Grands Prix de la création
Wendy Andreu lance son studio en 2016. Reconnue pour avoir imaginé le procédé Regen qui lui a permis de créer tout un artisanat, elle développe depuis des pièces éclectiques autour de ce dernier, entre autres projets de mobilier, joaillerie ou aménagements d’intérieur. En septembre 2024, elle était lauréate des Grands Prix de la création pour récompenser l’ensemble de son travail.
Wendy Andreu a été formée à l’école Boule en métal avant d’intégrer l’Académie d’Eidhoven en design pendant 5 ans jusqu’en 2016. À peine sortie d’école, elle lance son « one Women business » afin d’être indépendante et commencer les projets et les collaborations, notamment avec Faye Toogood à l’époque. Depuis, elle a installé son atelier à Paris dans le 19e arrondissement au sein de Métropole 19 pour élaborer ses projets, mais également de continuer à mener des recherches sur son procédé Regen, qu’elle développe depuis maintenant 10 ans.
Un artisanat unique
L’aventure Regen commence en 2014, lorsque, dans le cadre d’un projet d’école elle décide d'élaborer une collection textile d’accessoires de pluie - qui donnera le nom à son procédé qui n’est autre que la traduction littérale de pluie en néerlandais - et qui s’avère être un réel saut dans le vide pour la designeuse qui n’a aucune expérience dans le domaine. « J’avais une formation en métal suite à mon passage à l’école Boule, c'est le métier que j'ai appris et donc se lancer dans le textile en faisant des moules en métal n’a pas été le plus simple au départ. J’ai commencé alors que je ne savais pas faire, et pour contourner le problème j’ai dû trouver des solutions alternatives. » Sans formation pour manier les machines à tisser, elle décide de coller les matières, du latex et de la corde de coton à l’époque, pour parvenir au résultat estompé. Une technique réalisée comme un test au départ sur un simple échantillon expérimental qui lui permet finalement de développer tout un artisanat qui aujourd’hui lui est propre. « Il y a toujours une innovation qui s’ajoute au fur et à mesure des années et comme je n’ai aucune référence pour m’aider j’invente des choses, ce qui me permets d’acquérir de nouveaux savoir-faire au fil du temps. »
Des objets très techniques, qui nécessitent des heures de travail pour créer la « peau textile » parfaite, confectionnée à partir d’un moule en métal, pour ne pas oublier ses origines et sa formation initiale. Wendy Andreu confectionne tous ses moules et utilise toutes sortes d’outils, parfois inattendus, comme un couteau de jardinier ou encore un peigne pour chien, l’objectif étant de pouvoir arriver au résultat attendu. Des pièces toutes uniques, confectionnées à la main avec l’aide d’une tapissière pour toutes les finitions. Parmi ses réalisations, on peut citer l’imposante Dragon chair, l’assise Soft Stools ou plus récemment la Ghost Chair réalisée dans le cadre de l’exposition « Les Aliénés du Mobilier national. »
L’importance du process
Et si son procédé de départ se développe à partir de ficelle collée avec du silicone, elle aime continuer de jouer avec les matières et les contraintes pour étendre sa technique. « Je suis assez curieuse de tous les matériaux, mais particulièrement des techniques et des process, et la manière de les modifier pour arriver à de la nouveauté. » Avec la marque française Polène, elle a travaillé à partir de rébus de cuir pour une édition limitée de 200 miroirs. Pour MontBlanc, elle a travaillé sur un comptoir de 9 mètres de long avec la contrainte d’adapter sa technique aux normes coupe-feu, puisque le bâtiment est situé dans un espace public. Enfin, avec l’entreprise coréenne Hyosung, qui fabrique des fibres en lyocelle - matière notamment utilisée pour renforcer les pneus - elle a confectionné le fauteuil Tyre.
Des innovations techniques qui demandent des temps de recherche importants et surtout nécessaires pour continuer de faire évoluer la pratique, mais auxquelles la designeuse ne souhaite pas accorder 100 % de son temps. « J’aime me dire que j’ai une partie prospective dans mon travail avec ces temps de recherche pour développer ma technique et de l’autre côté l’aspect commission et commandes de pièces. Les deux vont ensemble, la prospective permet d’inspirer la commission et la commission permet de financer la recherche. » Une idée qui rejoint son envie de faire du design avant tout, sans avoir d’étiquette précise ou de chemin tout tracé. « Il n’y a pas d’esthétique particulière qui prédomine dans mon travail, je dirais plus que ce sont plutôt les process qui m’interpellent. Mon univers n’est pas formel mais très rationnel, je cherche surtout à comprendre comment les choses sont faites. »
Autres projets inspirés
En parallèle de sa pratique autour de Regen, Wendy Andreu travaille sur des projets qui allient différents matériaux, notamment le métal et plus récemment le verre, dans le cadre de sa résidence au CIRVA durant laquelle elle a élaboré la collection de vases Jardin Mécanique. Pour Théorème Éditions, elle collabore sur la seconde collection de l’éditeur avec le miroir Maze et pour Rimowa, elle imagine la table basse Aircraft.
Avec le designer Bram Vanderbeke, rencontré sur les bancs d’Eidhoven, elle collabore sur différents projets, notamment sur les pièces Triple Pyramid & Upside Down Pyramid, réalisées avec la galerie Nilufar dans le cadre de l'exposition FAR lors de la Design Week de Milan en 2019, ou encore sur l’aménagement intérieur de la boutique du musée du design de Gand, en Belgique. Un travail qu'elle réalise seule ou en collaboration, mais qui répond toujours à une commande spécifique, qu'elle aime voir aboutir. « Ça me rend heureuse de faire quelque chose pour quelqu’un, c’est d’ailleurs pour ça que je suis designer et pas artiste. J’aime l’aspect de commande pour faire plaisir aux autres.»
Pour les mois à venir, les projets devraient continuer d’osciller entre réponses aux commandes, temps de recherche et élaboration de nouvelles collaborations. En parallèle, la designeuse confie avoir un rêve, celui de créer un jour, un best-seller, une pièce anonymisée qui ferait partie du quotidien. Bien qu’elle conçoit que son design soit pour le moment plutôt Collectible, on sait bien qu’il ne faut jamais dire jamais…
La ville de Paris remettait, mardi 17 septembre, les Grands Prix de la Création 2024. Une récompense imaginée pour valoriser des créations en cohérence avec les enjeux sociétaux.
A Paris, berceau des métiers d’Art, les savoir-faire d’hier ont été récompensés pour répondre aux enjeux de demain. Mardi, la mairie de Paris récompensait sous les ors de la salle des fêtes de la mairie, huit Grands Prix de la Création destinés aux domaines du design, de la mode et des métiers d'art. Une manière de « soulever des enjeux sociétaux et notamment environnementaux » décrit Nicolas Bonnet-Oulaldj, adjoint de la mairie de Paris en charge du commerce et de l'artisanat. Une ambition portée par des fabrications locales et énergiquement pauvres, mais aussi par des questionnements quant au travail et au sourcing de la matière. Accompagnés par leurs présidents de jury, les lauréats ont reçu une dotation de 18 000€ destinée à pérenniser leurs entreprises naissantes.
Le design qui prend forme
Cette année, le jury design présidé par Constance Guisset – designeuse elle-même récompensée en 2017 – a souhaité « privilégier des personnalités au clair dans leurs avancées, tant dans leur rapport à l'artisanat qu'à l'industrie ». Wendy Andreu a ainsi été récompensée du Prix révélation pour son travail de développement d'un textile ni tricoté ni tissé, mais collé destiné notamment à la 2D comme à la 3D. Marlène Huissoud repart de son côté avec le Prix engagement pour ses créations sculpturales à destination des pollinisateurs. « Un travail de fourmis à destination des insectes, mes premiers clients » s'amuse la créatrice.
La mode qui rhabille les habitudes
Côté mode, le jury présidé par le fondateur de la marque Pigalle, Stéphane Ashpool, a souhaité insuffler « un élan de développement aux structures ni trop récentes, ni trop installées. » Un parti-pris pour lequel Lucille Thièvre, qui a fait ses débuts chez Hermès et Givenchy s'est vu attribuer le Prix révélation pour ses pièces féminines et inclusives. Mossi Traoré, figure confirmée de la scène mode et fondateur des Ateliers d'Alix reçoit quant à lui celui de l'engagement pour ses conceptions textiles à base de matière organique. À noter également le Prix accessoires attribué au jeune créateur de 22 ans, Philéo Landowski, qui explique mêler « la forme identitaire et le confort de chaque chaussure, par une approche structurelle de l'objet », et le Prix accessoires bijoux remis à Kitesy Martin pour sa marque de bijoux confectionnée à partir des stocks dormant de grandes maisons de couture. Une manière de faire naître « des associations inattendues et de nouveaux équilibres. »
Les métiers d’art d’hier repensés pour demain
Enfin, le jury des métiers d'art porté par le regard de Chloé Nègre selon qui « les dossiers sélectionnés ont eu pour point commun de faire un pas de côté pour aborder la création par une approche centrée sur la recherche », a remis deux récompenses. La première dans la catégorie révélation pour Antonin Mongin. Créateur surprenant, le docteur en design s'est penché sur les cheveux et leur valorisation par le biais d'objets quotidiens comme des sacs ou des bijoux. Une pratique courante au XIXe siècle qu'il développe sous un jour nouveau pour remplacer la fourrure animale. Côté engagement, le prix a été décerné à Tony Jouanneau, designer produit tourné vers l'écoconception et le biodesign illustré récemment par la création d'une teinte naturelle à base d'une espèce invasive d'oursins au Japon.
Autant de talents à suivre, qui, au-delà des savoir-faire, participent depuis près de trente éditions, à l'ouverture de nouvelles pistes.
Les Grands Prix de la création la ville de Paris fêtent leur 30 ans en septembre. La rétrospective des lauréats primés donne une lecture passionnante de l’écosystème de la création parisienne, et surtout témoigne des changements forts de paradigme dans ce secteur. Deux expositions sont d’ailleurs à voir pendant la Paris Design Week : à l’Hôtel de ville et à la Galerie Joseph. Partage d’expériences avec Laurianne Duriez, cheffe du Bureau du Design, de la Mode et des Métiers d’Art et directrice des Ateliers de Paris.
Entre lieux dédiés, accompagnements, Grands Prix… pourquoi la création est une filière aussi stratégique à Paris ?
Au départ centrés sur les arts, les Grands Prix ont intégré la mode, les métiers d’art et le design, marquant le début d’une politique de soutien à la création à Paris. C’était valoriser l’extrême dynamisme de cette filière par la mixité d’acteurs sur ces métiers de la création. Sur un même territoire, on en a un nombre d’écoles incroyables sur la mode, le design et les métiers d’art, un nombre d’ateliers, d’entreprises, d’agences de marques qui n’a cessé de développer et de se renouveler. Si l’on prend le prisme de la mode, les créateurs du monde entier s’inscrivent pour défiler pendant les fashion weeks, c’est le lieu où il faut être visible : Paris reste la capitale de la mode. Et c’est possible grâce à la présence d’ateliers de savoir-faire, d’agences de design… On n’analyse jamais assez combien ces écosystèmes s’enrichissent entre eux, s’imbriquent, sans parler de la richesse de la programmation culturelle et de l’ensemble des événements. Les créateurs sont dans un environnement qui leur permet de se nourrir d’une multiplicité d’expressions.
Comment les designers se positionnent dans cet écosystème, justement ?
Observer l’évolution des profils des lauréats des Grands Prix est intéressant ; on remarque bien sûr des périodes fortement en résonance avec les arts décoratifs, tournées sur de la création industrielle, avec des personnalités devenues des grands noms connus à l’international. On a vu apparaître cette appétence pour l’artisanat, alors qu’il y a quelques années le design s’en emparait peu. A l’image de François Azambourg – lauréat des grands prix en 2004 – qui a marqué ce virage. Pour certains, le secteur artisanal permet une discussion et une gestion plus globale de leur projet, parfois difficile à mener dans le monde industriel. Et l’envie de trouver de nouveaux modes de production, qui reconnaisse davantage le temps de la conception pour la rémunération.
Plus récemment des profils très différents ont émergé, très soucieux d’inscrire leur projet dans un contexte réfléchi et de maîtriser l’ensemble du process. Ce sont des designers attachés à la ressource des territoires, qui sortent de Paris pour découvrir des savoir-faire. C’est une génération plus engagée, consciente, qui réfléchit à son impact. Elle veut produire des choses qui ont du sens et qui soient en lien avec une histoire et un territoire, elle veut compter dans l’histoire de l’entreprise, agir sur son développement, voire agir sur un savoir-faire ou des techniques pour qu’elles perdurent.
Parmi ces designers engagés, certains sont véritablement des chercheurs ?
Oui, ils veulent répondre à des enjeux environnementaux et sociétaux, en apportant une réponse. A l’image de Samuel Tomatis, lauréat en 2021 ou d’Anna Saint-Pierre lauréate en 2022, qui cherche à valoriser une ressource pour en faire un matériau : l’algue pour Samuel Tomatis, les déchets du bâtiment pour Anne. Et c’est essentiel de les soutenir car il y a très peu d’aides financières pour accompagner ses projets. Il manque vraiment des dispositifs pour accompagner le design d’innovation, l’expérimentation, et le développement économique, car les concours ne sont pas suffisants pour monter un projet. Ces designers sont souvent seuls, en indépendants, ils ont besoin d’avoir une équipe, de payer des prototypes, de travailler en laboratoire pour tester les caractéristiques : le travail de création de matière demande des enveloppes pour payer des prestations de service et des tests, et les premières années les banques vont difficilement les suivre pour des prêts. Ce sont des projets compliqués où il y a tout à faire, où il faut convaincre des industriels, des filières, voire créer la filière quand il s’agit de récupération de déchets. Les finances sont un vrai frein, et pourtant le design a à jouer un rôle dans ce secteur-là.
Les grands prix révèlent-ils ces prises de risques ?
Oui, le recours au concours pour certains est une question de survie, pour d’autres cela permet d’avoir la reconnaissance pour avoir des investissements, rassurer des clients. Cela leur donne une assise pour leur activité. La bourse est un coup de pouce financier qui leur sert à embaucher, financer une prochaine collection dans la mode, s’installer dans un atelier, acheter du matériel, aller à un événement… et évite un prêt.
Mais les Grands Prix révèlent aussi les grandes tendances : depuis six ans, il y a une vraie révolution, l’ensemble des projets ont un engagement pour apporter des réponses et faire que l’on vive dans un monde plus vivable. Cela va de l’innovation sociale jusqu’à la gestion des déchets, les questions de genre et d’inclusivité. Dans la mode comme dans le design, on retrouve des projets engagés. Des créateurs de mode comme Maitrepierre (lauréat 2021) ou Victor Weinsanto (lauréat 2022) cassent les codes et prennent la parole sur ces sujets de société. Dans la mode, que des projets de modes responsables. On veut produire à la demande, localement, prise de risques. On change le modèle je sors une collection, je fais un stock, et c’est tout un changement organisationnel. Que leurs créations apportent des réponses.
A côté des Grands Prix, l’incubateur est aussi un soutien important ?
Nous avons un plan d’action complémentaire : notre structure qui accompagne tous les types de projets, en faisant constamment évoluer notre offre. L’incubateur nous a permis d’être visible pour faire grandir cet écosystème parisien : la famille des résidents, les lauréats des Grands Prix, tous les lieux dédiés (Villa du Lavoir, cité Taillandier, Caserne des Minimes…)
Ces lieux dédiés sont essentiels pour maintenir les créateurs sur le territoire au regard du prix du marché ; la mixité de professionnels permet la création de ces écosystèmes qui entre eux grandissent : un graphiste va travailler avec une marque de mode, un designer entraider un artisan. Ils ne sont pas seuls, et c’est ce que je présente aux délégations.
Ce dispositif d’incubation a été pionnier il y a plus de 15 ans ?
C’est effectivement le premier incubateur mondial qui rassemble ces trois secteurs, on a servi de modèles pour des incubateurs à New York, Londres, Amsterdam… Mais notre accompagnement ne se limite pas aux résidents, il existe une offre dédiée à tous les professionnels du territoire avec des cycles de formation dont certaines sont gratuites. Et dans cet écosystème de la création, à côté des Grands Prix, existent d’autres actions de visibilité et de rayonnement comme le label Fabriqué à Paris, les actions à l’international…
Quels sont les projets à venir ?
Deux nouveaux lieux vont être crées dans les prochaines années avec plus d‘interdisciplinarité, avec des ingénieurs, des paysagistes, des architectes, pour aller plus loin dans la mixité. Pour davantage rendre visible les designers qui travaillent pour le public, pour les collectivités les territoires, on va lancer avec la Ville de Paris une action sur le design d’actions publiques où l’on va faire travailler des écoles parisiennes de design en lien avec les directions de la ville de Paris pour faire remonter des problématiques. Notamment avec l’ENSCI-Les Ateliers et Master design d’action publique de Sciences-Po.
Les rendez-vous de la Paris Design Week
A l’occasion de la Paris Design Week et des Journées européennes du Patrimoine, les Grands Prix de la création proposent deux expositions dédiées. Du 7 au 17 septembre d’abord, durant la Paris Design Week, GOODMOODS présentera (RÉ)CRÉATION, une exposition imaginée pour la Ville de Paris célébrant les trente ans des Grands Prix de la Création. Dévoilée au sein de la Galerie Joseph rue Payenne, l’installation honorera trois décennies de design français avec un regard enjoué et engagé. Les pièces des lauréats, sélectionnées pour leurs jeux de couleurs optimistes et leurs traits fantaisistes, dialogueront au cœur d’un décor aux airs de cour d’école. À découvrir 5 rue Payenne, 75003 Paris.
Depuis 30 ans, les Grands Prix de la Création de la Ville de Paris récompensent les talents du Design, de la Mode et des Métiers d’Art. Afin de célébrer cet anniversaire, une exposition retrospective propose de (re)découvrir leurs approches prospectives et créatives. Exposition sur inscription, 3 rue Lobau, 75004 Paris.
En 2023, les Grands Prix de la création de la ville de Paris fêtent leur 30 ans ! L’occasion de revenir sur le parcours de précédents lauréats mais également de découvrir des talents émergents à travers le lancement de son annuel appel à candidatures, ouvert jusqu’au 22 mai.
En 2023, les Grands Prix de la création de la ville de Paris fêtent leur 30 ans ! L’occasion de revenir sur le parcours de précédents lauréats mais également de découvrir des talents émergents à travers le lancement de son annuel appel à candidatures, ouvert jusqu’au 22 mai.
Matali Crasset, Ronan Bouroullec, José Lévy, studio Lacoua… Depuis la création du Prix en 1993, ils sont 150 créateurs à avoir été récompensés et à s’être aujourd’hui développés sur la scène design française et internationale. Pour sa 30e édition, les Grands Prix de la Création remettront sept récompenses : 3 Grands Prix, 3 Talents émergents et 1 Prix Accessoires de mode. Pour désigner les lauréats de cette édition anniversaire, trois présidents de jury ont été sélectionnés : Inga Sempé dans la catégorie Design, Jean-Charles de Castelbajac en Mode et Isabelle Stanislas pour les Métiers d’art.
30 ans et sept prix remis
Les trois Grands Prix récompensent un(e) professionnel(le) pour la qualité de son projet et de son parcours, sa stratégie de développement, son engagement dans la transmission des savoir-faire ou l’innovation. Ces derniers s’adressent aux professionnel(le)s déjà expérimenté(e)s et aux entreprises et marques dont le développement est avancé. Les Prix Talents émergents quant à eux ont vocation à récompenser des professionnel(le)s avec un projet prometteur. Enfin, le prix Accessoires de mode distinguera un projet d’accessoires émergent ou confirmé (maroquinerie, chaussures, gants, ceinture etc.).
Chacun des sept lauréats recevra une dotation de 18 000 euros : 8 000 euros par la Ville de Paris et enrichi via le Fonds pour les Ateliers de Paris par des partenaires privés : la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, ADC, le Groupe Galeries Lafayette, ESMOD, Plendi by VINCI Construction, Roger Pradier, Victoire, et le Groupe Galia.
Une retrospective en septembre
Plusieurs temps forts viendront également ponctuer cette édition anniversaire. En effet, une exposition rétrospective est d’ores et déjà prévue durant les Journées Européennes du Patrimoine dans les Salons de l’Hôtel de Ville, les 16 et 17 septembre prochains.
Les Grands Prix de la Création sont ouvert à tou(te)s les professionnel(les) du design (produit, espace, de service, culinaire, graphique…), de la mode (prêt à porter, accessoires de mode…) et des métiers d’art (ébéniste, mosaïste, céramiste, verrier.ère, bijoutier.ère…) partout en France. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 22 mai 2023.
Mardi 13 septembre, sept prix ont été décernés à l’Hôtel de Ville de Paris pour récompenser le travail de créateurs au savoir-faire pour certains émergent et pour d’autres confirmé.
En 1993, Paris salue la création avec la mise en place des Grands Prix de la Création Ville de Paris. Jusqu’en 2003, la capitale ne mettait en lumière qu’un lauréat. Depuis, ce sont 3 catégories distinctes qui sont à l’honneur : design, mode et métier d’art.
Des projets réalistes et responsables
Dans la catégorie « Design », François Azambourg a présidé un prestigieux jury composé de 13 membres dont 2 anciens lauréats. Olivia Polski (adjointe à la Mairie de Paris), Bernard Chauveau (éditeur), Clélie Debehault (co-fondatrice de Collectible), Silvia Dore (présidente de l’Alliance Française des Designers), Amélie du Passage (fondatrice de Petite Friture), Julie Gandini (responsable des Fonds Art Contemporain de la Ville de Paris), Jocelyne Imbert (designer et cheffe de projet vêtements et accessoires à l’ENSAD Paris), Grégory Lacoua (designer et ancien lauréat), Cécile Larrigaldie (directrice actions artistiques mécénat et patrimoine du Groupe Galeries Lafayette), Pauline Male (directrice du Craft), Cloé Pitiot (conservatrice au musée des Arts Décoratifs), Michel Roset (directeur général et président de Roset) et enfin Samuel Tomatis (designer et ancien lauréat) ont choisi 2 lauréats parmi 80 candidatures.
Dans la catégorie « Talent émergent », Anna Saint Pierre s’est distinguée avec la poursuite de son projet de fin d’études, la récupération et la transformation de rebuts de matériaux de chantier. L’intelligence de sa démarche est le réemploi des déchets directement sur site. Pour exemple, la jeune doctoresse en design upcycle la façade de bureaux déposée en revêtement de sol. « Faire vivre la mémoire des sites en identifiant des gisements de matières déchets » est le fondement de son travail. Son second projet, développé avec la Manufacture de Sèvres, est un vase recouvert d’un nuancier d’émaux de couleurs réalisées à l’aide de déchets architecturaux. Grâce à son prix, Anna souhaite réaliser un laboratoire mobile qui lui permettra de passer d’un chantier à l’autres afin de concasser les matériaux plus rapidement.
Si Perron et Frères façonnent le bois et développent des pièces pour des projets d’architecture intérieure ou des marques, ils font en sorte de ne pas le gaspiller. Gérald Perrin, ébéniste et marqueteur, et Mayeul Reignault, designer, ont proposé des tréteaux entièrement, réalisés à l’aide de chutes assemblées par emboitement, ainsi qu’un banc savamment brûlé. Le binôme remporte le Grand Prix de la Création de la Ville de Paris, dans la catégorie design « Talent confirmé », en détournant deux techniques ancestrales japonaises : le « nejiri arigata », un assemblage complexe sans clou ni vis originellement utilisé en architecture, et le « shu sugi ban » qui permet de protéger naturellement les façades en bois des intempéries en ne brûlant que la surface des planches.
En sélectionnant les projets, le jury a fait le constat que les participants ont « un respect du vivant et une envie de se tourner vers l’artisanat en développant des associations de compétences. »
Les Grands prix de la Création de la ville de Paris récompensent les talents de l’univers de la mode, du design et des métiers d’art. Une nouveauté cette année : l’attribution d’un septième prix dédié aux accessoires de mode. Plus que deux semaines pour déposer un dossier ; les candidatures étant ouvertes jusqu’au 15 mai.
Créés en 2003, les Grands Prix de la Création de la ville de Paris ont pour vocation de récompenser des professionnels issus du secteur de la mode, du design et des métiers d’art. Dans chaque catégorie – mode, métiers d’arts, design – deux prix sont attribués :
- Le Grand Prix, qui récompense un professionnel pour la qualité de son projet et de son parcours, sa stratégie de développement et pour son engagement dans la transmission des savoir-faire et innovations. Ce prix est spécifiquement adressé aux professionnels expérimentés et aux marques avec un développement avancé.
- Le Prix Talent émergent, qui, contrairement au premier, récompense un professionnel sans expérience notable, mais dont le projet est prometteur.
Pour cette nouvelle édition, la ville de Paris attribuera un 7e prix, le Prix Accessoire de mode, qui distinguera un projet d’accessoires émergents ou confirmés (maroquinerie, chaussures, gants, ceinture etc.). Un prix attribué en partenariat avec ADC – Au-delà du Cuir.
Pour cette nouvelle édition la présidence des Grands Prix a été confiée à François Azambourg pour le design, à Christine Phung pour la mode et à Ludovic Avenal pour les métiers d’art.
Les conditions de participation aux Grands Prix de la Création
Pour participer, le candidat doit remplir plusieurs conditions :
- Etre un créateur évoluant dans les secteurs du design, de la mode et des métiers d’art, depuis au moins un an à sa date d’inscription au concours
- Etre âgé de plus de 18 ans
- Il n’est possible de s’inscrire que dans une seule des trois disciplines en lice
- Un lauréat d’une des éditions précédentes, ou lors d’un autre concours dans l’année qui a précédée ne peut pas se présenter. De la même manière, les projets présentés par les candidats ne doivent pas avoir été récompensés lors d’un autre concours, français ou international.
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Quelles récompenses ?
Chaque lauréat se verra attribuer une dotation de 18 000 euros. 8 000 euros proviennent de la Ville de Paris tandis que le reste de la somme est enrichie via le Fonds pour les Ateliers de Paris par des partenaires privés (la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, ADC, le Groupe Galeries Lafayette, la Fondation Rémy Cointreau, ESMOD, Roger Pradier, Victoire, et le Groupe Galia).
Outre cette récompense financière, les lauréats bénéficient d’une visibilité offerte par les partenaires médias et associés.
En résumé :
Jusqu’au 15 Mai : limite de dépot de candidatures sur : www.bdmma.paris
28 et 29 Juin : dates de délibération avec comme présidents du jury cette année Christine Phung pour la mode, Ludovic Avenel pour les métiers d’art et François Azambourg pour le design
13 Septembre : remise des prix à l’Hotel de Ville de Paris
Lily Alcaraz et Léa Berlier, lauréates Grands Prix de la Création, Métiers d'art. " Levant "© Damien Arlettaz
Les Grands Prix de la création 2021 de la ville de Paris ont été remis le 14 septembre 2021 dans les salons majestueux de la Mairie de Paris. Sur la scène, se sont succédés, émus, les lauréats après un discours bienveillant de Olivia Polski, l’adjointe à la Maire de Paris, en charge du commerce, de l’artisanat, des professions libérales et des métiers d’art et mode.
Trois personnalités ont été invitées à présider les jurys : Laura Gonzalez pour les métiers d’art, Amélie Pichard pour la mode et Sam Baron pour le design.
Catégorie Design, le Talent Emergent a été remis à Studio Samuel Tomatis pour son travail sur le recyclage des algues en bio-matériaux. Le Grand Prix a été remis à Studio Lacoua, où Gregory Lacoua s’exprime depuis plus de dix ans sur le sens de l’objet. Son fauteuil réalisé avec Souchet Inspired Woodwork est un hommage aux savoir-faire dans le mobilier et son distributeur à savon apposé sur les fontaines des jardins publics parisiens imaginé avec le groupe Clef, s’est mis au service d’un futur désirable, raisonné et réversible.
Catégorie mode, ont été récompensés Maitrepierre en Talent Emergent, et JN.MellorClub en Grand Prix/Accessoires.
Catégorie Métiers d’Art, c’est la jeune Lucie Touré qui a reçu le Talent Emergent et Lily Alcazar et Léa Berlier, le Grand Prix.
Designer matière diplômé de LISAA Paris et de l’ENSCI-Les Ateliers, finaliste des Audi Talents Awards et lauréat de la bourse Agora du design, présidée par Erwan Bouroullec en 2017, Samuel Tomatis entre en résidence aux Ateliers de Paris en 2019. Le fil conducteur de ce parcours exemplaire ? Les algues qu’il transforme en matériaux multiples, fins et souples, solides et rigides, 100 % naturels, sans colle ni additif.
« J’ai pris conscience des dégâts que pouvaient engendrer les marées vertes en me promenant sur les plages bretonnes. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire en les envisageant non pas comme des déchets mais bien comme un incroyable gisement de matières premières. Cela a guidé tout mon travail étudiant et c’est le coeur de mon métier aujourd’hui » explique Samuel qui est à la fois designer industriel et chercheur en bio matériaux.
Il tisse des liens étroits entre la création et la science. « Je travaille dans des laboratoires mais aussi, pour la mise en forme, de prototypes, avec des artisans », précise-t-il. Ses « découvertes » peuvent être utilisées pour faire du mobilier, des objets destinés à l’espace domestique, des contenants alimentaires, des packagings, des outils pour l’horticulture, des tissages pour le secteur textile, des émaux pour la céramique, des briques pour la construction ou encore des vanneries… Les débouchés sont énormes ! Et c’est pourquoi Samuel envisage de s’associer avec un profil plus juridique afin de pouvoir proposer ses applications à des industriels.
Des questions cependant l’obsèdent.
Qu’est ce qui guide le processus créatif ? Qu’est ce qui rassemble les designers et les rend aussi différents ? Pour essayer d’y répondre, il démissionne et intègre l’ENSCI-Les Ateliers. Diplômé en 2008, il occupe pendant quelques temps, une fonction charnière entre la direction artistique et les entreprises industrielles pour des projets signés Patrick Jouin ou Jean-Marie Massaud. Son studio voit le jour en 2010. Il peut enfin s’exprimer pleinement notamment lors de l’aménagement d’une chapelle dans
le 16e arrondissement de Paris. Une expérience singulière qui lui permet
de se glisser dans un lieu avec une histoire, lui qui est sensible à la notion de patrimoine et d’héritage. Une particularité que l’on retrouve aussi dans son Tabouret… Tapis édité par Ligne Roset : une création qui interroge sur le sens de l’objet, l’étymologie du mot, son histoire. Il a également présenté au jury son travail avec Souchet Inspired Woodwork pour qui il a conçu un fauteuil, hommage à son savoir-faire dans le mobilier.
Il mise aussi sur l’énergie collective avec notamment le distributeur de savon public apposé sur les fontaines des jardins publics parisiens imaginé avec le groupe Clef. Un objet réversible qui illustre l’idée d’un design pour tous et qui est le parfait symbole de la réflexion engagée de Grégory qui se met au service d’un futur désirable et raisonné.