design urbain
L’entreprise Tôlerie Forézienne s’est associée au designer Marc Aurel et à l’Atelier Emmaüs pour imaginer deux collections de mobilier « engagé », en introduisant notamment le principe de déposes préservantes.
Parti du constat que le travail des produits sur le plan environnemental n’allait pas assez loin, Joël Lemoine, Directeur général de Tôlerie Forézienne, voulait proposer des produits à la fois respectueux de l’environnement et innovants. Accompagné du designer urbain Marc Aurel avec qui l’entreprise collabore depuis plusieurs années, TF a également fait appel au savoir-faire et à l’engagement de l’Atelier Emmaüs, menuiserie d’inclusion sociale, fondée en 2017. « Pour aboutir ce projet, il fallait s’accrocher à ce qui est au cœur de l’économie et de la société aujourd’hui. Il s’agit d’un sujet social fondamental et environnemental qui fait sens, qu’on ne pouvait pas faire avec n’importe qui. Il fallait les bons alliés » témoigne Joël Lemoine. « Aujourd’hui, on nous regarde vraiment et ce qui ressort dans ces produits, c’est une préoccupation pour le climat et les matériaux depuis quatre-vingts ans » ajoutait Guillaume Poignon.
Faire rimer esthétique avec réemploi
Sous l’œil avisé de Marc Aurel, connu pour ses projets liés aux espaces publics urbains et la qualité de la ville depuis 30 ans, TF et l’Atelier Emaüs ont d’abord procédé à une première phase de recherche pour trouver une matière adaptée qui correspondrait à leurs besoins, en l’occurrence le bois des lattes de parquet. Ils se sont vite rendu compte qu’une grosse quantité de matière était disponible, issue notamment de chantiers. « Le parquet est une ressource récurrente et assez régulière et nous nous sommes rapidement mis d’accord sur ce matériau-là » expliquait Marc Aurel. De fait, au sein de ce projet, le réemploi et le recyclage co-existent, tandis que le design a également une importance particulière : « Ce n’est pas parce que c’est du réemploi que ça ne doit pas être beau. Au contraire, on voulait montrer que l’on peut proposer des objets sophistiqués et travaillés à partir de matériaux de récupération » continue le designer.
De ce travail découlent deux collections : Re-bau avec ses lignes modernes, déclinables en un banc, chaise ou repose-pied, tandis que Re-neo associe l’aspect foncé du cuivre au dynamisme du chêne. Si la commercialisation officielle vient tout juste de débuter, une extension de gamme a déjà été imaginée, affaire à suivre…
Prendre en compte les contraintes urbaines
Re-bau et Re-néo sont destinées à l’espace public et aux entreprises. Des lieux de vie qui nécessitent d’avoir une réflexion en amont, si l’on en croit Joël Lemoine : « Le milieu urbain est généralement plus agressif que le domestique, ce qui implique que les cahiers de charges et les normes ne sont pas les mêmes. On se devait de proposer du mobilier adapté et surtout plus résistant. » Le bois utilisé est donc issu de parquet en chêne, puisque celui-ci s’adapte facilement aux environnements extérieurs et qu’il dure dans le temps. Et pour la récupération de la matière, l’Atelier Emmaüs a réintroduit le processus de déposes préservantes qui consiste à repérer, au sein d’un lieu amené à être démoli, les ressources qui pourront être réutilisés dans le cadre de projets de réemploi. Un cycle vertueux qui permet d’anticiper l’arrivée de matière, mais également de créer de l’emploi puisqu’une personne est formée et dédiée à cette tâche spécifique.
Une démarche de réemploi et un taux d’engagement qui ont permis aux deux collections d’obtenir la notation B+ de la part de l’organisme indépendant Eco Impact, qui a analysé chacune des étapes de vie des produits à travers 71 critères. Ce score certifie un impact environnemental maîtrisé et un impact social positif des produits. « Ce projet n’est qu’une première étape. Il faut voir notre démarche comme un processus qui va évoluer. On y va pas à pas » conclut Guillaume Poignon.
Début mars, dans le cadre d’Intramuros Lab, Isabelle Daëron présentait ses expérimentations en cours autour du rafraîchissement des villes .Retrouvez la vidéo de son intervention.
Formée à l’ESAD de Reims, puis à l’Ensci-Les Ateliers, Isabelle Daëron développe depuis une dizaine d’années une réflexion autour de multiples champs du design avec son Studio Idaë : design produit, scénographie. Engagé, inscrit dans les défis écologiques actuels, son travail se distingue par une exploration des ressources naturelles, une optimisation des flux d’un environnement donné. Elle a reçu de nombreux prix, dont le prix Lille Design en 2012, Le Grand Prix de la ville de Paris en 2013, le prix Audi Talent Award en 2015, finaliste du prix COAL -Art et Environnement en 2017, lauréate du FAIRE DESIGN en 2018…
Isabelle Daëron a exposé en France dans des événements majeurs comme la Biennale de Saint-Etienne, mais aussi à l’étranger (Taipei, Helsinki, Japon…). Récemment, outre une scénographie pour l’exposition « Champs libres » pour le Maif Social Club, elle a dessiné des luminaires pour Leroy Merlon tout en menant une expérimentation au long cours sur le design urbain. Lors d’une conférence dans les locaux d’Intramuros, elle présentait ce dernier pan de son travail.