En immersion chez Duvivier
© Guillaume Heraud

En immersion chez Duvivier

C’est en plein cœur du quartier Saint Germain des Prés, dans le VIe arrondissement de Paris, que Duvivier Canapés fait vivre la plus belle de ses vitrines avec son showroom de Marque. Une vitrine qui répond aux objectifs de développement de cette marque labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant qui a intégré, depuis quelques années, le design dans sa stratégie.

Pour Aymeric Duthoit, qui a racheté la maison Duvivier Canapés en 2016, « la dynamique d’une entreprise s’évalue sur ses projets ». Et autant dire que depuis six ans, la maison, créée en 1840 par le sellier-bourrelier François-Baptiste Duvivier, ne ménage pas ses troupes. Aujourd’hui, elle rassemble environ 70 salariés dont 50 artisans, pour un chiffre d’affaires avoisinant les 10 millions d’euros en 2021. C’est au sein de son showroom de marque à Paris que s’exprime cette marque porteuse du sens et des valeurs de l’excellence des savoir-faire français. Sur deux niveaux, dans une scénographie qui nous fait replonger dans le Paris chic des années 70, sont présentées les collections en situation, sous différentes finitions et dans une mixité décomplexées.
Cette vitrine au style si parisien est le troisième site de la marque; en effet,  c’est dans la Vienne près de Poitiers, que se situent les deux ateliers de la maison : l’un pour l’ébénisterie et l’autre spécialisé dans la sellerie, la couture, le rembourrage et l’assemblage.

Fait main en France

« Le vrai Fait Main, issu des savoir-faire français, est un capital rare et durable qui cache une beauté unique. Chez Duvivier Canapés nous cultivons et perpétuons cette excellence artisanale qui se transmet depuis des générations, ici au cœur de la Vienne » explique Aymeric Duthoit. La maison Duvivier Canapés poursuit son développement en se dotant d’une nouvelle ébénisterie qui verra le jour fin 2022, adjacente à son atelier de sellerie et tapisserie à Usson du Poitou. Un projet qui s’inscrit dans l’ancrage territorial revendiqué par la maison. « Des investissements importants sont réalisés pour se doter d’équipements dernier cri qui permettront de renforcer la capacité d’innovation et de création de valeur de la maison. Nous avons l’ambition de créer, à deux heures de Paris, un centre de compétences et de savoir-faire au service de la collection de la maison et aussi au service de la communauté des prescripteurs architectes, designers…», poursuit Aymeric Duthoit. C’est l’une des étapes importantes pour renforcer l’activité́ de l’entreprise sur deux marchés : une fabrication pour le particulier (marché principal actuel) et une prestation sur-mesure pour le B to B. De fait, la fabrication pour des grandes maisons de luxe françaises est déjà pratiquées. « Attention, nous ne sommes pas dans un objectif premier de volume. Notre volonté est de conserver et développer des savoir-faire et des compétences dignes de la haute facture. »

© Guillaume Heraud
Duvivier Canapés, collection Serge, design Pierre Gonalons © Paul Blind

Le design au cœur du repositionnement de la marque

Avec les savoir-faire dans le travail du bois et du cuir; avec l’exceptionnelle beauté des cuirs, le design est devenu un axe prioritaire avec Aymeric Duthoit. Il ouvre l’entreprise à des collaborations externes, en faisant appel à des designers comme Charlotte Juillard : « Pour la collection Jules, le brief de Charlotte était de réunir les trois matières fétiches de la maison, le cuir, le tissu et le bois. » En 2018, Guillaume Hinfray, styliste et designer dans l’accessoire de mode de luxe,  entame une collaboration avec Duvivier Canapés et en devient son directeur artistique en 2019. Sa mission est de repositionner les gammes avec un esprit plus contemporain dans un style chic décontracté, tout en respectant l’ADN artisanal de la maison. Sa propre collection Elsa en est un bon exemple, avec des lignes plus rondes, soulignées par la présence de sangles en cuir autour de coussins en forme de polochon : élégant et chaleureux. Il revisitera aussi la chilienne avec Émile, qui réunît les codes du luxe et d’un certain art de vivre à la française, un chic décontracté́, qui mêle le travail du bois et du cuir. Pierre Gonalons a quant à lui signé l’an passé un majestueux chesterfield, baptisé Serge, en hommage au Paris rive gauche des années 70 (lire Intramuros 210). La collection est lancée à l’édition de Milan de septembre 2021, puis est reprise à la Dubaï Design Week, la collection Elsa équipant quant à elle le salon George Sand du pavillon français lors de l’Exposition universelle de Dubaï.

L’engagement d’une entreprise à taille humaine

Duvivier Canapés produit totalement à la commande. Si cela demande une certaine agilité́, les artisans de l’atelier en retirent une forte motivation : « En fabrication, deux modèles qui se suivent sont totalement différents. » Très impliqué sur la question du maintien en local de l’emploi et des savoir-faire , Duvivier Canapés fait face, comme l’ensemble du secteur, à des difficultés de recrutement. Il a donc monté un partenariat avec Pôle Emploi dont l’objectif est d’identifier des candidats présentant les bonnes aptitudes. La maison forme ensuite elle-même, dans un principe de transmission, les artisans qui accompagnent le développement de son activité. Comme le remarque Aymeric Duthoit, « on est en train de passer d’un monde où l’on embauche la personne parce qu’elle sait faire le travail, à un monde où on va l’embaucher pour ce qu’elle est et la former. Le savoir-être prend le pas sur le savoir-faire. Et on voit nombre de personnes en reconversion qui trouvent du sens à pratiquer un travail manuel dans une petite entreprise »

Duvivier Canapés, collection Elsa, design Guillaume Hinfray © Paul Blind

L’expérience d’une marque unique

Les périodes successives de confinement et de restriction ont accéléré la transformation digitale que la maison avait entamée : le site est repensé avec une visite virtuelle du showroom de la marque qui permet de trouver l’inspiration et repérer un modèle. En flashant celui-ci, l’internaute bascule sur un configurateur, précise les dimensions souhaitées, les matières et les couleurs, et peut même le projeter en 3D en réalité́ augmentée dans son propre intérieur. Une fois la configuration terminée, le prix apparait. « La transparence et la sincérité envers nos clients sont des notions importantes pour notre maison. » précise Estelle Wierzejewski, directrice du marketing. « Nous avons à cœur de partager avec eux les valeurs qui nous animent tous : designer, concepteurs, artisans… Quelque soit la manière par laquelle ils entrent en contact avec la marque, showroom physique ou site internet, tout au long de leur parcours, ils découvriront son univers, ses valeurs, ses savoir-faire, sa signature, ses exigences de qualité. »


Rédigé par 
Nathalie Degardin

Vous aimerez aussi

Temps de lecture
14/1/2025
Patrick Jouin édite une première collection de mobilier

Le designer Patrick Jouin a dévoilé en exclusivité au sein de son studio du 8e arrondissement, sa toute première collection de mobilier auto-éditée.

« L’auto-édition me permet de faire des pièces que je ne pourrais pas forcément faire avec les éditeurs. C’est un espace de liberté dans lequel je peux faire ce que je veux » déclarait Patrick Jouin lors de la présentation de sa première collection autoéditée. Une collection qui est le fruit de plusieurs années de travail pour arriver aux produits finis. Un ensemble composé de différents éléments singuliers, entre simplicité et complexité, et qui mêle différentes pratiques qui sont chères au designer, pour une ode aux détails et aux savoir-faire artisanaux.

Le fauteuil Olo, tout en simplicité

Le premier élément de la collection est un fauteuil en cuir intitulé Olo. Une pièce qui semble complexe, mais que le designer a au contraire souhaité la plus simple possible. « C’est notre première collection, on s’est donc contraint nous-même à faire quelque chose qui ne soit pas trop complexe » explique le designer. Un fauteuil habillé d’un cuir non traité volontairement, pour laisser à la matière la possibilité de se transformer avec le temps et les épreuves rencontrées au fur et à mesure pour offrir un caractère spécifique à la pièce.

Fauteuil Olo, Patrick Jouin éditions © C.Seuleusian

La table Drop, la touche colorée

Passionné de peinture à laquelle le designer aime s’adonner dans son temps libre, la table drop allie avec précision les peintures « coulées » avec précision sur le plateau en tôle d’acier. Un travail en plusieurs étapes pour arriver à des associations de couleurs à la fois vives et singulières. Un modèle disponible sous forme de table, de guéridon et de table basse.

Table à manger, table basse et guéridon Drop, Patrick Jouin éditions © C.Seuleusian

Le service de table Flip, tourné, retourné

« La première pièce de l’agence était une chaise et la seconde était une assiette pensée pour Alain Ducasse » racontait Patrick Jouin. Un objet que le designer affectionne particulièrement, car il lui rappelle des souvenirs d’enfance où lorsqu’après avoir fini sa soupe étant enfant, il fallait retourner l’assiette pour prendre son dessert. Un set de trois assiettes en grès pensées de cette façon, en tourné retournée, qui peut en laisser entrevoir six et laisser place à plusieurs possibilités d’assemblage et de présentation de la nourriture. Réalisées par une céramiste, les assiettes sont sublimées par des émaux coulés et colorés par des palettes de couleurs utilisant le même principe de coulage que pour la table Drop.

Service de table en trois pièces Flip, Patrick Jouin éditions © C.Seuleusian

Le tabouret transportable Mate

Inspiré des reposes sacs imaginés dans le restaurant Louis XV du Chef Alain Ducasse, Mate est un tabouret nomade pliable, en bois et cuir. À la manière d’un origami, il se plie et se déplie en un mouvement, pour se transporter à la main, comme un sac.

Tabouret pliant, Patrick Jouin éditions © C.Seuleusian

La chaise pliante Monk

En adoration des chaises pliantes, Monk se situe entre l’objet purement fonctionnel et le raffinement d’une pièce d’ébénisterie haut de gamme. Une pièce dont la structure est en chêne massif, dont le savoir-faire en termes d’usinage offre des subtilités au niveau du dossier notamment, pour offrir un confort précis.

Chaise pliante Monk, Patrick Jouin éditions © C.Seuleusian


Temps de lecture
27/12/2024
Not A Hotel : Fusion élégante de tradition et de modernité

Not A Hotel propose un nouveau modèle de résidence secondaire, alliant luxe et flexibilité. Conçue comme une signature architecturale unique, chaque propriété est située dans des emplacements exceptionnels à travers tout le Japon, qu’il s’agisse de montagnes, de littoraux ou de campagnes paisibles.

NIGO®, Not A Hotel, Tokyo, Japon © Courtesy of Not A Hotel
NIGO®, Not A Hotel, Tokyo, Japon © Courtesy of Not A Hotel
NIGO®, Not A Hotel, Tokyo, Japon © Courtesy of Not A Hotel
NIGO®, Not A Hotel, Tokyo, Japon © Courtesy of Not A Hotel
Toji, Not A Hotel, Minakami, Japon © Courtesy of Not A Hotel
Toji, Not A Hotel, Minakami, Japon © Courtesy of Not A Hotel
Toji, Not A Hotel, Minakami, Japon © Courtesy of Not A Hotel
Toji, Not A Hotel, Minakami, Japon © Courtesy of Not A Hotel
Toji, Not A Hotel, Minakami, Japon © Courtesy of Not A Hotel
Irori, Not A Hotel, Kitakaruizawa, Japon © Kenta Hasegawa
Irori, Not A Hotel, Kitakaruizawa, Japon © Kenta Hasegawa
Irori, Not A Hotel, Kitakaruizawa, Japon © Kenta Hasegawa
Irori, Not A Hotel, Kitakaruizawa, Japon © Kenta Hasegawa
Irori, Not A Hotel, Kitakaruizawa, Japon © Kenta Hasegawa

Retrouvez l'article complet dans le numéro 222 d'Intramuros, disponible en kiosques et sur notre boutique en ligne.

Temps de lecture
26/12/2024
Studio Drift, la célébration festive par nature

Fondé en 2007 par les artistes néerlandais Lonneke Gordijn et Ralph Nauta, le Studio Drift réunit nature et technologie dans des dispositifs souvent spectaculaires – en particulier avec l’usage de drones – et enclins à un esprit de célébration parfois très symbolique et festif, à l’image des différentes installations présentées au cœur du célèbre festival américain Burning Man.

"Franchise Freedom", Burning Man, 2018 © Rahi Rezvani
"Ego", théâtre royal Carré, Amsterdam, Pays-Bas © Ossip van Duivenbode
"Franchise Freedom", Art Basel, Miami © Jon Ollwerther
"Franchise Freedom", Central Park, New York, Etats-Unis © Keenan Hock
"Social Sacrifice", Drone Stories x SKYMAGIC, Biennale de Venise, Italie, 2022 © Ossip van Duivenbode
"Tree of Ténéré", Burning Man 2017, Etats-Unis © Arjen Van Eijk
"Shy Society", palais Strozzi, Florence, Italie © Ela Bialkowska, OKNOstudio
"Franchise Freedom", Burning Man 2022, Etats-Unis © Arjen Van Eijk
"Fragile Future", Trapholt, Kolding, Danemark © Stjernegaard
"Franchise Freedom", Burning Man 2022, Etats-Unis © Arjen Van Eijk
"Shy Society", palais Strozzi, Florence, Italie © Ela Bialkowska, OKNOstudio

Retrouvez l'article complet dans le numéro 222 d'Intramuros, disponible en kiosques et sur notre boutique en ligne.

Temps de lecture
19/12/2024
Dune, entre sable et volupté

Le designer Cherif Medjeber Dit dévoilait début décembre le fauteuil Dune, inspiré de différents voyages, et qui associe différentes techniques traditionnelles.

Inspiré de ses voyages à Barcelone, Fès et Rabat, le fauteuil Dune imaginé par le designer Cherif Medjeber Dit est fait en mortier d’Argile, s'inspirant notamment de techniques traditionnelles de poterie marocaine. Un fauteuil aux couleurs chaudes, qui se réfère au souffle du vent, à la chaleur du soleil et l’écoulement du sable. Plus qu’une simple pièce, ce fauteuil rappelle au designer des souvenirs d’enfance passés sur les plages d’Alger, à un moment où le design n’était pas encore une option, mais qui permet de lui rappeler que ce dernier a finalement toujours été présent dans sa vie.

Dune est disponible à la boutique Casanova, au 10 quai de la megisserie à Paris : https://www.casanovaparis.fr

Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir chaque semaine l’actualité du design.