Design durable
Soutenu par l’Association Un Design Soutenable, le prix Amour Vivant célébrait sa première édition, dont les quatre lauréats ont été annoncés le 10 décembre à la Fondation Akuo.
Portée par Hélène Aguilar, Marie-Cassandre Bultheel et Armelle Lalo, l’Association Un Design Soutenable est la première association d’intérêt général à mettre en lumière une problématique majeure en écologie : le plastique invisible. En effet, nous qui passons une grande partie de notre temps à l’extérieur, nous respirons cependant un air pollué par des particules invisibles de plastiques, ajoutées à celles respirées dans nos intérieurs contenues dans les peintures, meubles, tapis et colles... Pour offrir une nouvelle alternative à ces problématiques, l’association a lancé le prix Amour Vivant, dont l’objectif est d’accélérer la transition vers des intérieurs libérés de cette empreinte toxique, soucieux de l’impact hydrique et ancrée dans les cycles naturels. Un prix qui a récompensé deux lauréats et deux coups de cœur, destiné à célébrer des créations dépourvues de plastique aux pratiques vertueuses. Une première édition, dont le jury était composé de Philippe Brocart, Matali Crasset, Laurent Denize d'Estrées, Nathalie Gontard et Godefroy de Virieu qui a sélectionné fin novembre 6 finalistes : Alea, Thomas Guillard, Hors Studio, Sacha Parent, Aurore Piette et Lucie Ponard. Le 10 décembre, ils ont été 4 à être récompensés.
Deux lauréates ex-æquo : Sacha Parent et Aurore Piette
Pour ce premier prix Amour Vivant, le jury a distingué deux lauréates dont les projets étaient en adéquation avec une démarche respectueuse et ancrée dans les territoires qu’elles côtoient. D’abord Sacha Parent, récompensée pour son projet Paille de Seigle +++, dans lequel la designeuse réinvente le mobilier paillé avec des matériaux bruts ou peu transformés, tels que la paille de seigle et le frêne teint par des réactions tanniques naturelles. Des créations assemblées par auto-blocage, qui mettent en avant les propriétés intrinsèques des matériaux, tout en facilitant leur entretien. Pour toutes ses pièces, la colle utilisée est faite à base de farine végétale, renforçant ainsi son approche écologique. Dans ses futurs projets, elle envisage le développement de panneaux alvéolaires en paille de seigle.
Aurore Piette quant à elle, a été remarquée pour son projet Desserte Rocaille, un mobilier conçu à partir de matériaux locaux comme le bois flotté, les fibres de cultures locales et les sédiments argileux d’un estuaire. Les sédiments d’argile sont ici la clé de voûte du projet puisque que chaque année, près de 5 millions de tonnes de sédiments d’argile issus de la précipitation chimique sont collectés et relâchés au large, avant de revenir dans les marais côtiers, inutilisés. Avec ce projet, Aurore Piette leur trouve un usage et pose ainsi un regard neuf sur une ressource abondante mais négligée. Une démarche qui invite à repenser des matières perçues comme des « déchets », mais qui méritent d’être considérées comme une richesse à exploiter.
Deux prix coup de cœur : Thomas Guillard et Lucie Ponard
Bien que le prix ne devait récompenser qu’un seul lauréat, face à la richesse et à la qualité des projets proposés, le jury a spontanément créé une nouvelle catégorie « coups de cœur » pour célébrer deux projets dont la force d’innovation et la portée écologique méritaient d’être reconnues. Parmi eux, Thomas Guillard, qui, avec Fournitures agricoles végétales, réinvente les outils agricoles dans un univers dominé par le plastique. N’utilisant que des ressources végétales locales, il développe ainsi des gaines de protection en noisetier tressé pour les jeunes arbres, des goupilles en bambou fumé, des attaches rapides en papier de chanvre entièrement biodégradables, et des textiles de paillage en paille de seigle.
Lucie Ponard s’est de son côté distinguée pour son projet de Terres émaillées, qui valorisent les terres de chantier et les déchets de démolition pour créer des céramiques uniques. Elle exploite les textures et couleurs spécifiques des sites d’origine pour ses créations et réduit donc l’empreinte écologique des matières premières tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour le mobilier, les crédences ou les revêtements. Une initiation de projet rendue possible par Faire Paris (Pavillon de l’Arsenal) et le Fonds de production Enowe-Artagon.
Des projets ambitieux et engagés, qui incarnent à eux quatre l’ambition forte du prix Amour Vivant qui est de contribuer au développement de nouvelles techniques et manières de penser le designer soutenable et respectueux de l’environnement.
La start-up Urban Native dévoile la trottinette T9, son premier projet. Un produit design entièrement repensé pour répondre aux besoins du consommateur dans l'univers urbain.
Une recherche radicale de la simplicité pour réduire l'objet à sa fonction première. Voici l'idée dominante derrière Urban Native, une start-up européenne - entre la France, l'Espagne et le Portugal - à l'origine de la trottinette T9. Spécialisée dans la haute technologie, la société fondée il y a cinq ans, vient de sortir son premier produit. Un moyen de locomotion en apparence classique, mais derrière lequel se cache un savant mélange de sensation et de praticité. Fruit d'une volonté de retrouver la « sensation du ride », et du besoin d'une véritable alliée pour arpenter les villes, la T9 est une invention novatrice. Imaginée frugale mais résistante, elle s'impose comme une petite deux roues sans équivalence sur le marché, et un exemple de design prospectif appliqué à l'univers des mobilités douces. « Nous proposons avec ce produit en titane, un outil permettant d'être en cohérence et en résonance avec les révolutions sociologiques, technologiques et environnementales en cours » explique Julien Vaney, fondateur d'Urban Native.
Répondre à un besoin urbain
Parti du constat que rien ne lui convenait pour bouger dans Paris avec aisance, vélos électriques trop encombrants et trottinettes trop fragiles ou trop lourdes, Julien Vaney a souhaité révolutionner cet univers. C'est de cette idée première qu'est né le désir de concevoir une nouvelle trottinette faite pour l'environnement urbain. Rapidement, deux lignes directrices se sont dégagées. « D'une part, je voulais remettre du plaisir au cœur du transport en retrouvant des sensations de vitesse et un confort de glisse. D'autre part, j'ai remarqué grâce à mon parcours en maths-physique, que les trottinettes produites sur le marché ne sont pas pensées par des entreprises de deux-roues, mais par des sociétés d'électronique qui intègrent des concepts déjà existants. Or, pour qu'une trottinette fonctionne, elle doit avoir la capacité de rouler comme un vélo, mais le marché actuel ne pense pas vraiment au confort et encore moins à la légèreté, déplore Julien Vaney. Pourtant, c'est une problématique au cœur de son utilisation, car c'est ce qui permet de la rendre portative et amusante à conduire. »
Un cheminement émotionnel et quasi-sociologique qui a guidé quatre années de recherche et de développement,mené par la dizaine de personnes d'Urban Native, mais également par un maillage d'une centaine d'ingénieurs auxquels l'entreprise a fait appel tout au long de cette évolution.
Un design pour allier confort et praticité
« Contrairement au développement du vélo étalé sur plus de 150 ans - roues de même taille, puis l'ajout de frein ou encore de vitesses -, celui de la trottinette a été beaucoup plus court. Le drame de cette machine, c'est que si l'on veut en faire un véhicule vraiment performant, il faut tout redessiner. C'est pourquoi nous sommes partis d'une page blanche » relate le fondateur d'Urban Native. Une démarche qui a engagé de nombreux prototypes et la création de nouveaux éléments, comme les roues de douze pouces entièrement dessinées, ou des systèmes novateurs à l’image de la recharge par câble USB type C, une première mondiale pour cette typologie d'objets. Des détails en apparence, mais des atouts en réalité permettant à la T9 d'allier au confort de la pratique, celui de la vie quotidienne. Une double notion due en grande partie au cadre. Fabriquée dans une usine portugaise, cette pièce très résistante en titane absorbe les bosses sans amortisseur grâce aux facultés naturelles de ce matériau. Son architecture ultra-légère de deux kilos, place ce cadre bien en deçà du poids général sur le marché. « C'était une question particulièrement importante également sur le plan de l'autonomie. Avec cette conception efficace, cette batterie et le freinage régénératif, la T9 bénéficie d'une autonomie de 25 kilomètres ! » Mais au-delà de ce facteur, l'aspect formel de la trottinette a également été imaginé pour minimiser son emprise au sol une fois pliée. « Ce n'est pas un facteur anecdotique, car l'encombrement freine souvent les personnes dans l'achat d'un vélo ou dans le fait d'amener sa trottinette sur son lieu de travail » assure Julien Vaney.
Véritable concentré de design prospectif, la T9, à l'origine de deux brevets, est le reflet d’une philosophie. « Dieter Rams disait “Good design is a minimum design”. Pour nous, il s'agit avant tout de faire valoir un design efficace et environnementalement intéressant en valorisant la pérennité du produit et en remplaçant le superflu par des éléments utiles. » Ainsi, l'appareil n'intègre presque pas de plastique et toutes ses pièces sont facilement remplaçables. « C'est une machine faite pour durer à l'image d'un sac de luxe. Elle doit tenir dans le temps et nous espérons qu'elle deviendra ainsi iconique. C'est pourquoi, après ce projet, nous ne souhaitons pas nous diversifier, mais continuer de sortir d'autres versions de la T9 jusqu'à ce qu'une machine occupe chaque appartement » conclut Julien Vaney.
Fondée il y a presque un siècle, la maison Bang & Olufsen a su faire preuve d’innovations technologiques et design au fil des années pour assembler enjeux du futur et besoins actuels… et a reçu cet automne pour l’une de ses enceintes grand public une certification Craddle to Craddle.
Depuis quelques années, musiques et supports d’écoute semblaient être devenus indissociables : aujourd’hui la qualité de l’émetteur importe tout autant que la musique elle-même. Fondée en 1925, Bang & Olufsen l’a bien compris. La société danoise qui a débuté par des transistors radio pour arriver à de prestigieux modules sonores, s’est adaptée aux exigences des époques en passant par les téléviseurs et le rasoirs électriques. Mais pour Alexis Le Prado, Directeur général France chez B&O : « L’ADN même de la marque, c’est le son.» Désormais diversifiée pour être plus adaptable aux différentes activités (musique, télévision, gaming, sport), la maison bientôt centenaire, n’a cessé de se réinventer.
Un design engagé
Si l’entreprise se caractérise avant tout par sa spécialisation dans la musique, elle accorde aussi une grande place au design, pour conjuguer technique et esthétique. Une équipe de design intégrée collabore le plus souvent avec une agence de design externe afin de maintenir un équilibre entre préservation de l’ADN design de la marque et renouvellement de ses créations. Par ailleurs, B & O n’hésite pas à développer des projets avec des grandes maisons, à l’image d’ Yves Saint Laurent ou encore Berluti, pour des séries limitées. Mais quelle que soit la collaboration, le groupe conserve une identité visuelle qui lui est propre alliant le design contemporain et les lignes scandinaves le tout dans des matériaux nobles mettant le bois à l’honneur. Cultivé au nord du Danemark, le chêne – dont la constitution n’altère pas le rendu acoustique – se retrouve (quasiment) sur l’ensemble des modèles. Brut, teinté, peint, il peut aussi se colorer en fonction des intérieurs de chaque client pour s’adapter à l’existant.
Si le choix du bois est dans l’air du temps, la société utilise ce matériau pour sa pérennité depuis longtemps, contrairement au plastique qui se désagrège et colle au fil des années explique Alexis Le Prado. Et la maison est aujourd’hui plus que jamais engagée dans une démarche de durabilité se posant la question de la déprogrammation de l’obsolescence et de la réparabilité de ses conceptions.
Des technologies de pointes pour un rendu haut de gamme
En effet, sous les enveloppes design et séductrices, se trouve le cœur névralgique d’une réflexion durable. La Beosound Level, est la première enceinte compartimentée pouvant s’ouvrir afin de remplacer les composants technologiques dépassés. Cette nouveauté permettra de conserver l’enceinte des décennies durant tout en se situant à la pointe de la technologie. Cette enceinte portative a été cet automne d’ailleurs la première au monde à recevoir la certification Cradle to Cradle. Mais outre ces systèmes permettant la confection d’un produit durable, B&O ne cesse d’explorer les dernières technologies permettant une écoute tant optimale qu’immersive. Ailettes directrices permettant d’orienter certaines notes vers telle ou telle personne, finesse du module permettant l’intégration de l’enceinte dans une bibliothèque sont autant de nouveautés répondant aux exigences d’un auditorat à l’affût de sensations toujours plus pointues. Quant aux modèles les plus iconiques comme le Beoplay A9 sorti en 2012, l’entreprise continue sa commercialisation tout en adaptant la technologie interne tous les deux ans. Bang & Olufsen est ainsi une société pionnière, design et technologiquement avancée, au service de l’écoute et du ressenti de la musique.