Biennale Internationale Design
Le 17 mai prochain, à l’initiative de Guillaume Foissac responsable d’EDF Pulse Design, la Biennale internationale du design accueillera le premier séminaire « Inspire » pour questionner l’évolution du rôle du design dans la recherche et développement. Une journée configurée autour de 4 tables rondes, qui réuniront des responsables design de laboratoires de grands groupes (EDF, AREP, Essilor, Saint-Gobain, Malakoff Humanis, Decatlhon, le CEA…), des agences de design et des représentants d’universités ( l’ENSCI, l’Université de Paris, l’UQAM), …. Le séminaire est accessible en présentiel et en streaming.
Une première : Universitaires et chercheurs- designers d’une douzaine de groupes seront présents pour le séminaire « Inspire » le 17 mai à la Cité du design de Saint-Etienne. L’objectif ? Débattre autour de cette question « la recherche design est-elle un accélérateur de mutations et de progressions pour les entreprises ? » Chercheurs-designers en entreprise et acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche seront réunis pour partager expériences et points de vue, et considérer l’élargissement actuel du champ du design, au-delà de la conception traditionnelle de conception de produits et de services en lien avec l’innovation, vers un positionnement à la pointe de l’exploration de l’avenir, dans le développement de la recherche-action. Comme le souligne Guillaume Foissac dans la présentation du séminaire « Bien au-delà de tout enjeu strict de production ou d’usage, la recherche design a la capacité d’orienter l’exploration du champ des possibles. A travers la mise en lumière des enjeux environnementaux, sociétaux, culturels et émotionnels qui composent un milieu – quel que soit son échelle – ses résultats doivent conduire à favoriser une opérationnalisation souhaitable du futur. »
La journée sera articulée en 4 séquences
– Comment la recherche design en entreprise permet d’ouvrir de l’intérieur des orientations stratégiques à plus long terme pour l’entreprise ?
– Comment passer d’une dimension d’exploration à une dimension d’exploitation des résultats de la recherche design en entreprise ?
– Méthodes et protocole de recherche dans le contexte et la temporalité de la vie de l’entreprise, quels sont les enjeux des dispositifs Cifre ?
– Quelle est la valeur des ressources produites par la recherche design en entreprise pour les chercheurs académiques ?
Chaque séquence fera l’objet d’une table ronde, dont un expert attitré fera la synthèse.
Parmi les intervenants, on notera la présence de :
– Helene Allain Directrice des programmes, Liberté Living lab
– Marie Virginie Berbet, Product & Service Design Manager Essilor
– Charles Cambianica, Decatlhon Advanced design project leader
– Marc Chassaubéné Adjoint au maire de Saint-Étienne, Vice-président de Saint-Étienne Métropole et Président de la Cité du design
– Katie Cotellon, Head of Design and User Experience Saint-Gobain
– Guillaume Foissac, Responsable du Département Design EDF
– M. Antonietta Grasso Principal Scientist, User Experience and Ethnography, Naver Labs Europe
– Guillian Graves, Founder, designer & CEO. Agence Big Bang Project
– Samuel Lacroix Designer, EDF
– Thierry Mandon Directeur Général de Cité du design
– Raphaël Ménard, Président du Directoire – Arep
– Caroline Nowacki, Design Manager & Research Lead ReGeneration at frog, part of Capgemini
– Ioana Ocnarescu, Directrice de la recherche Strate l’école de design
– Sophie Pène, Professeure Université de Paris (CRI)
– Olivier Peyricot Directeur de la Plateforme de recherche Cité du design – Esadse
– Julie Sahakian, Strategic Design Lead, Researcher & Lecturer (Ph.D.) Malakoff Humanis
– Bruno Truong, Head of Design at Y.SPOT Labs CEA
– Stéphane Vial, Professeur à l’École de design de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Titulaire de la Chaire Diament
Les animateurs des tables rondes :
– Rudy Cambier , co-dirigeant Liberté Livinglab
– Annie Gentes,Directrice de la Recherche CY L’école de design–
– Samuel Huron, Associate Professor of Design and Information Communication Technology · Institut Mines – Télécom
– Frédérique Pain, Directrice de l’ENSCI
Les experts concluants les tables rondes :
–Valérie Dijkstra, directrice Performance et développement EDF
– Stéphane Vial, Professeur à l’École de design de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Titulaire de la Chaire Diament
– Nawelle Zaidi et Dorian Reunkrilerk pour Design en Recherche
Les grands témoins qui formuleront une synthèse de la journée :
– Sophie Pène, Professeure Université de Paris (CRI)
– Emmanuel Mahé : Directeur de la Recherche ENSAD
– Dominique Sciamma : Directeur de l’APCI
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Selon Olivier Peyricot, cette édition de la Biennale de Design présente un « design modeste, pas de grands gestes », et donne des pistes, des outils, pour alimenter le débat sur les grands enjeux actuels : l’environnement, la production, la mobilité et la façon d’habiter. En prenant pour thème « Bifurcation(s) », la manifestation dresse un constat sans appel – nous sommes à un tournant où il est urgent d’agir – et positionne les designers comme des acteurs essentiels des mutations à l’œuvre. À noter, que pour la première fois, la Biennale durera 4 mois, jusqu’au 31 juillet.
« Ici vous ne trouverez pas de solutions, mais de quoi vous interroger et débattre » : c’est en substance le credo d’Olivier Peyricot, directeur scientifique de la 12e Biennale Internationale Design Saint-Etienne, lorsqu’il présente cette édition.
Et c’est peu dire : dans l’ensemble du parcours des expositions proposées à la Cité du design jusqu’au 31 juillet, les thématiques rivalisent de questionnements, pour peu que le visiteur prenne le temps de se plonger dans les nombreuses explications inscrites sur les cartels.
Biomimétisme, nouvelles mobilités, radioscopie de nos vies domestiques, modes de production… toutes les expositions expriment une expérience ou une nécessité de « bifurcation (s) » qu’elle soit «subie ou choisie » comme l’exprime Thierry Mandon, directeur général de la Cité du design.
Une affirmation de l’événement comme une laboratoire de recherches, renforcée par les nombreux work in progress et conférences qui auront lieu tout au long de ces quatre mois sur les différentes sites. En effet, si l’on a connu dans la dernière décennie de biennales portées par des commissaires inspirants, à la ligne artistique radicale ou quasi philosophique – on se souvient par exemple de l’édition autour de la « Beauté » portée par Benjamin Loyauté en 2015 –, depuis deux ou trois éditions, la Biennale vient nourrir des réflexions plus sociétales – à l’image de la très dense édition « Working promesses » en 2017. L’événement international affirme ainsi un positionnement fort du design au cœur des sciences humaines, comme un outil d’exploration et d’expérimentations pour accompagner les mutations.
Ainsi, si les expositions comportent dans l’ensemble une grande présentation de design produit, elles ouvrent aussi le rôle du designer comme concepteur de processus, de services, en réponse à des usages, des évolutions nécessaires, des comportements, et des questions économiques. Le design est stratégique, artistique, et politique, dans le sens « au service de la cité ».
Récits et recherche à la Cité du design
Parmi les expositions qui viennent appuyer ce positionnement, on citera la passionnante « Autofiction, une biographie de l’automobile », Olivier Peyricot et Anne Chaniolleau abordent le design automobile d’un point de vue avant tout anthropologique, en interrogeant les imaginaires générés et les codes d’appropriation. Le récit proposé n’en oublie pas l’éternelle question de la ressource et des matériaux, les recherches en design de ce « phénix technologique qui ne cesse de renaître », avec ses espoirs et tâtonnements, notamment autour de l’échec de la voiture dite « autonome ».
Autre signe des temps, c’est un continent entier – et non plus une ville ou un pays, comme ce le fut avec Detroit pour l’édition de 2017 ou la Chine en 2019 – qui est à l’honneur, à travers l’exposition «Singulier plurielles » de Franck Houndégla. Entre design graphique, macro-systèmes et micro-systèmes, l’exposition explore d’autres façons de concevoir, de produire et d’habiter. « Ce sont des projets nés de concepteurs divers, mais qui dans leur démarches partagent les modalités du design » souligne le commissaire. Designers, makers, architectes, ingénieurs, inventent, transposent des process, détournent des objets, des services pour le collectif. Cela va du créateur d’effets spéciaux qui transpose ses compétences pour la réalisation de prothèses, l’association d’un bijou connecté à une plateforme de données pour la mise en place d’un dispositif de e-santé, la construction d’automobile non standard répondant ainsi à une utilisation plurielle (confection textile, agriculture, hôtellerie…), l’utilisation de matériaux locaux pour l’architecture jusqu’à la recherche de « brique sans déchets »…
Enfin, parmi la dizaine d’expositions présentées sur le site de la Cité, on retiendra aussi la note de fraîcheur, d’optimisme, apportée par « Le Monde sinon rien » : un commissariat mené par Benjamin Graindorge, designer et enseignant à l’ENSADSE et la chercheuse Sophie Pène au Learning Planet Institut, qui part du postulat de la richesse des territoires de création de la jeunesse. Le pari est fait d’explorer sur dix ans les projets de diplômes d’étudiants d’un réseau d’établissements, et d’y déceler les germes d’un « New Bauhaus », autour du « vivant ». Selon Sophie Pène, il s’agit de « montrer la puissance de la création dans les moments de transition. On parle facilement d’innovations tech, mais peu d’habitudes, de comportements, de culture, de création. La deuxième idée est de montrer que la créativité de la jeunesse tire les transitions, est nécessaire, que le rapprochement entre les sciences et les arts, et les frontières poreuses qu’on peut mettre en place sont vraiment les conditions de l’émergence de projets puissants. » L’exposition englobe ainsi dans le concept d’ « école de création » les laboratoires scientifiques, les makers labs, les tiers-lieux, les écoles d’art et de design. À travers des projets très divers – d’objets musicaux pour autisme à une distillerie pirate !– il s’agit surtout de montrer la fertilité des territoires d’exploration, leurs résonances, et surtout une énergie, un désir, et un pouvoir d’agir.
Des événements en ville et en périphérie
Sur le site de Firminy, l’église Saint-Pierre accueille une exploration de Döppel Studio autour du cabanon de Le Corbusier : autour de 6 prototypes, disséminés dans le lieu, le duo de designers imagine des micro-architectures à poser dans un champ, pour se détendre, se reposer, partager des moments de pause dans une utilisation nouvelle des parcelles en jachère avec des constructions facilement déplaçables et exploitant un autre rapport au paysage.
Au cœur de la ville, le musée d’art et d’industrie propose pour sa part une habile mise en situation d’oeuvres contemporaines d’artistes en résidence au Creux de l’enfer. On retiendra par exemple l’installation au milieu des armes de l’œuvre de Vivien Roubaud, qui fige dans du verre des explosions, comme un arrêt sur image hors du temps.
Enfin, parmi les nombreuses autres événements, le collectif Fil Utile composé de 17 membres dont la designeuse textile Jeanne Goutelle propose au sein de l’ancienne école des Beaux-Arts,« Relier-délier ». Cette exposition met en scène des installations de créateurs mis au défi d’intégrer un nouveau matériau à leur savoir-faire. Se répondent des installations étonnantes, depuis la délicate association du ruban et de la porcelaine à des « graphiques en laine» réalisés à la main, donnant sous cet aspect doux et lumineux, une vision assez glaçante de l’industrie textile.
Englobant plus de 200 événements diversifiés autour de 7 expositions majeures, la Biennale de design cherche à toucher tous les publics. Bien sûr, on rêverait d’avoir une grande rétrospective exposée – à l’image par exemple de la didactique «Designers du design» à Lille Capitale du design en 2020–, mais au sortir des expositions, il reste une telle impression d’effervescence de recherches, de bouillonnement créatif, de pistes explorées, que l’on pressent un avenir inventif, avec des solutions à portée de mains. Et sans pour autant en dresser un état des lieux bien clair, on ressent combien le secteur du design a un rôle décisif à jouer dans la transformation de notre monde. Pour peu qu’on le reconnaisse et lui donne les moyens de nous aider à prendre la bonne bifurcation.
La Biennale de design de Saint-Etienne en quelques chiffres
> 4 mois d’ouverture
> 48 installations
> 7 expositions sur le site Cité du design
> Plus de 235 designers représentés
> 222 événements sur la métropole stéphanoise
> 24 colloques et conférences