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Actualités / Stefano Boeri : « Cette dimension d’inconnu se présente à tous mais se manifeste juste différemment »
05/07/2022

Stefano Boeri : « Cette dimension d’inconnu se présente à tous mais se manifeste juste différemment »

La 23e Triennale de Milan aura lieu du 15 juillet au 11 décembre 2022 sous le titre « Unknown Unknowns ». Un choix de titre et une thématique qui posent la question de l’inconnu et sur lesquels Stefano Boeri, directeur de la Fondation, s’est exprimé afin d’éclaircir certains points.

Architecte de formation, l’italien Stefano Boeri est le directeur de la Triennale de Milan depuis 2018. Après un premier mandat de quatre ans durant lequel il dirige la 22e édition qui s’intitulait « Broken Nature », il a été réélu le 5 avril dernier, aux côtés d’Elena Vasco comme vice-présidente. Pour cette 23e édition nommée « Unknown Unknowns », le sujet principal est l’inconnu, dans tout ce qu’il peut représenter. Fortement inspirée par les événements qui ont touché le monde ces deux dernières années et particulièrement la crise sanitaire, cette édition devrait être celle de l’exploration.

Quelle est l’origine du nom « Unknown Unknowns » ?

 

Lors de notre première réunion d’organisation le 1er mars 2020, soit quelques jours avant le confinement en Italie, nous avions senti que quelque chose était en train de se passer autour de nous, sans que nous sachions vraiment de quoi il s’agissait. C’est donc à partir de là que cette dimension d’inconnu a commencé à se faire une place dans nos échanges. Pour ce qui est du nom « Unknown Unknowns », nous nous sommes inspirés d’une phrase prononcée par l’ancien secrétaire d’Etat américain, Donald Rumsfeld. Il avait tenu un discours à la suite des événements de septembre 2001 durant lequel il essayait de convaincre le Sénat de ne pas entrer en guerre avec l’Irak. Au cours de cette allocution, il avait expliqué que malgré la puissance du pays, certains territoires restaient inconnus. Il prononcera donc cette phrase : « What we don’t know, we don’t know » (En français : « Ce que nous ne savons pas, nous ne le savons pas » ). Une double négation qui s’est révélée intéressante à utiliser dans notre exploration de l’inconnu.

Se sont ensuite ajoutés les événements de ces deux dernières années qui ont considérablement perturbé nos vies. Le virus a amené de nouvelles problématiques liées au fait qu’il n’y avait plus aucune barrière entre l’humain et le reste. En résumé, cette dimension d’inconnu se présente à tous mais se manifeste juste différemment.

Quelles sont les expositions prévues pour cette 23e Triennale ?

 

Pour cette édition, nous sommes partis d’une l’idée commune, l’inconnu, et nous en avons  exploré le champ des possibles. Nous ne voulions pas nous baser uniquement sur l’architecture, le design ou l’art, nous avons souhaité imaginer une sorte de constellation d’expositions et de recherches. Nous proposons ainsi plusieurs installations réparties selon plusieurs thématiques dans le but de créer un espace de débats et d’échanges. On pourra y trouver des représentations théâtrales orchestrées entre autres par Roméo Castelluci, des expositions d’art contemporains menées par des spécialistes tels que l’historien Giacobbe Giusti, mais également des expositions qui abordent la question du silence ou de la physique, telle que l’organise Ersilia Vaudo, astrophysicienne et directrice de la diversité à l’agence spatiale européenne. Nous exposons également une série d’oeuvres artistes ukrainiens en soutien de la situation actuelle.

Au total, nous proposons une trentaine d’espaces et événements regroupés au sein des espaces du Palais dell’Arte, avec des artistes originaires d’une quarantaine de pays différents. Cette multiplicité d’origines culturelles et corps de métiers est une idée que nous avons développée il y a déjà plusieurs années et à laquelle nous tenons car elle permet d’apporter des visions diversifiées sur un même thème.

Quelles sont vos attentes concernant cette édition ? 

 

Il n’y a pas vraiment de résultats tangibles attendus, notre objectif est plutôt de réussir à stimuler, créer des intérêts et des réactions de la part du public. Il est difficile d’avoir des certitudes sur ce que vont penser les visiteurs et c’est toujours la grande question avant chaque représentation. Il y a certaines certitudes que l’on pense avoir mais qui risquent d’évoluer ou de changer au fur et à mesure. Je suis assez curieux de voir le rendu et les débats qui vont pouvoir en découler durant ces cinq mois.

Maïa Pois