous peu telle la demande, notamment en Chine est importante. L’Air4 démontre qu’il est possible d’imaginer une infinité de nouveaux concepts volants basés sur la technologie des drones, par définition pilotés à distance. La réponse à une mobilité flexible et autonome passera peut-être par les airs sans se passer d’une résolution formelle originale, sans contraintes.

Breathe Concept, Guillaume Boué-Raguet Strate École de Design

Dans le cadre de la 36e édition du Festival Automobile International, le concours Young Designers Awards a désigné le projet « Breathe » lauréat du sujet de design extérieur en 2021. Les étudiants d’écoles de design devaient imaginer un véhicule ludique et essentiel pour l’après-COVID : « Les Petits Plaisirs Simples de la Vie ». Le projet «Breathe Concept » de Guillaume Boué-Raguet, à l’époque étudiant à Strate, École de Design est une vision d’un véhicule de pur plaisir. La monoplace électrique est ludique, agile, libre et sans contrainte comme en témoignent par exemple des pneus increvables.

METRA, Erik Veelmaa Heiki Joona Pussinen, Strate École de Design

Ici dans le cadre de la 37e édition du Festival Automobile International, le concours Young Designers Awards proposait comme sujet de design extérieur « Reset All » ou imaginer un nouveau mode de transport dans un monde où la voiture n’aurait jamais existé… Le projet METRA d’Erik et Joona, respectivement estonien et finlandais est un système original de mobilité urbaine sur un réseau câblé. La prise en compte des usages est centrale et l’interprétation formelle, remarquablement créative. La modularité des capsules destinées aux passagers a également été un point clé prenant compte un une variété de scénarios d’usage. Un bel exemple d’une grande imagination dans une interprétation poétique d’une mobilité inédite, simple, flexible et écologique.

DECATHLON B’Twin « Magic Bike”

Depuis plusieurs décennies déjà, Décathlon mise sur le design pour développer des produits plus beaux mais surtout plus pratiques et fonctionnels. La célèbre chaîne d’articles de sport commercialisait en 1999 un tout nouveau vélo le B’Twin, hybride dans sa conception, à mi-chemin entre un VTT et un vélo de ville. Un franc succès commercial eut pour conséquence un développement qui transforma le nom B’Twin en une marque, aujourd’hui la marque de vélo du groupe. Il y a à peine un an, Décathlon présentait un nouveau concept de vélo à assistance électrique (VAE) : le Magic Bike.

Conçu par les designers de Décathlon, cet élégant deux-roues intègre plusieurs innovations en lien direct avec les usages : l’éclairage, la béquille qui dispose d’une fonction antivol et surtout une reconnaissance de son propriétaire.Une interactivité inédite dans ce type de vélo est complétée par un écran particulièrement bien intégré apportant nombre d’informations utiles à son utilisateur.

Rédigé par 
Philip Nemeth

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20/2/2025
Dolce & Gabbana, l'Italie dans toute sa splendeur

Le Grand Palais héberge jusqu'au 31 mars 200 créations de la maison italienne Dolce & Gabbana. Une mise à l'honneur maximaliste des savoir-faire italiens sur fond d'architecture.

Un voyage en Italie, de la Renaissance à aujourd'hui. C'est ce que propose l'exposition « Du cœur à la main », visible au Grand Palais. Découpé en une dizaine de salles, le parcours propose une plongée dans l'univers maximaliste et baroque de Domenico Dolce et Stefano Gabbana. Plus qu'une exposition de mode, la présentation de 200 tenues piochées dans les collections de ces neuf dernières années, est une ode au mode de vie transalpin. Par le prisme d'Alta Moda (la haute couture féminine), Alta Sartoria (l'univers sartorial masculin) ou Alta Gioielleria et Alta Orologeria (la haute joaillerie), c'est une réinterprétation de l'Italie qui est ici cousue d'or.

Influencé par Le guépard du cinéaste Luchino Visconti, le duo de styliste rend hommage aux tenues de la noblesse italienne ©Mark Blower Photography

L'Italie sous toutes les coutures

Laine, foulards, raphia, plumes, zibeline, verre ou encore précieuses, chez Dolce & Gabbana, l'habit et l’accessoire sont tout sauf passe-partout ! Excentriques, raffinées ou too-much (à moins qu'il ne s'agisse des trois à la fois), les créations de la marque italienne fondée en 1985 sont surtout hétéroclites. N’hésitant pas à piocher dans l'esthétique liturgique, mais également l'opéra, le cinéma ou les coutumes siciliennes, le duo de stylistes illustre la perméabilité entre les Arts d'hier et la mode d'aujourd'hui. Une porosité incarnée par des villes comme Venise, Capri, Portofino, Naples, Palerme, ou encore Syracuse, ayant donné leurs noms à des collections. Et ce n'est pas un hasard, car ces cités regorgent d'une chose chère aux créateurs : l'architecture. Un terme généralement utilisé pour évoquer le vêtement d'un point de vue formel – ce qui est le cas pour bon nombre de créations, dont celle en verre de Murano réalisée avec l'entreprise historique Barovier & Toso –mais qui désigne ici de manière plus pragmatique, une inspiration omniprésente. Un sweat en vison aux motifs inspirés de la mosaïque antique, des tailleurs réalisés intégralement au point de croix avec pour motifs de célèbres monuments comme le Palazzo Vecchio et la cathédrale de Florence, ou encore des corsets imprimés tout en volutes en hommage aux imposants stucs des églises italiennes. Dessinée avec une certaine forme de théâtralité, chaque création s'affiche comme un hommage à l'Italie des cartes postales, mais aussi à l'excellence du fatto a mano (« fait à la main ») issu des nombreuses collaborations de la marque.

Dans une mise en scène immaculée, la marque expose une sélection particulièrement sculpturale ©Mark Blower Photography

Une immersion dans le travail des petites mains

Conçue comme une succession d'univers imaginés par l'Agence Galuchat et produite par IMG, l'exposition initie une résonance entre le cadre et les tenues. Sur fond de grands airs épiques issus de l'opéra ou de films, la scénographie plonge le visiteur dans 10 thématiques pensées comme des micro-architectures au sein desquelles les créations ont été rassemblées de manière thématique. Reprenant tantôt les codes visuels des habits, tantôt le cadre des défilés ou celui à l'origine du dessin, le décor offre une déambulation faite de ruptures successives. Une manière d'insister sur la diversité de la marque, mais également la richesse culturelle de l'Italie. Mettant en avant des savoir-faire comme la mosaïque, la miroiterie ou encore le stuc, « Du cœur à la main » rend hommage à toutes les petites mains, et pas seulement celles de la mode. Une déambulation extravagante et festive mais surtout divinement italienne, à ne pas rater en dépit de son coût... également extravagant.

Servie par une scénographie numérique, les vêtements reprenant les chefs-d'œuvre de Botticelli, Le Titien ou encore Salai, laisse entrevoir la résonance entre architecture, créations picturales et mode ©Mark Blower Photography
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18/2/2025
La Redoute s’associe à huit designers pour le projet « Les Uniques »

Dans le cadre du projet « Les Uniques », La Redoute Intérieurs a fait appel à huit designers pour personnaliser une pièce choisie parmi les collections La Redoute, avec une seule règle : qu'il n'y en ai aucune. Une initiative qui donnera lieu à une vente aux enchères le 11 mars prochain, au sein de l’Hôtel Drouot.

Kevin Germanier, Jeanne Friot, Mathieu Tran Nguyen, Elisa Uberti, Benjamin Benmoyal, Charles de Vilmorin, Pascaline Rey et Alexandre Blanc : voici les huit créateurs sélectionnés pour participer à ce projet d’envergure lancé par La Redoute Intérieurs. Intitulé « Les Uniques », ce projet de collection capsule a un objectif simple : donner une seconde vie à des pièces de mobilier issues de la boutique Les Aubaines, située à Roubaix. L’occasion pour ces créateurs, issus de divers horizons du design, d’exposer leur singularité et leur personnalité à travers une pièce unique.

Les Uniques x Pascaline Rey © La Redoute
Les Uniques x Alexandre Blanc © La Redoute

Manifeste créatif

Au-delà du projet créatif et caritatif, ce projet soulève une question plus large sur notre rapport aux objets et à leur temporalité. En effet, certaines pièces, une fois transformées, sont méconnaissables et laissent penser qu’il est possible de réinventer le mobilier à l’infini à partir d’objets existants. Un travail de pièce unique qui porte également un message et un engagement sur l’avenir du design. Mais jusqu’où peut-on déconstruire et réécrire un design sans en effacer l’âme ? C’est justement la question que se sont posée les huit invités du projet.

Les Uniques x Kevin Germanier © La Redoute

Huit créations singulières

Connu pour son travail sur le tissage de bandes magnétiques VHS, Benjamin Benmoyal s’est emparé du fauteuil en rotin Malu pour l’habiller d’un tweed étoilé, faisant de l’assise une extension de ses explorations textiles. Alexandre Blanc, quant à lui, dont la pratique oscille entre peinture et couture, transforme la table en chêne Adelita en un tableau en trompe-l’œil, jouant sur les ombres et les transparences pour en exalter les lignes architecturales. Avec Charles de Vilmorin, la méridienne Tapim devient un écrin textile, revêtue d’un jacquard sur-mesure tissé dans la plus pure tradition lyonnaise.

Les Uniques x Benjamin Bnemoyal © La Redoute

Jeanne Friot, de son côté, impose son langage mode en sanglant un duo de chaises Sarva avec ses ceintures signature. Pour Kevin Germanier, qui s’est attaqué au luminaire Moricio, l’objet devient sculpture, saturé de perles brodées et oscillant entre artefact décoratif et œuvre précieuse, dégageant un éclat baroque. Pascaline Rey, quant à elle, opte pour une approche contemplative en intégrant au bureau Tristan une céramique évoquant une banquise suspendue, entre rêverie et fragilité du monde.

Les Uniques x Charles de Villemorin © La Redoute

Chez Mathieu Tran Nguyen, la desserte Hiba initialement métallique, disparaît presque sous les ajouts sculpturaux de bois laqué, rappelant les jeux de panneaux et de paravents. Enfin, Elisa Uberti, fidèle à son approche du design sculptural, insère une lampe en céramique directement dans la structure de la desserte Crueso, abolissant la frontière entre mobilier et œuvre d’art.

Les Uniques x Elisa Uberti © La Redoute
Les Uniques x Jeanne Friot © La Redoute

Une vente aux enchères caritative

Pour ce projet collectif multidisciplinaire, La Redoute Intérieurs exposera dans un premier temps les huit pièces du 7 au 11 mars prochain au sein d’une salle de l’Hôtel des Ventes Drouot. Puis, le mardi 11 mars à partir de 19h, une vente aux enchères exclusive aura lieue et sera retransmise en direct sur le site internet de ce dernier. Tous les bénéfices de la vente seront ensuite reversés à l’association Solfa (Solidarité Femmes Accueil), qui vient en aide aux femmes et aux enfants victimes de violences. Cette association, soutenue par La Redoute depuis de nombreuses années, renforce l’aspect solidaire de ce projet unique.

Les Uniques x Mathieu Tran Nguyen © La Redoute
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17/2/2025
Une collection en carbone dessinée par Emmanuel Gallina

Le designer français Emmanuel Gallina signe la première collection de la jeune marque de mobilier en fibre de carbone, Belull.

C'est une aventure qui débute la tête dans les nuages. « Tout a commencé lors d'un vol Bordeaux-Milan, où j'ai rencontré par hasard Stéphane Lull, le PDG d'Epsilon composite, une entreprise du Médoc spécialisée dans les tubes en fibre de carbone. » Une conversation, un échange de contact et bien des années plus tard, une proposition. « Bénédicte Lull m'a recontacté avec le projet de créer une marque de mobilier à partir de tubes en carbone ne répondant pas aux critères requis par l'industrie. Cette idée de concevoir du mobilier en s'appuyant sur le savoir-faire de l'entreprise et en valorisant des morceaux inutilisés m'a plu et j'ai dit oui ! » Entamée en 2021, cette collaboration est à l’origine de 27 pièces diversifiées, de l’étagère au miroir en passant par le banc. Un corpus à l’apparence « technique mais néanmoins chaleureux ».

La table Gustave nommée en hommage à ingénieur Gustave Eiffel, est le fruit d'une réflexion sur la manière dont rigidifier la structure en carbone, un matériau relativement flexible ©Cécile Perrinet Lhermitte

Une initiation

Véritable découverte pour le designer, le matériau est rapidement soumis à toutes sortes d'expérimentations. « Contrairement au tube en aluminium ou en acier auxquels elle peut s'apparenter, la fibre de carbone, à la fois légère et très résistante, est beaucoup moins rigide que le métal. Il a donc fallu bien maîtriser l’élasticité des tubes et des plats, puis chercher comment rigidifier les structures, avant de continuer. » Une étape de développement étalée sur plusieurs mois en amont desquels plusieurs typologies d'objets avaient été identifiées. « À ce moment-là, nous avions aussi la contrainte de réaliser des choses simples, car Bellul n'avait pas encore d'espaces de fabrication. Il a donc fallu s'organiser avec des ateliers extérieurs » raconte Emmanuel Gallina.

La table bijoux en quartz bleu joue sur le contraste de ses diamètres et la dualité des surfaces renforcées par les couleurs ©Cécile Perrinet Lhermitte

La fibre de carbone, mais pas seulement

« L'une des particularités du tube de carbone, c'est le tressage de la fibre, assez lisible en surface. » Un rendu « froid et technique » que le designer a associé à d'autres matériaux nobles comme le bois (chêne naturel et noyer) ou le marbre de Carrare. « Nous aurions pu le laisser brut, mais j'ai souhaité éviter l'approche monomatière car cela ne correspondait pas au marché de l'habitat. Il fallait donc amener de la chaleur avec un contraste qui ne soit ni froid ni agressif, mais qui puisse s'intégrer naturellement et de manière fluide avec le carbone. » Une manière de créer par ailleurs une dualité entre la zone structurelle, c'est-à-dire le piètement, et la partie décorative qu'est le plateau. Une jolie collaboration qui rime avec valorisation.

La console Kumo - qui signifie nuage en japonais - est un homme au pays du soleil levant avec lequel Epsilon Composite collabore sur de nombreux projets ©Cécile Perrinet Lhermitte
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13/2/2025
Au MAD, l'intimité s'expose

Le Musée des Arts Décoratifs propose jusqu'au 30 mars de pousser la porte de la chambre, espace d'intimité par excellence, dont l'évolution des usages traduit près de 400 ans d'histoire de la société. Une exposition tout autant indiscrète qu'intéressante.

Regarder par la serrure. Voici l'indiscrétion à laquelle la Musée des Arts Décoratifs de Paris invite ses visiteurs jusqu'à la fin du mois de mars. Dans une sorte de rétrospective dédiée à l'un des espaces les plus impénétrables de nos intérieurs, le MAD propose de porter un regard chronologique du XVIIIe siècle à nos jours. Condition sine qua non à l'indépendance et à l'émancipation pour Virginia Wolf, la chambre, à soi ou partagée, est le témoin privilégié de l'évolution sociétale de nos us et coutumes. Tout à la fois théâtre de la vie intime et décor de mises en scène à vocations sociales, elle illustre depuis toujours la porosité entre sphère publique et privée. Une fluctuation de la frontière évoquée au travers de douze thématiques.

In-situ de l'exposition "L'intime, de la chambre aux réseaux sociaux", MAD Paris © Luc Boegly

L'objet engendré par l'époque

Tantôt espace de restriction des libertés dont la femme fut la première touchée, tantôt espace d'expression avec l'arrivée progressive de la technologie, la chambre est avant tout un microcosme dont l'évolution progressive demeure très liée à la société, entraînant la création de nouveaux objets. Matérialisations de courants de pensée, tous témoignent d'une époque. L'hygiénisme du XIXe siècle voit ainsi se développer une multitude de pièces. Les baignoires intègrent la chambre à mesure que de nouveaux ustensiles de coquetterie débarquent, devenant des supports aux designs les plus en vogue. En témoignent les bourdaloues - pot de chambre féminin – dont l'usage se démocratise, et les exemplaires se déclinent plus ou moins richement. Le XXe siècle est également celui des mutations sociales rapides. La révolution sexuelle offre une nouvelle perception du désir et du plaisir intimement liés à la chambre. Un sujet que des artistes comme David Hockney ou Zanele Muholi immortalisent sur différents médiums, et sur lequel nombre de designers travailleront plus tard, notamment avec la démocratisation des sex-toys.

In-situ de l'exposition "L'intime, de la chambre aux réseaux sociaux", MAD Paris © Luc Boegly

Mais les bouleversements modernes sont également sources d'inspiration pour de jeunes esprits novateurs, futures références du design. Parmi eux, Verner Panton dont la Living tower incarne la volonté d'un repli protecteur, très vite remplacé par le besoin de communier dans les 70's. Une époque où entrent alors en scène des studios stars comme Archizoom, Memphis ou bien plus récemment, les frères Bouroullec.

In-situ de l'exposition "L'intime, de la chambre aux réseaux sociaux", MAD Paris © Luc Boegly

La technologie au pied du lit

Le poste radio, le walkman, le minitel rose, les téléphones portables ou encore la téléréalité. Depuis près d'un demi-siècle, l'intimité de la chambre à coucher se trouve bousculée par l'arrivée de supports médiatiques extérieurs. Plus petits, moins bruyants (parfois), plus complets, tous ont su convaincre leur public. Un fait auquel l'exposition dédie la fin de son parcours. Affichés en grand, les réseaux sociaux et leurs personnalités lifestyle les plus influentes comme Léna Mahfouf ou Sophie Fontanel, font désormais partie intégrante de notre intimité partagée. Un constat sur lequel s'ouvre un espace dédié à la surveillance. Un lieu d'interrogation utile après ce balayage historique rapide depuis les toiles d'Antoine Watteau et Edouard Vuillard situées à quelques mètres de là, si proches et si lointaines. Donnant la possibilité au visiteur de coucher sur le papier ses pensées, la dernière salle de l'exposition propose de renouer avec l'intimité ultime, celle que l'on entretient avec sa propre personne.

In-situ de l'exposition "L'intime, de la chambre aux réseaux sociaux", MAD Paris © Luc Boegly
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