Durable
Pour éteindre le feu qui risque de consumer l’industrie de la mode toute entière, une ancienne caserne de pompiers renaît de ses cendres.
La plus ancienne caserne de pompiers de la capitale était désaffectée depuis 2005. Sous la houlette des pouvoirs publics, de la mairie de Paris et d’investisseurs privés, elle s’est transformée en accélérateur de transition écologique pour la mode. La caserne Château-Landon à Paris est devenue la plus grande pépinière d’Europe dédiée à la mode responsable et c’est le plus ambitieux des projets pour l’avenir de la filière textile. Les instigateurs ont l’ambition de dupliquer ce concept ailleurs et sur d’autres industries.
Six bâtiments de brique rouge encadrent depuis la fin du 19e siècle une prestigieuse cour pavée. L’un d’entre eux surplombe les voies ferrées du train pour le Nord. Deux ailes tenaient lieu de hangars et pouvaient accueillir des dizaines camions rouges qui démarraient toutes sirènes hurlantes, à la moindre alerte. Une enfilade de cellules qui servaient de dortoirs et de salles de repos pour les guerriers du feu, s’alignent à perte de vue… On ne peut pas vraiment dire que la première caserne de pompiers de Paris, construite à partir de 1850 et désaffectée depuis 2005, prêtait à la création de mode et la recherche d’esthétiques, de silhouettes ou d’habitudes de consommation nouvelles.
Un village de la mode
Et pourtant, deux ans après son ouverture, l’immense bâtisse construite par l’architecte Antoine Soudée, élève d’Henri Labrouste et qui abrite la bien nommée Caserne Paris ne pouvait trouver de meilleure destination. Les architectes de Chaix&Morel n’ont pas pu faire preuve de beaucoup de fantaisie. Le lieu est classé. Mais ils ont fait des merveilles. Dans le cahier des charges, lorsque que le cabinet a remporté l’appel d’offre, la Ville de Paris, propriétaire de la parcelle depuis 1849, et sa régie immobilière (RIVP) avaient clairement indiqué qu’ils souhaitent en faire « un espace innovant, dynamique, ouvert sur son quartier et aux habitants… tout en respectant le patrimoine architectural et historique de ce site ». Conçue pour accueillir 150 hommes, la caserne comprenait des cuisines, un réfectoire, des salles d’enseignement, des appartements et des chambrées, des remises de matériel et un gymnase.
Elle est aujourd’hui constituée d’ateliers de création pour 47 jeunes résidents, d’une matériauthèque, d’un Fab Lab dernier cri, d’un studio photo, d’une boutique de mode à l’enseigne L’exception, et aussi d’un roof top végétalisé sensationnel, d’une salle de réception et de conférences, d’un fleuriste, d’un café, d’un restaurant et d’une boîte de nuit, baptisée Carbone… Un vrai village, vivant et dynamique, dans lequel se dessine la mode de demain.
Trait d’union
« L’idée de génie a été de créer une passerelle de verre et d’acier qui relie les six corps de bâtiments et qui symbolise exactement le concept de la Caserne Paris », s’enflamme Maeva Bessis, la toute jeune directrice générale et instigatrice du projet. Représentante du site de vente en ligne de marques de mode éco-citoyenne L’Exception (qui a remporté l’appel d’offre au niveau opérationnel, organisation, gestion et animation aux côté d’Impala, le fonds d’investissement parisien), elle estime que « ce trait-d’union tout en sobriété, pour une utilisation minimale de la matière, est l’un des éléments qui projette dans la modernité, le moment présent ». Or, selon Maeva Bessis, « il revêt aussi une autre signification, encore plus riche ». Pour les 47 premiers résidents et la petite équipe de La Caserne, « la dimension collective est primordiale et le fait de matérialiser un fil d’Ariane qui nous relie tous et conduit vers une sorte de place de village, dans la cour d’honneur pavée, pleine de vie, symbolise notre volonté d’être dans l’échange permanent. C’est particulièrement inspirant ».
Il n’en fallait pas moins : pour transformer en profondeur une industrie accusée de tous les maux et de cristalliser tous les méfaits de la société globalisée de consommation de masse, la nouvelle mode doit embarquer le plus grand nombre. Une mode forcément éco-responsable, collaborative, respectueuse de la planète et de ses ressources, y compris humaines.
A noter : La problématique éco-responsable qu’a embrassé la Caserne Paris ne concerne pas que la mode puisque que la biodiversité, avec son toit végétalisé qui sert de terrain de jeu et de butinage à des abeilles, ou son fleuriste, qui ne vend que des plants origine France garantie est sous les feux de la rampe. « Nous accueillons aussi une start-up ultra créative dont le studio de création et l’atelier sont dans notre local poubelle car son but est de transformer nos déchets en objets utiles du quotidien ! Idem pour ce créateur de bougies qui récupère les huiles de cuisson de notre cuisine pour valoriser toutes, absolument toutes, les ressources et toutes les matières premières ».
Quartier général
Bien loin des salons feutrés des belles avenues du luxe, en dehors des sentiers habituels de la mode, en parallèle des dynamiques rues commerçantes qui font de Paris la capitale de la mode, la Caserne Paris est la nouvelle place forte de la mode. Les bals des pompiers y ont battu son plein durant plus de 100 ans mais les défilés militaires ont laissé place à des parades tout aussi joyeuses… et nettement plus créatives et innovante. Quand Maisons du Monde a voulu signifier son grand virage éco-responsable et tendance, c’est à La Caserne tout juste inaugurée que l’enseigne a décidé de le crier sur tous les toits. Pour décerner les prestigieux prix de création à des jeunes pousses prometteuses, le Woolmark Prize – celui qui avait il y a un peu plus d’un demi-siècle mais sous un autre nom, découvert et récompensé ex-aequo un certain Yves Saint Laurent et un autre prodige en devenir Karl Lagerfeld- choisit aussi le roof top végétalisé au sommet de la Caserne.
Idem pour le prix de l’Andam, dont le comité d’experts de la catégorie Fashion tech se réunit dans ce qui fut les cellules de la caserne pour auditionner les candidats et délibérer. La remise du prix 2023 aura eu lieu, comme l’année dernière, dans la grande salle de réception. « Dans notre modèle économique, ces événements, que nous accueillons dans nos murs parce qu’ils soulignent la volonté de certains acteurs de changer, d’être meilleurs et plus respectueux, permettent d’abriter des très jeunes pousses de la mode, sans le sou mais plein de bonne volonté, à des tarifs très abordables. »
Former pour transformer
Sur les presque 50 premiers résidents, 4 jeunes pousses ont déjà éclot et sont parties voler de leurs propres ailes ailleurs, dans des boutiques avec pignon sur rue. L’une d’entre elles, celle de Julia Faure, Loom, a joué le jeu de dynamiser la vie de quartier, en s’installant à quelques encablures de sa couveuse.
On devine facilement pourquoi la liste d’attente pour intégrer La Caserne ne cesse de s’allonger. Ateliers de création, espaces de coworking, salles de réunions en lien avec la thématique de la mode, espaces d’exposition et d’animation… cette pépinière de jeunes entreprises assure un rôle d’accompagnateur autant que de vitrine, de formateur – « car il faut former pour transformer », insiste Maeva Bessis – à travers une programmation riche et diversifiée de « meet-up ». « Non il ne s’agit de conférences mais bel et bien de rencontre où la partie échanges avec le public est souvent beaucoup plus longue », tient-elle à souligner. En tout, La Caserne dispose d’environ 1700 m2 d’ateliers et bureaux pour des marques de mode ou des sociétés de services liées de près ou de loin à la transformation de l’industrie de la mode.
Stefan Diez a dessiné pour Magis un canapé modulaire, qui comprend quatre éléments : un module d’assise complété par un accoudoir à droite ou à gauche et par une ottoman. Le process de fabrication met en relief une demande du fabricant italien de s’inscrire dans une démarche durable, tant dans l’optimisation de la structure que dans les ressources utilisées.
Le canapé Costume est constitué d’un corps en polyéthylène recyclé et recyclable, produit par rotomoulage en utilisant des déchets industriels du secteur du meuble et de l’automobile. Le dossier et l’assise sont rembourrés avec un insert à ressorts ensachés. Ils sont ensuite recouverts d’une fine épaisseur de mousse polyuréthane. Le tout est maintenu ensemble par un revêtement en tissu, fixé par des sangles, qui peut être séparé à tout moment sans difficultés. La modularité repose sur un simple assemblage de 4 éléments : assise, accoudoirs et ottoman. L’élément de jonction est une bande en plastique qui peut être insérée dans les fentes placées aux quatre coins de l’assise. Ce connecteur est disponible en couleurs assorties mais contrastantes.
Ce principe imaginé par Stefan Diez a donc plusieurs avantages : Il utilise moins de mousse par rapport à une fabrication traditionnelle, la plupart des matériaux peuvent être facilement recyclés, la structure peut donc être démontée facilement pour être nettoyée ou pour changer le revêtement.
Au printemps dernier, la Maison Ruinart dévoilait son étui seconde peau, rendant tangible une démarche de développement durable. Depuis, cette alternative au coffret, écoconçue, a remporté 8 prix en Europe, dont le Prix du design produit et Grand Prix du luxe Stratégies 2020.
Au mois de mai, l’étui seconde peau de la Maison Ruinart créait la surprise : dans l’air du temps et des préoccupations écologiques, la maison française dévoilait le fruit de deux ans de recherche et développement autour d’un packaging vraiment nouveau pour ses champagnes : ultraprotectrice pour garantir la dégustation, une enveloppe 100 % papier, 100 % recyclable, 9 fois plus légère que la précédente génération de coffrets. Elle annonçait notamment par ce choix une réduction de 60 % de l’empreinte carbone de l’emballage selon la méthode BEE de l’ADEME.
Moulée à la forme du flacon, la blancheur et la texture de l’enveloppe évoque les Crayères, caves historiques de la la Maison à Reims.
Chef de caves, Frédéric Panaiotis revient la conception de cette enveloppe .
Ce produit a déjà remporté 8 prix en Europe récompensant à la fois son design, ses innovations techniques et ses résultats en matière environnementale :
SUSTAINABILITY AWARDS – EUROPE
Lauréat dans la catégorie : Ressource Efficiency
LUXE PACK IN GREEN AWARDS – EUROPE
Lauréat dans les catégories : Packaging éco-responsable et Prix du Public
GRAND PRIX DU LUXE STRATEGIES – FRANCE
Lauréat du Grand Prix du Luxe 2020
Lauréat de la catégorie : Design Produit/Packaging
LUXE PACK AWARDS – EUROPE
Lauréat dans la catégorie : Folding Boxes
OSCAR DE L’EMBALLAGE – FRANCE
Lauréat dans la catégorie : Transformation, section papier/carton
TROPHEES CHAMPENOIS – FRANCE
Lauréat dans la catégorie : Packaging of the Year 2020
TROPHEES CHAMPENOIS – FRANCE
Lauréat dans la catégorie : Packaging of the Year 2020