Résidence
Jusqu'au 31 décembre, la Fondation d'entreprise Martell à Cognac accueille "Almanach, Regards de designers sur les ressources du territoire des Charentes", une exposition de recherches, alliant design et territoire.
Plateforme de recherche et d’expérimentation en art et en design, la Fondation d'entreprise Martell œuvre depuis 5 ans pour devenir un espace de sensibilisation et d’apprentissage tourné vers le Vivant. "Almanach" est le résultat d'une initiative à caractère expérimental, mêlant regards de designers, archives et rencontres, pour questionner comment une fondation comme celle-ci peut, dans un contexte rural et industriel, se constituer comme agent de dynamisation de son territoire et activer de nouveaux potentiels de transformation pour le collectif. Pour ce faire, une équipe de designers pilotée par Olivier Peyricot avec Lola Carrel, Valentin Patis et Mathilde Pellé, a été missionnée pour faire un travail d’enquête auprès de divers interlocuteurs locaux selon une méthodologie d’investigation spécifique, établie en amont.
Découvrir les richesses régionales
L’exposition, divisée en trois espaces, offre ainsi aux visiteurs un aperçu des richesses de la région, à travers une sélection de prélèvements exprimés sous différentes formes telles que des cartes, des objets, des photos, des vidéos, des matières et matériaux, des croquis, des œuvres d’art.... Aussi, le visiteur est invité au cours de l'exposition à découvrir de façon didactique la démarche appliquée tout au long des recherches. Ainsi, le premier espace présente une multitude de points de vue pour définir ce qu’est une ressource dans un territoire afin d'en débattre, en partant d'un point de départ d'exploration spécifique : le fleuve. Le deuxième espace présente le résultat de la collecte effectuée ces derniers mois, aussi diverse soit-elle. Le troisième espace est un lieu ayant vocation à devenir permanent après l'exposition, dont l'objectif est d'être une archive vivante et d’accueillir les designers et artistes à travers des projets, des résidences et des activations, toujours autour de la thématique du territoire.
Toutes les informations sur : https://www.fondationdentreprisemartell.com
En clin d’œil au renouveau des manufactures nationales de la fin du XIXème siècle, c’est sous le nom de MaNa que ce tout nouveau campus ouvre ses portes. Dédié à la création des métiers d’art français et internationaux, le Campus MaNa propose une pédagogie innovante en s’appuyant sur les savoir-faire et expertises de professionnels du design, de l’architecture et de l’artisanat.
Fondateur de Dariel Studio et co-fondateur de Maison Dada, Thomas Dariel concrétise enfin son rêve d’enfant en imaginant ce lieu de création et de formation des plus bucoliques. Il s’est entouré avec brio de professionnels émérites. Marc Partouche, ancien directeur de l’ENSAD, de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, de l’Ecole Supérieure d’Art de Paris-Cergy et ancien directeur scientifique de la Cité Internationale du Design de Saint-Etienne, en est le Doyen et insuffle l’ambition pédagogique du campus. C’est à Raphaël Cuir, historien d’art, ancien coordinateur scientifique de la Chaire de recherche en création et créativité à la Cité du Design et chercheur au Getty Research Institute à Los Angeles entre autres, que revient la direction générale du lieu.
Une transmission pluridisciplinaire
Vendredi 7 avril, ses portes se sont officiellement ouvertes et offrent un cadre de travail idyllique aux intervenants ainsi qu’aux 12 résidents apprenants de cette première promotion. Située à Champignelles en Bourgogne, l’ancienne école vétérinaire de Maison Alfort a subi un véritable lifting pour faire place à des locaux en adéquation avec la philosophie du campus : une parenthèse créative où la nature est omniprésente. Au cœur des 40 hectares de forêts, bocages, étangs et autres espaces naturels de La Puisaye, classés au label « Natura 2000 », trois ateliers y sont disséminés.
Tous équipés de machines dédiées, ils se divisent en un atelier bois de 400 m2, un deuxième de 200 m2 consacré au métal et un troisième de 400 m2 dédié à la céramique. Mathériauthèque et amphithéâtre ne sont pas en reste et proposent respectivement des échantillons de matériaux naturels et innovants et des masterclass et autres conférences pointues. Ici, les champs de la création sont à l’honneur, avec une mise en lumière de la pluridisciplinarité, du multiculturalisme et de la prise en compte des enjeux d’un développement durable, le tout développé dans un manifeste clair et concis.
Pour ses prix Intelligence de la main 2020, dans la catégorie Parcours, le jury réuni par la fondation Bettencourt a récompensé Nicolas et Christine Bard, fondateurs du réseau Make ici. Plus que de fablabs ou de « makerspace », ils préfèrent parler le terme de manufactures pour identifier leurs différents lieux en France, qui rassemblent artisans d’art, designers, architectes et professionnels de la fabrication numériques.
Réseau de manufactures collaboratives et solidaires, la force de Make ICI, aujourd’hui, est d’avoir réussi à créer dans plusieurs régions de France, des lieux qui sont de vrais écosystèmes de l’industrie créative. Les résidents ont pour points communs d’être entrepreneurs, de placer le design au cœur de leurs activités – soit en étant designers ou en travaillant avec des designers – , et de mutualiser leurs compétences pour se développer. Car ces espaces comportent différents dispositifs d’accompagnement à l’entreprenariat, souvent absentes des formations initiales. Et c’est ce pari sur l’intelligence collective qu’a voulu récompenser la Fondation Bettencourt, en distinguant le couple fondateur dans la catégorie Parcours.
Comment définissez-vous vos manufactures ?
Christine et Nicolas Bard : Le terme le plus courant pour désigner ce concept est makerspace mais nous avions envie d’un mot français. Nos lieux sont des manufactures sociales et solidaires à but lucratif, dont les bénéfices générés sont intégralement réinvestis. Notre ambition est d’aider une génération d’artisans d’art à vivre correctement de son savoir-faire. Pour cela, nous avons réuni un ensemble de dispositifs qui constitue, à nos yeux, les éléments clés de la réussite : l’accès commun à des équipements traditionnels et numériques; un compagnonnage avec d’autres artisans qui permet de rompre l’isolement; une proximité avec d’autres disciplines alors qu’en France, les savoirs sont trop séparés. Enfin, une solidarité à tous les stades de l’activité -de la conception à l’accès au marché. La philosophie de MAKE ICI ? Tous indépendants, tous interdépendants. Il est aussi important d’être autonome que de pouvoir se faire aider lorsque cela s’avère nécessaire. A MAKE ICI, les entrepreneurs en difficulté ont toujours quelqu’un à proximité pour leur donner un coup de main.
Que signifie le prix Intelligence de la main/ Parcours pour vous ?
ChB&NB. Nous sommes très fiers d’avoir été distingués, d’autant que nous connaissons l’exigence de la Fondation en termes d’excellence et d’innovation. Cette reconnaissance est très importante pour nous car elle vient valider notre façon de penser l’artisanat d’art. Notre initiative est souvent observée avec intérêt mais on nous reproche de n’être pas assez puriste. Nous pensons, au contraire, que les artisans ne peuvent rester dans l’entre-soi. Ils doivent travailler avec des designers, des industriels... Un ferronnier d’art peut créer un prototype pour Airbus; une maroquinière, formée par Hermès, fabriquer la ceinture qui servira de récompense pour le concours de danse hip-hop créé par la marque Redbull, comme cela fut le cas pour deux de nos résidents. L’artisanat d’art doit s’ancrer dans le XXIe siècle ; conjuguer les savoir-faire ancestraux avec les techniques, et les désirs, de demain.
Quels projets allez-vous développer grâce à cette récompense ?
ChB&NB. Il va nous donner l’opportunité d’inaugurer de nouvelles manufactures, quatre sont déjà prévues, avec un ancrage dans les savoir-faire spécifiques des régions où nous allons nous implanter. Celle de la rue Ordener, à Paris s’organisera autour du travail sur le bois, le métal, le cuir et le textile. À Wasquehal, entre Lille et Roubaix, nous allons investir les anciennes imprimeries des catalogues Trois Suisses et allons naturellement promouvoir les savoir-faire textiles. A Tours, nous avons noué un partenariat avec le Théâtre National pour travailler autour des métiers du spectacle avec notamment des ateliers de costumes. Chaque lieu abritera environ 30% de savoir- faire locaux. Une façon de dynamiser le tissu industriel français, et redonner aux régions toute leur vitalité.
« Histoires d’ICI » est une websérie qui présente différents résidents du réseau. Découvrez ci-dessous le parcours de l’Atelier Noue.