Jusqu’au 13 mars 2022, les Magasins généraux à Pantin célèbrent les dix ans du programme de résidences artistiques au sein des manufactures de la maison Hermès. Volet français d’un évènement d’envergure ayant également lieu à Séoul et Tokyo, « Formes du Transfert » rend compte des dialogues féconds entre artistes et artisans, à travers une présentation pédagogique d’œuvres où l’art se met au service de la main et vice-versa.
Les résidences d’artistes de la Fondation d’entreprise Hermès sont des séjours de trois à quatre mois qu’un plasticien, parrainé par de grands noms de l’art actuel – Susanna Fristcher, Jean-Michel Alberola, Michel Blazy, Robert Deacon ou encore, parmi d’autres, Giuseppe Penone –, effectue dans ses manufactures. Pour ne citer d’elles, la Maroquinerie Nontronnaise, en Dordogne, la Holding Textile Hermès à Lyon, la Cristallerie de Saint-Louis en Moselle, Puiforcat à Pantin, ou la Maroquinerie des Ardennes ont accueilli environ 30 créateurs, entre 2010 et 2020. Durant cette immersion, ces derniers sont amenés à expérimenter de nouvelles modalités de production et utiliser quatre matières d’exception – cuir, cristal, soie et argent, en fonction de la spécificité des ateliers -, pour réaliser des œuvres en double exemplaire, l’une étant conservée par la Fondation, l’autre leur appartenant. « Venus sans aucun projet au préalable, explique Gaël Charbau, commissaire de l’exposition, les plasticiens se sont ouverts aux compétences des artisans, dans un rapport teinté d’émerveillement et d’observation réciproques. »
Art et matière en formes
Dans une scénographie colorée compartimentant le plateau des Magasins, l’exposition fait état de la richesse de cette collaboration, à travers des pièces dont le livret didactique, délivré au visiteur à l’entrée, en explique les ressorts. Parmi beaucoup, celles d’Oliver Beer, en résidence en 2012 à la cristallerie de Saint-Louis, évoquent le son. Entre autres, son œuvre Outside-In, « cornet accoustique » sortant d’une vitre en cristal, permet d’entendre les bruits extérieurs à partir de l’intérieur. Installée à la maroquinerie de l’Allan, en 2020, Bérengère Hénin décrypte les restes d’une fête avec Melancholia, joyeuse boule à facettes faite de 2000 petits morceaux de cuirs, mais aussi La fin de la fête, installation empreinte de nostalgie, composée d’un guéridon, de cotillons et d’objets du quotidien en cuir.
Autre exemple encore, Emmanuel Regent, actif entre 2018 et 2019 à la cristallerie de Saint-Louis, a créé une série d’aquarelles « de verre », comme Le Naufrage de l’Espérance, version en 3D et en cristal du tableau « Mer de glace » de Caspar David Friedrich, rendue possible grâce aux nouvelles technologies. Une présentation foisonnante qui interroge la porosité de l’art et de l’artisanat d’exception, à travers tous ses interstices.
Virginie Chuimer-Layen
Magasins Généraux, 1 rue de l’Ancien Canal, 93500 Pantin.
Plus d’informations disponibles sur le site : www.fondationdentreprisehermes.org