Le Portugal, terre fertile du design
Collection Freya © Nosse Ceramics / Collection Reform © Wewood / Collection Fiore © Zagas

Le Portugal, terre fertile du design

Depuis quelques années, le design portugais a le vent en poupe. Avec un chiffre d’affaires à l’export avoisinant les 4 milliards d’euros en 2021 (source : aicep Portugal Global), les entreprises portugaises dans le secteur du design et de la création sont de plus en plus nombreuses à s’implanter sur le marché européen et international. Un succès probablement dû à leur savoir-faire en matière de matériaux et à un attrait pour l’artisanat qui leur est propre. Quelles sont les sociétés fleurissantes du secteur, leurs enjeux, leurs spécificités ? Tour d’horizon de cette industrie portugaise à suivre de près. 

Collectif GirGir : célébrer la beauté des déchets

« Nous pensons que chaque matériau a une histoire à raconter et nous nous efforçons de préserver ce caractère unique dans nos pièces. » Voici le mantra du collectif GirGir, fondé par les designers Ana Rita Pires, André Teoman et Filipe Meira. Toutes les pièces sont conçues à partir de matériaux en fin de vie, initialement destinés à devenir des déchets oubliés. Ces créations sont une célébration à la beauté de la réutilisation, en alliant l’esthétique à la fonction, en promouvant par la même occasion la culture de la durabilité des matériaux. Leur première collection, Honey, est réalisée en partenariat avec une usine dans le nord du Portugal qui produit des dalles de marbre en nid d’abeilles pour des projets de luxe. Une collection singulière, offrant un contraste entre l’aspect luxueux du marbre et le côté industriel du métal texturé. Chaque pièce dépendant des restes disponibles, celles-ci sont ainsi toutes uniques.

Table basse Travertino © Collectif GirGir

Laskasas, l’art du fait-main personnalisable 

Fondée en 2004 à Porto, Laskasas est une marque spécialisée dans la création artisanale de mobilier, de tissus d’ameublement et de pièces métalliques, pour des projets résidentiels et commerciaux. Depuis près de vingt ans, l’entreprise a mis la personnalisation au cœur de ses ambitions. Fabriqués à la main par une équipe d’artisans dans leur usine du nord du Portugal, les modèles proposés sont tous disponibles dans des matériaux, finitions et tailles personnalisables. Une configuration rendue possible grâce à une équipe spécialisée qui accompagne les clients tout au long du processus de personnalisation. Parmi ses pièces iconiques, on peut citer le fauteuil Ambrose, la table Kelly, la chaise Dale, le canapé Fletcher, le lit Brooke ou encore la lampe Jones. En 2023, la marque était présente à Maison&Objet, à la London Design Week, au Salone del Mobile, à l’ICFF et à Decorex, confirmant son positionnement sur la scène design internationale.

© Laskasas

Wewood, bois et tradition 

L’histoire de Wewood est d’abord celle de deux frères menuisiers qui fondent, en 1964, la société Móveis Carlos Alfredo, spécialisée dans la fabrication et l’exportation de meubles en bois massif. À partir de 2012, l’entreprise est rebaptisée Wewood-Portuguese Joinery, en prenant compte de son héritage et en proposant des produits dont la création est axée sur la qualité des matériaux, la construction durable et le design intemporel. Toutes les pièces sont fabriquées en petites séries afin de maintenir un savoir-faire traditionnel de haute qualité et dont l’esthétique reflète la culture et le design portugais. En septembre dernier, Wewood dévoilait deux nouveautés : la collection de tables basses et d’appoint Re-form, imaginée par Alain Gilles, ainsi que le buffet Brutalist, disponible en deux dimensions, conçu par Erno Dierckx. 

Buffet Brutalist © Wewood


Nosse Ceramics, art de la table durable 

Membre du groupe Matceramica, leader dans le secteur de la céramique au Portugal, Nosse a été fondée en 2020. Engagée dans le développement durable, l’entreprise utilise le plus de matériaux recyclés possible et vise à terme le zéro déchet. En effet, les pièces sont fabriquées à partir d’un mélange d’argile recyclée et d’argile locale. Bien que certains déchets soient inévitables, ces derniers sont collectés, traités et transformés pour permettre la création de Stone, un émail unique et écologique, fait à partir de déchets 100 % recyclés. La collection Ubuntu a par ailleurs été primée à deux reprises d’un German Design Award dans la catégorie Excellent Product Design, en 2022, ainsi que d’un Good Design Award, en juin 2023. 

Collection Freya © Nosse Ceramics

Fenabel, des assises royales

Fenabel, créée en 1992, propose des chaises sur mesure destinées aux jardins d’enfants comme aux domaines de l’hôtellerie ou de la gériatrie. La marque propose plusieurs collections réalisées en collaboration avec des designers telles que Coffee de Gian Luca Tonelli & Davide Carlesi, Liv de Muka Lab ou Suzanne. Désirant s’inscrire dans le marché européen puis mondial, l’entreprise investit dans des équipements de pointe lui permettant désormais de produire 650 chaises par jour. Qu’elle s’adresse à des particuliers ou au secteur privé, la marque met un point d’honneur à s’adapter aux projets de ses clients, qu’il s’agisse des couleurs ou des tissus. Reconnue pour ses finitions et son élégance, elle a récemment conçu des sièges pour le Vatican et la présidence portugaise.

Chaise Coffee, design : Gian Luca Tonelli & Davide Carlesi © Fenabel

Et le son devient palpable avec Claraval

Claraval conjugue design, artisanat et musicalité. Par le biais d’un processus révolutionnaire, allant de l’impression 3D au coulage en barbotine en passant par l’émaillage, la marque traduit les fréquences sonores en formes. Une manière d’immortaliser la musique en œuvres voluptueuses. Uniques et expressives, ces créations allient art et technologies pour un résultat contemporain. Symbole de ce mélange des genres, la marque, enracinée dans la ville historique d’Alcobaça, s’est immiscée dans le monastère de la ville avec la chanteuse lyrique Sónia Tavares. De cette collaboration est née la collection Monastère, qui rend palpable l’acoustique si particulière du lieu dans des vases sculpturaux et complexes. 

Collection Monastère, vase Sonia © Claraval


Le changement d’état au cœur de l’objet avec Made in Situ

Le projet Bronze & Beeswax du studio Made in Situ est né d’un moment hors du temps. En 2019, le designer Noé Duchaufour-Lawrance, en quête d’inspiration au Portugal, assiste à une fonte de bronze ancestrale dans un petit village proche de Porto. Alors désireux de créer un objet dont le design évoque le changement d’état, il s’intéresse à la cire d’abeille produite dans le pays qui devient rapidement l’élément complémentaire par excellence. De cette association découle un ensemble de quinze bougeoirs. Divisés en deux familles, Lux et Flux, ils rendent respectivement hommage à la lumière et à la cire d’abeille. Conçus avec une légère inclinaison, les bougeoirs permettent à la cire de s’écouler lentement jusqu’à se solidifier pour faire bloc avec le métal. Une façon d’allier deux matières réunies dans un objet simple et complexe, sombre et lumineux. 

Bougie en Bronze et cire d'abeille © Clement-Chevelt

Hatt, pour un design évolutif et responsable

Fondée par Jorge Macedo et Marcelo Fernandes, la marque Hatt propose du mobilier dont le design est évolutif. La marque cherche en effet à créer des produits « adaptés à la nouvelle réalité, à les faire évoluer, à donner naissance à des produits fonctionnels et transgénérationnels ». Ainsi, chaque produit se distingue par une référence, une esthétique, un choix de matériau ou d’une couleur spécifique afin de proposer des pièces résultant d’un équilibre entre fonctionnalité, esthétique et ergonomie. Engagée, la marque offre des produits pensés pour durer, tant par leur design que par le choix des matériaux et des finitions associées, puisque ces derniers sont développés à partir d’études techniques sur la durabilité des matériaux et de la production. ``

Buffet Vault © Hatt

Luísa Peixoto, ambassadrice du fait-main portugais

Considérée comme l’une des premières entreprises à avoir introduit le terme de « design portugais », Luísa Peixoto imagine des pièces uniques depuis 1997. Pionnière dans le domaine du fait-main au Portugal, sa fondatrice porte depuis vingt-six ans son travail sur un respect des matières premières, en donnant une attention spécifique aux détails. Mêlant art et design, chaque pièce est faite sur mesure, à destination d’intérieurs du monde entier. Parmi ses réalisations, le paravent conçu pour un voyage du pape Benoît XVI reste l’une des plus marquantes. Elle collabore également avec divers artistes depuis 2012. 

Buffet Meandros, réalisé en collaboration avec Paulo Neves © Luisa Peixoto

Flam&Luce, et la lumière fut 

Initialement fondé en 2001 avant d’être repris par Sílvia Fernandes en 2011, l’éditeur de luminaires Flam&Luce mise sur des créations avec une identité forte. L’entreprise combine un savoir-faire du bois, du métal et du verre pour proposer des modèles uniques, faits main. Pour la collection 2023, la marque a collaboré avec douze designers : Olivier Toulouse, Mathias, Richard Pierre Duplessix, Sylvain Vialade, Florence Bourel, Didier Versavel, Pierre Tassin, Luigi Cittadini, Thierry Nénot, Paulo Henriques, Cyril Gorin et Gildas Boissier. En plus de ces collaborations signées, l’éditeur propose chaque année une collection Studio afin de répondre aux aspirations et aux désirs des clients avec lesquels la marque a pu échanger au cours de l’année. La collection Totem, présentée en 2022, propose quant à elle des luminaires personnalisables en termes de couleurs, de matières, de formes et de tailles. 

Luminaire amor © Flam&Luce

Herdmar, accessoires de la table 

Créé en 1911, Herdmar est l’un des plus grands producteurs de couverts de table au monde, aujourd’hui présent dans plus de 80 pays. L’usine, située à Caldas das Taipas, dans le nord du Portugal, est le lieu de création de ce savoir-faire perpétué depuis maintenant quatre générations. En moyenne, 30 000 pièces sont confectionnées chaque jour grâce à une équipe de 120 collaborateurs. Au-delà de leur qualité purement fonctionnelle, les couverts Herdmar sont de véritables accessoires de mode à table, par lesquels le design s’associe aux tendances actuelles pour proposer des éléments contemporains qui mêlent qualité, innovation et tradition. Parmi les dernières nouveautés : Enso, deuxième collaboration avec le designer portugais João Ferreira, est le reflet de l’équilibre, de la force et de l’élégance, tandis qu’Osier, créé par l’équipe de design interne d’Herdmar, est un hommage à l’art ancien du travail de la tige d’osier présenté sous la forme d’une adaptation des poignées Mono.

Collection Enso © Herdmar


Zagas, savoir-faire du bois

Zagas est une marque de mobilier spécialisée dans la fabrication de meubles en bois massif. Fondée par Gonzaga Barros da Silva en 1948, l’entreprise, dont l’usine est installée à Paredes, dans la région de Vilela, est aujourd’hui dirigée par Albano, Elias et Filipe Silva. En juin dernier, lors de la Portugal Home Week de Porto, et afin de célébrer ses 75 ans, l’entreprise présentait sa première collection de mobilier de chambre. Une série qui comprendra notamment des produits des gammes Oblique, Essence et Everest, et dont le textile de lit provient de la marque Lameirinho, également portugaise.

Collection Fiore © Zagas

Colunex, pour l’amour du sommeil 

Évoluant dans le domaine de la literie, Colunex est une entreprise spécialisée dans la création d’espaces de sommeil sur mesure et propose des matelas et des oreillers adaptés, mais pas que. En effet, les lits, lampes et tables de chevet sont également personnalisés pour permettre la création de la chambre « parfaite ». Chaque phase de production est méticuleusement contrôlée, dans un respect des normes de sécurité et de qualité les plus exigeantes. Ainsi, chaque lit Colunex combine technologie et design, et cela est rendu possible grâce au savoir-faire de ses artisans. Pour les matelas, différents types ont été développés, tant pour la technologie qu’ils intègrent que pour le confort final qu’ils offrent, afin de s’assurer que chaque client y trouve son sommeil. 

© Colunex
Rédigé par 
Maïa Pois et Tom Dufreix

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3/5/2024
Le design brésilien à l’assaut de Milan

Pendant la Design Week de Milan du 16 au 21 avril dernier, les pendules étaient réglées à l’heure brésilienne. Avec un espace dédié au Salone del Mobile et une hyper présence au sein du off à travers le Brazilian Furniture Project, le pays transatlantique a su confirmer son positionnement et son envie de s’exporter au-delà du continent américain. Décryptage.

Entre son stand grand de plusieurs centaines de mètres carrés, l’ouverture de showrooms et les diverses expositions dans la ville, il était compliqué de ne pas s’intéresser au design brésilien cette année. Fort de son industrialisation, le Brésil, qui s’avère être le 6e plus grand producteur de mobilier dans le monde, était désireux de confirmer sa position et ainsi s’étendre au niveau mondial.

Une hyper-présence au Salone Del Mobile

Confortablement installé au sein du hall 3 du Salone Del Mobile, le stand « Brazil », était difficile à rater. Erigé avec le soutien d’Abimóvel et d’Apex Brasil, le Brazilian Furniture Project avait pour objectif de faire valoir à la fois le design brésilien et ses savoir-faire. Ce programme d’internationalisation, a été lancé dans le but de faire connaître ses valeurs, ses designers et ses marques. Un stand qui regroupait d'une part le travail de 22 entreprises présentants 41 nouveautés réalisées en collaboration avec des designers prometteurs au Brésil. On peut notamment citer Roberta Rampazzano qui présentait le Sofa Amigos designé pour Modalle, Dimitri Lociks avec son fauteuil Laélia pour Udra Móveis et sa collection Giro pour Multimoveis ou encore le auteuil Musa pensé par Tiago Curioni pour Zeea. .

Sofa Amigos, design : Roberta Rampazzano pour Modalle
De gauche à droite : Fauteuil Musa, design : Tiago Curioni pour Zeea / Chaise Tríade, design : Ibanez Razzera pour Declinear / Chaise Longue Laélia, design : Dimitri Lociks pour Udra Móveis

Un concentré de talents, donc, mis en parallèle avec les 9 autres marques exposées cette année à savoir Century, Sao Marcos, Green House, Modalle, St.James, Zen, Sollos et Jaderalmeida. Et le terme de « sélection » a justement son importance car ces pièces et marques n’ont pas été choisies au hasard. « La durabilité et l’environnement sont les motivations principales et font partie des critères de sélection pour prendre part au programme. Notre design est considéré comme l’un des meilleurs du monde et nous avons conscience de notre diversité et nos savoir-faire » déclarait notamment Floriano Pesaro, représentant d’Apex Brasil durant le salon.

© Abimóvel


Plusieurs happening remarqués au sein du off

Toujours en partenariat avec le Brazilian Furniture Project, l’Université de Milan présentait pendant toute la durée de la Design Week et jusqu’au 28 avril, une exposition de design intitulée « Coccoloba », mettant en perspective le travail de 53 jeunes designers réalisé en collaboration avec des entreprises locales. Prenant part au programme « Cross Vision » du magazine Interni, qui regroupe une sélection d’expositions au sein du Fuorisalone, cette présentation était l’une des plus importantes de l’édition. Sous la curration de Bruno Simões, l’exposition était présentée par ce dernier comme étant un hommage au modernisme brésilien. « L’idée était de mixer l’approche du fait main et du savoir-faire avec l’industrie et l’innovation actuelle, en gardant toujours l’idée d’avoir une approche durable du design » expliquait-il. 

Exposition Coccoloba, sous la curration de Bruno Simoes, © Intramuros

En ville, deux showroom ont retenu l’attention. D’abord, la marque Ornare, créée en 1986, qui se dévoilait pour la première fois durant la Design Week au sein de son nouveau showroom milanais, qui s’avère être le premier espace européen de la marque. Elle y présentait sa nouvelle collection Timeless, qui comme son nom l’indique, semble ne pas avoir d’âge et a été pensé de manière à pouvoir évoluer facilement avec le temps et les années. Dans le quartier de Brebra, le showroom de la galerie Etel Carmona proposait de découvrir le travail du designer Percival Lafer à qui une tribune était accordée. Le travail de plusieurs autres designers notables était également présenté, à l’instar du studio MK27 ou encore Patricia Urquiola qui collaborait une seconde fois avec la marque après la collection Raiz and Cascas en 2020. Une collection décrite par Lissa Carmona, fille d’Etel Carmona et directrice de la galerie, comme « intense et ancré dans la nature. Quelque chose d’ancestral. »

Nouvelle collection designée par Patricia Urquiola pour Etel Carmona © Intramuros

Autre installation intéressante à découvrir dans la ville, l’exposition « Piloto », curatée par le journaliste Ricardo Gaioso et présentée au sein du studio/appartement AINT via Giovanni Mayr,. Une exposition pensée comme une « expérience » présentant le travail de designers, tous brésiliens, à savoir Guilherme Wentz, Juliana Vasconcellos, Leo Lague, Melina Romano, Paolo Vilas, Patricia Anastassiadis et Ronald Sasson. 

In-situ de l'exposition "Piloto" © Filippo Bamberghi

Une semaine riche en propositions et nouveautés ayant permis une belle plongée dans la matérialité et le savoir-faire brésilien en termes de design. Le Brésil a su montrer sa détermination, confirmant que la création brésilienne a de très belles années devant elle ! 

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6/5/2024
“Infraviolet”, l'exposition hétéroclite de Ludovic Roth

Exposé jusqu'au 1er juin dans la galerie Chamagne-Hardy, le designer Ludovic Roth propose de découvrir “Infraviolet”. Une collection inclassable qui s’illustre par sa diversité.

Designer depuis une quinzaine d'années, Ludovic Roth expose jusqu'au 1er juin sa collection Infraviolet à la galerie Chamagne-Hardy située dans le VIIe arrondissement de Paris. Riche de 17 objets parmi lesquels des miroirs, des tables, des lampadaires ou encore des vases, la collection frappe par son éclectisme total. Fruit d'un travail de deux années mené occasionnellement en binôme, Infraviolet invite le visiteur à côtoyer des objets aux apparences souvent inédites.

De la diversité à tous les niveaux

Par l'absence d'unité formelle et plastique, le designer pose les codes d'un travail de conception sensible qui puise comme rare caractéristique commune, la présence de couleurs vives et des lignes épurées. Selon lui, « L’emploi de la couleur peut apporter un souffle de légèreté salutaire. » Une vision qu'il a poussée en diversifiant les médiums dont le PVC, le miroir, mais surtout le bois et le métal. Deux éléments qu'il mêle au travers de compositions très graphiques radicalement contemporaines.

Particulièrement intéressé par la matérialité et la fantaisie, le créateur passionné de sciences et de techniques a mis au point un traitement lui permettant d'obtenir un rendu irisé sur le métal. Un processus qu'il travaille depuis 3 ou 4 ans et qu'il déploie pour la première fois au sein d'une collection. « La couleur m’évoque le plaisir de créer, d’insuffler par l’objet une certaine gaieté à un intérieur. Nombreux sont ceux qui ressentent l’impact de la couleur et apprécient sa capacité à conférer à un objet une autre dimension, au-delà du "sérieux" de sa rigueur formelle » analyse le designer.

Un parcours international

« Deux années de développement ont été nécessaires pour mettre au point Infraviolet. Elles m’ont offert la possibilité de repousser les limites de ma pratique » analyse Ludovic qui cumule les projets internationaux depuis son diplôme obtenu en 2008 auprès de l'Ecole Bleue. Intéressé par la conjugaison des savoir-faire artisanaux aux techniques actuelles pour élaborer de nouveaux design, le créateur est aujourd'hui sollicité dans les domaines de l'architecture, de l'audio et de l'horlogerie. Une renommée sacrée par l'acquisition en 2022 de son luminaire Cosse en cuir et acier par le Mobilier national.

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7/5/2024
Le quartier de Soho accueille sa nouvelle boutique Cartier

La marque française de haute joaillerie Cartier ouvre une nouvelle boutique dans le quartier new-yorkais de Soho.

Déjà présente à New-York et notamment sur la célèbre 5e avenue, la maison de haute joaillerie française ouvre une nouvelle boutique. Situé plus au sud dans le non moins célèbre et gentrifié quartier de Soho, ce nouvel espace de vente fait dialoguer les codes de la marque avec ceux de son environnement urbain.

Au rez-de-chaussée, la bijouterie propose un décor chic ou s'accumule les nombreuses références au quartier ©Cartier

Une boutique pensée comme un trait d'union

Imaginée par Laurène B. Tardrew et Romain Jourdan de l'agence studioparisien, cette nouvelle adresse du luxe mêle passé et présent. Les éléments métalliques patinés ainsi que les briques du décor rappellent l'histoire industrielle du quartier tandis que la neutralité des matériaux constructifs évoque quelque chose de plus contemporain et luxueux. Au cœur de cette alliance de style, des œuvres d'art en hommage aux mouvements artistiques ayant émergés sur la côte Est, parmi lesquels le pop art et le street art, apportent des touches colorées. Des teintes qui font écho à certaines assises, rares éléments dotés de vert ou de violet.

Le bar propose une ambiance chaleureuse et conviviale dans un décor ou s'entremêle les lignes de la pierre, du tissu et du bois ©Cartier

Quatre niveaux, quatre espaces, quatre ambiances

Conçus pour différents usages, chacun des quatre étages de l'édifice entièrement dédié à la marque propose au client une découverte des produits ainsi que des lieux de détente. Au rez-de-chaussée, la longue galerie d'accueil expose les produits dans de petites vitrines et sur les étagères murales métalliques conçues en résonance avec la structure en acier du plafond. Pièce maîtresse et fil conducteur au sein du bâtiment, l'escalier décoré de la panthère fétiche de Cartier conduit à l'étage supérieur où se trouve le bar. Cet espace, le plus coloré et décorativement détaillé d'entre eux, tient à favoriser l'échange et la convivialité. « Nous avons privilégié la douceur et la féminité, en accompagnant nos dessins de lignes courbes et pures, parfois ponctuées de quelques touches d'extravagance et de couleurs exprimées dans un grand mur décoratif panthère » confie le duo d’architectes de Studioparisien.

Au troisième niveau, un appartement baigné de lumière sert à la fois d'espace d'exposition et d'invitation ©Cartier

Relativement sombre par rapport aux autres pièces, le bar s'inscrit en opposition radicale avec le deuxième étage pensé comme un appartement. Lumineux et neutre dans ses teintes, cet espace contemporain imaginé pour servir lors d'événements et de divertissements exclusifs, est le dernier niveau couvert. Au-dessus, la boutique se termine par une terrasse végétalisée. Cerné par deux pignons en briques, ce jardin propose un espace intimiste et verdoyant dominant l’une des artères principales du cœur artistique et branché de la grosse pomme.

Petit luxe de la boutique, le rooftop en plein centre de Soho invite à prendre le soleil dans un cadre particulièrement luxueux ©Cartier
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3/5/2024
À Milan, Pedrali comme à la maison

Au Salone del Mobile, Pedrali a déployé ses nouveaux modèles au gré d'un vaste stand aux allures de showroom coloré.

De la salle à manger à l'espace de détente en passant par le jardin. C'est dans ce qui s'apparente à une vaste habitation en tissu de 900m² que Pedrali  a mis en scène ses nouveaux objets lors du Salone del Mobile de Milan, début avril. Forte de onze collections, pour certaines inédites, la marque italienne a souhaité reconstituer des lieux de vie. En accordant une réelle importance aux couleurs, le studio milanais DWA Design Studio, à qui l'on doit la scénographie d'exposition, proposait aux visiteurs d'accélérer le temps pour passer en l'espace de quelques instants, des pièces baignées d'une lumière matinale bleutée, à celles illuminées d'un crépuscule orangé. Des mises en scène sobres mais évocatrices, grâce auxquelles les objets semblent projetés dans un environnement semi-réel.

L'espace Pedrali mis en place lors du Salone del Mobile ©Ottavio Tomasini

Le temps d'un déjeuner solaire

Midi sonne, le soleil est haut dans le ciel et l'ambiance est particulièrement solaire. Une atmosphère qui résonne avec les couleurs acidulées d'Héra Soft, la dernière chaise de Patrick Jouin pour Pedrali. Avec son dossier suspendu par un piètement haut, l'assise à l'allure aérodynamique entre en résonance avec la table Rizz de Robin Rizzini. Soutenu par quatre pattes métalliques de section triangulaire, l'élément central de la salle à manger dégage une âme très animale en partie due à la linéarité cassée des pieds. Un détail porteur d'un caractère froid, mais rehaussé par l'éclairage des lampes Tamara de Basaglia Rota Nodari.

Chaises Héra Soft de Patrick Jouin et table Rizz de Robin Rizzini ©Ottavio Tomasini

Repas terminé, direction le salon adjacent conçu par CMP design. Ici, les lignes sont moins strictes, les volumes y sont enveloppants et invitent à prendre son temps. Avec son armature en bois de frêne massif tout en courbe, le canapé deux places Lamorisse ainsi que ses fauteuils lounge, invitent à un début d'après-midi convivial. Autour, les tables basses Blume dessinées par Sebastian Herkner finalisent l'ambiance sereine et délicate de la pièce.

Canapé et fauteuils Lamorisse et tables basses Blume de Sebastian Herkner ©Ottavio Tomasini

Prendre le soleil partout et comme on le souhaite

Lorsque certains discutent à l'intérieur, d'autres profitent d'un moment plus reposant sur les poufs Buddy Oasi. Extension d'une collection à succès de la marque, ces modules de Busetti Garuti Redaelli sont la version extérieure du Buddy classique destiné à l'origine pour la maison. Semblables à des galets géants aux courbes polies, ces conceptions qui se multiplient et se déplacent au grès du soleil, s'approprient en fonction des envies. Ledossier mobile, lesté avec une base antidérapante, se déplace librement sur toute la surface. Fabriqués en polyuréthane pour résister aux intempéries, ils se conjuguent avec les tables basses en béton Caementum de Marco Merendi et Diego Vencato.

Poufs Buddy Oasi de Busetti Garuti Redaelli ©Ottavio Tomasini

Une fin d'après-midi, comme un regard en arrière

Le ciel devient rose et le début de soirée s'annonce. Il fait encore bon et l'heure est à la discussion dans ce qui ressemble désormais plus à une cafétéria de plein air. Une ambiance joyeuse et familiale transmise notamment par les chaises Philía d'Odo Fioravanti. La structure en acier dans laquelle vient s'entremêler un tissage en cordon PVC unis ou bicolore rappelle joyeusement la dolce vitae des 60's italiennes. Une époque, symbole de design à laquelle on repense assis autour des tables Ysilon de Jorge Pensi Design Studio, la tête dans les fougères.

Chaises Philía d'Odo Fioravanti ©Ottavio Tomasini

Une fin de journée qui entend bien accorder du temps au prélassement

Étape ultime et inratable d'une journée passée dans le confort du mobilier Pedrali, Ester Lounge signée par Patrick Jouin propose dans une ambiance plus tamisée. Initialement présentée en 2013, l'assise monolithique revient cette fois sur le devant de la scène dans une approche plus douce et harmonieuse. Avec son dossier incurvé surmonté d'un ovale qui signe la collection de sa forme, le fauteuil s'est élargi pour accueillir sans contrainte l'utilisateur. Imposante mais esthétique par ses volumes et ses pieds en aluminium moulé, Ester Lounge répond aux luminaires sans fil Giravolta et ceux suspendus Isotta, tous deux de Basaglia Rota Nodari. Une concordance entre les éléments qui procurent à Pedrali l'atmosphère chaleureuse d'une maison chic et libre d'appropriation.

Fauteuils Ester Lounge par Patrick Jouin et luminaires sans fil Giravolta suspendus Isotta de Basaglia Rota Nodari ©Ottavio Tomasini
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